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Au Shadok, des oeuvres numériques ludiques à tester et à dompter

Gamedesigneuse et artiste numérique, Tatiana Vilela dos Santos expose sa première monographie au Shadok, dans le cadre du dixième Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg. Ses oeuvres, des « jeux sous forme de supports tangibles », sont livrées à la curiosité du public, invité à leur donner vie en y jouant.

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Au Shadok, des oeuvres numériques ludiques à tester et à dompter

Artiste parisienne de 28 ans, Tatiana Vilela dos Santos crée depuis 2011 des oeuvres numériques expérimentales avec lesquelles le visiteur est invité à interagir. Ces jeux ne sont pas destinés à la commercialisation ou à une diffusion à grande échelle, il s’agit bien d’oeuvres d’art originales, que Tatiana réunit dans sa première monographie : IN.PLAY//OUT.PLAY, présentée au Shadok dans le cadre du Festival européen du film fantastique de Strasbourg (FEFFS).

« Je suis la seule à réussir à finir ce niveau ! » avertit Tatiana. Photo : Tanguy Cadi / Rue89 Strasbourg

« Je travaille sur le comportement du joueur »

C’est le rapport qu’entretient l’homme avec  la machine qui intéresse Tatiana. Si ses installations sont exposées et accompagnées de petits cartons descriptifs, elle insiste sur la jouabilité de celles-ci. Coordination des mouvements, sens du rythme et curiosité sont autant de qualités que les jeux de Tatiana entendent solliciter chez son public. Pour ce faire, l’artiste travaille sur l’interface (par exemple un joystick) qu’elle veut la plus minimale possible afin de « réduire la distance entre le jeu et le joueur ».

Blackbox, un jeu de rythmique développé par ses soins, se joue par exemple au moyen d’une sorte de tamtam, volontairement rendu encombrant afin de forcer le joueur à effectuer des mouvements plus amples :

« Sur une ancienne version, j’avais remarqué que les gens avaient tendance à faire l’économie des mouvements alors que c’est tout l’inverse que je recherche. Là, le joueur est forcé de bouger en rythme avec la musique. »

Blackbox un jeu de rythmique pour le moins addictif. (Photo : Tanguy Cadi / Rue89 Strasbourg)
ExServ, membre du jury de l’Indie Game Contest, s’est lui-même prêté au jeu. (Photo : Tanguy Cadi / Rue89 Strasbourg)

Contre-ciel, une installation inédite exposée pour la première fois au Shadok

Un piano relié à un écran suspendu et des lignes de code. Ce sont les ingrédients de Contre-ciel, l’oeuvre phare de cette monographie, exposée pour la première fois au Shadok. Cette fois, c’est la créativité du joueur qui est sollicitée : les notes jouées sur le clavier influent  directement sur le climat du ciel que l’on peut observer sur l’écran. Il incombe au visiteur d’expérimenter des combinaisons ou des hauteurs de notes, lesquelles n’ont pas besoin d’être harmoniques pour produire un effet, l’installation se voulant accessible à tous.

Les notes influent sur la météo, donnant au joueur une impression de toute puissance. Photo : Tanguy Cadi / Rue89 Strasbourg

« Mon art tend vers la performance, j’ai d’ailleurs récemment travaillé avec des danseurs. C’est l’aspect performatif du jeu que je veux travailler dans mon expo. »

Aussitôt qu’un visiteur s’approche de l’une des installations, il se retrouve rapidement entouré et observé par les autres visiteurs, les membres du staff et parfois l’artiste elle-même. S’il est facile de perdre son assurance devant tant de regards, Tatiana se régale de ce phénomène :

« Il y a un côté très scénographique à mes installations. J’ai envie que le joueur se sente libre de jouer, à l’aise, malgré le regard des autres. »

Pas toujours facile d’être tout à fait à l’aise cependant, surtout s’agissant du « twister corporel » développé par l’artiste et jouable sous sa supervision. Tatiana est en effet très présente dans l’exposition. Fière de présenter ses oeuvres, elle encourage les visiteurs à les essayer, les photographie, et, pourquoi pas, les y défie en mode multijoueurs :

« Il y a un côté forain qui me plaît beaucoup. »


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