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Un point pour Calme Gutenberg : renforcement des mesures contre le tapage nocturne

VIDÉO. – Faisant suite aux plaintes de Calme Gutenberg, le maire de Strasbourg, le préfet du Bas-Rhin et le président de la CUS ont présenté une série de mesure visant à réprimer plus sévèrement les débordements liés à la vie nocturne dans le centre-ville de Strasbourg. Les gérants des établissements de nuit seront « rappelés à leurs obligations ».

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Roland Ries en interview à l'Hôtel du Préfet (Photo PF)

Roland Ries en interview à l'Hôtel du Préfet (Photo PF)
Roland Ries : « il faut arriver à jongler entre des aspirations contradictoires » (Photo PF / Rue89 Strasbourg)

Il semble que le lobbying à coups de clips postés sur YouTube paie à Strasbourg. Le préfet de Région Stéphane Bouillon, le maire de Strasbourg Roland Ries et le président de la CUS Robert Herrmann ont annoncé de concert vendredi une série de mesures visant à renforcer la répression contre l’alcoolisme sur la voie publique, les agressions, les dégradations et le tapage nocturne.

Strasbourg a beau être une ville plutôt calme, elle n’échappe pas à l’augmentation des débordements qui sont constatés partout en France. Ils sont dus notamment aux phénomènes de consommation d’alcool excessive dans un très court laps de temps (binge drinking). Pour se désinhiber, les jeunes ont parfois tendance à s’envoyer une bouteille d’alcool fort en quelques minutes…

Des viols le lundi au commissariat

Pour la police nationale en tout cas, les chiffres sont là : 814 ivresses manifestes constatées en 2014, 361 interpellations pour tapage nocturne et surtout des violences physiques en nette augmentation : 1 270 faits en 2014 dont plus de 200 rien que pour l’hypercentre de Strasbourg. Plus inquiétant, les effets de cette suralcoolisation se recensent le lundi au commissariat, lorsque des jeunes femmes viennent porter plainte pour un viol ou une agression sexuelle, sans qu’elles soient exactement sûres de ce qui s’est passé, explique le directeur de la sécurité publique du Bas-Rhin, le commissaire Jean-Claude Illy.

Malgré la charte de la vie nocturne mise en place par la Ville, les équipes de médiation qui patrouillent aux alentours des lieux de sorties nocturnes, la vidéo-surveillance omniprésente au centre-ville, l’arrêté anti-alcool sur la voie publique pris l’an dernier et les policiers nationaux et municipaux mobilisés, il semble que ce ne soit pas assez pour certains riverains, dont le collectif Calme Gutenberg qui publie depuis quelques mois des vidéos de gens emméchés sur YouTube et rapporte consciencieusement la moindre trace de vomi dans le quartier sur sa page Facebook.

Un médecin près des cellules de dégrisement

Du coup, le préfet du Bas-Rhin a annoncé que les gérants des établissements de nuit seraient plus fréquemment contrôlés, que leurs autorisations d’ouvertures tardives (73 dérogations dont 2 seulement jusqu’à 5h du matin à Strasbourg) ne seraient renouvelées qu’en cas d’absence de plainte, et que la police les mettra systématiquement en cause lorsqu’ils seront reconnus coupables d’avoir servi de l’alcool à une personne ivre. Les gérants seront d’ailleurs tous invités à une session de rappel « de leurs obligations » a précisé Stéphane Bouillon, qui prévoit des mesures de fermetures administratives pour les « établissements récalcitrants ».

La police nationale se réorganise un peu et s’adjoint les services d’un médecin, au commissariat, pour déterminer sur place si l’état d’une personne amenée est compatible avec son placement en cellule de dégrisement pour la nuit. Jusqu’à présent, les policiers devaient passer par les urgences de l’hôpital, ce qui les immobilisait deux à trois heure selon les soirs.

Pour Roland Ries, qui espère que ces mesures viseront à « légitimer et à encourager les riverains à porter plainte » espère que cela ramènera « le calme, particulièrement dans le secteur Gutenberg ». Comme ça c’est clair.

Roland Ries : « il est indispensable de réprimer ces dérapages »

Cependant, le Collectif Gutenberg ne se déclare pas satisfait par ces annonces. Sa présidente Nicole Nussbaum ne voit pas de cohabitation possible entre des établissements ouverts tard et la tranquillité des riverains :

« Ce sont des mesures cosmétiques, ça fait un an qu’on entend ces salades. C’est une politique de grand-papa avec des rustines… On ne peut pas mettre un policier derrière chaque personne qui hurle la nuit. Vous vous rendez compte des coûts ? Ça revient à subventionner une activité économique polluante, puisque le bruit est reconnu comme une pollution. La seule solution consiste à louer aux établissements nocturnes des locaux à l’extérieur de la ville, dans une zone commerciale comme à Clermont-Ferrand ».

Au final comme à chaque fois, c’est la qualité de vie en ville qui risque d’être impactée par ces mesures. Tous ceux qui iront boire un verre le soir en terrasse se feront réprimander par les serveurs parce qu’ils rient un peu fort et que le patron craint pour le renouvellement de sa licence. Chut !

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