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38 rééducateurs et enseignants spécialisés de moins à la rentrée 2012

L’Education nationale va supprimer à la rentrée 2012 19 rééducateurs dans le Bas-Rhin et 15 enseignants spécialisés dans l’aide pédagogique. La mesure a été confirmée le 10 mars par l’académie malgré la mobilisation des associations du réseau d’aide pédagogique et leurs soutiens. Mais, non rattachés à une classe, ces enseignants sont bien fragiles en cette période de réduction des effectifs.

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38 rééducateurs et enseignants spécialisés de moins à la rentrée 2012

Une classe d'école (Photo Radjaïdjah / FlickR / CC)

Les enseignants membres du Réseau d’aide spécialisée aux élèves en difficulté (Rased) paient un lourd tribut à la réforme de la carte scolaire. Sur les 108 postes d’enseignants que l’Education nationale du Bas-Rhin doit « rendre » en septembre 2012, 34 sont des Rased. Or ces enseignants n’étaient déjà plus très nombreux, si bien que cette nouvelle coupe dans leurs effectifs, trois ans après la précédente, supprime près de la moitié des postes de rééducateurs et d’enseignants spécialisés. Seuls les psychologues, troisième composante du Rased, ne sont pas concernés par cette réduction d’effectifs.

Le travail des enseignants et des psychologues du Rased consiste à accompagner les élèves en difficulté scolaire dans les écoles primaires, que ce soit pour des raisons sociales, familiales, ou mentales, et de faire le lien entre les parents, l’Education nationale et l’enfant. Ils ne sont pas attachés à une classe, mais à une circonscription (il y en a 22 dans le Bas-Rhin) et interviennent en lien avec les enseignants responsables de classes en fonction des besoins.

Pour Danièle Ollivier, rééducatrice à Cronenbourg, la suppression des Rased est le résultat d’une politique aveugle:

« Le Rased est un ensemble de trois métiers qui permettent de proposer aux enfants et aux parents l’aide la mieux adaptée pour leur situation. Mais aujourd’hui, on ne se pose plus de questions ! Quand un élève est en difficulté, on lui rajoute des heures de soutien scolaire le soir, voire des stages de remise à niveau pendant les vacances… Mais ce n’est pas aussi simple que ça ! Les problèmes familiaux ou d’insertion dans la vie ne peuvent pas être résolus à coups d’exercices et de leçons…

Et le drame avec ces suppressions, c’est que les parents vont se retrouver tout seuls face aux difficultés rencontrées par leur enfant. Dans les centres urbains, en l’absence d’un psychologue scolaire, ils devront se tourner vers des structures comme les CMPP (centres médico-psycho-pédagogiques) mais ils n’existent qu’en ville. Comment vont-ils faire dans les campagnes quand, par exemple sur la circonscription du Val de Villé, il ne restait qu’une seule rééducatrice et que son poste a été supprimé ? »

Les Rased subissent la pression de la réforme générale des politiques publiques, qui veut qu’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite ne soit pas remplacé, depuis 2007 plus que les autres corps de l’Education nationale. Puisque les ouvertures et fermetures de classes ne dépendent pas du nombre de ces enseignants, ils peuvent compter plus difficilement sur le soutien des parents d’élèves lorsque leurs postes sont supprimés. Par ailleurs, leur travail est difficilement quantifiable, reprend Danièle Ollivier :

« Aujourd’hui, la mode est à l’évaluation systématique. Mais notre travail consiste à suivre des enfants dès la maternelle sur des années… Notre action est bénéfique sur le développement de l’enfant mais comment le mesurer ? On ne peut pas produire de statistiques. On sait simplement que lorsqu’un enfant, après avoir montré des signes de lassitude ou d’ennui, retrouve le goût d’aller à l’école, c’est une victoire. Mais on ne réussit pas dans tous les cas. »

Pour Patrick Guichard, directeur d’académie des services de l’Education nationale dans le Bas-Rhin, c’est l’évolution démographique qui dicte la réforme de la carte scolaire :

« Le nombre d’enfants scolarisés baisse, la carte scolaire est adaptée en fonction de cela et de nos moyens. Nous avons veillé à ce qu’il y ait toujours au moins un membre du Rased dans chaque circonscription, et deux enseignants dans les zones prioritaires. Par ailleurs, chaque professeur doit depuis 2008 proposer à ses élèves en difficulté deux heures d’aide personnalisée par semaine, en petits groupes. Donc on a une aide aux enfants en difficultés en deux temps: l’aide personnalisée et le Rased pour ceux qui ont les problèmes les plus graves. »

Reste que cette destruction du réseau risque d’avoir des conséquences plus onéreuses pour les services sociaux que les économies affichées par les suppressions de poste : les enfants en difficulté se retrouveront dans les structures dédiées aux enfants handicapés, déjà surchargées.

Pour aller plus loin

Elèves en difficulté : les enseignants spécialisés sur la sellette sur Rue89 Lyon.

Un document présentant le travail des Rased (pdf).

Voir le détail des suppressions de postes, par circonscription académique, dans le Bas-Rhin, par l’association bas-rhinoise des rééducateurs de l’Education Nationale.


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