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La Ville de Strasbourg, généreuse avec ses écoles pour les centres de loisirs

Pour permettre l’organisation de centres aérés pendant l’été, la Ville de Strasbourg prête les locaux de plusieurs écoles aux associations de centres de loisirs qui en font la demande, dont des associations religieuses. Gratuits et sans contrepartie, ces prêts interpellent des associations de parents d’élèves.

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Près de 300 enfants sont parfois attendus dans les écoles. (Photo Christian Bachellier / Flickr / cc)

La sonnerie de fin d’année scolaire a retenti le 7 juillet. Finie l’école, place aux centres aérés. Ils sont nombreux à accueillir les enfants à Strasbourg cet été :  15 accueils de loisirs en juillet et 13 en août sont organisés par la Ville pour les 3-6 ans et près d’une trentaine d’associations proposent leurs propres centres aérés. Si certains possèdent leurs propres locaux, d’autres se sont installés dans les écoles publiques.

La municipalité met en effet à disposition les locaux des écoles publiques, gratuitement, aux associations détentrices de l’agrément jeunesse et sport (officiellement appelé « agrément jeunesse et éducation populaire ») qui en font la demande. Selon Julie Araneder, directrice de l’Enfance et de l’Education à la Ville de Strasbourg :

« Dès qu’une association a l’agrément jeunesse et sport, elle bénéficie de la location gratuite des locaux publics. C’est une tradition, je ne sais pas de quand cela date. En revanche, l’association a l’obligation de valoriser cette occupation sous forme d’avantages en nature, de les déclarer au titre de subvention de la Ville. »

Bien que gratuits pour ces associations, l’usage des locaux par des armées de bambins déchaînés implique une consommation d’eau et d’électricité, par exemple pour la cuisine collective lorsqu’elle existe. Ce coût, ainsi que le nettoyage par son propre personnel, est supporté par la Ville, qui assure qu’il est difficile à évaluer car les consommations d’eau et d’électricité pour les quelques semaines d’utilisation estivale s’intègrent dans la consommation annuelle.

Près de 300 enfants sont parfois attendus dans les écoles. (Photo Christian Bachellier / Flickr / cc)
Près de 300 enfants sont parfois attendus dans les écoles. (Photo Christian Bachellier / Flickr / cc)

Des craintes de dégradation

À l’heure où chaque agent de la Ville est sous la pression de la redoutée « commission de la sobriété », cette générosité étonne. Mais surtout, le prêt des locaux occasionne parfois quelques tensions avec les utilisateurs habituels.

Comme à l’école de la Robertsau, occupée du 10 au 28 juillet par le centre de vacances de l’association Jeunesse Loubavitch, issue d’un courant juif orthodoxe. Près de 300 enfants de tous âges y sont installés. Manon Graff, secrétaire de l’Association des parents d’élèves indépendants (APEI) de la Robertsau, s’inquiète :

« On a eu de mauvais échos suite au passage du centre Loubavitch à l’école Schwilgué. Il y a eu des dégâts matériels. »

Daniel Benech, le directeur du centre de loisirs, reconnaît qu’il a pu y avoir des dégâts par le passé mais se veut rassurant :

« Nous souscrivons à une assurance avant le début du centre de loisirs. Les enfants sont des enfants… Il peut arriver qu’il y ait une vitre cassée, mais ça arrive rarement. »

Les associations qui ont l'agrément jeunesse et sport bénéficient de l'accès gratuit aux locaux. (Plume Médiathèques / Flickr / cc)
Les associations qui ont l’agrément jeunesse et sport bénéficient de l’accès gratuit aux locaux. (Plume Médiathèques / Flickr / cc)

Du côté de la municipalité, Françoise Buffet, adjointe au maire en charge de l’éducation, indique n’avoir jamais « eu de problème avant concernant la remise des locaux dans leur état d’origine. » Mais la Ville recommande tout de même de fermer les armoires à clé, voire de les retourner contre le mur. Françoise Buffet précise :

« Dans certains salles, on met de côté dans les placards les jouets et le matériel pédagogique. Ça simplifie les choses au moment de l’état des lieux de sortie, parce qu’eux-mêmes apportent leurs propres outils et jouets, donc ça évite de les mélanger. »

Nettoyage d’été plus compliqué

La Ville a également conseillé aux enseignants de ranger leurs affaires, mais à la Robertsau, le manque de place et de temps (le centre de vacances commençait seulement trois jours après les vacances scolaires) a rendu cette opération difficile.

Autre désagrément : le nettoyage annuel des écoles a lieu habituellement en juillet. Avec l’organisation d’un centre de vacances, c’est impossible. À la Robertsau, lors des premières discussions entre la Ville, les représentants de l’association Loubavitch et de l’APEI, la municipalité avait suggéré de reporter ce nettoyage aux vacances de la Toussaint. Un peu léger, sachant qu’il faut en général quatre à cinq semaines pour nettoyer les locaux du sol au plafond. Finalement, le responsable technique du site est parvenu à obtenir qu’il soit effectué en août. Les agents ont alors appris en juin qu’il devaient avancer leurs congés d’août à juillet, en perdant au passage pour certains leur réservation de vacances. Cinq renforts seront aussi ajoutés pour que tout soit terminé avant que les enseignants investissent les classes fin août.

Qui peut bénéficier des locaux d’une école publique ?

Du côté de l’APEI de la Robertsau, la location d’un bâtiment public à une association religieuse orthodoxe est un autre aspect qui dérange :

« Les locaux appartiennent à la Ville de Strasbourg, mais pour nous c’est une école laïque de la République, et qui doit donc être ouverte à tous. Or sur le site de Gan Israël [dédié au centre de vacances], on apprend que l’association sépare les garçons et les filles. Nous estimons qu’une association doit être ouverte à tous et favoriser la fraternité. »

Sur cette question, Daniel Benech précise :

« Tous les enfants de l’Eurométropole de Strasbourg peuvent y participer dans la mesure de nos possibilités d’accueil. Les garçons et les filles ne sont pas séparés, ils ont des activités différentes. »

Une vingtaine d’associations, dont une majorité d’associations de centres socio-culturels, utilisent les écoles de Strasbourg durant l’année. Durant l’été, outre l’école de la Robertsau à l’association jeunesse Loubavitch, la Ville de Strasbourg prête les écoles Erckman Chatrian et Gutenberg à l’association familiale Montagne Verte (AFMV), l’école de la Musau à la confédération syndicale des familles et l’école Schoepflin à l’association du CSC Fossé des Treize.


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