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Élections présidentielles : le cœur de Strasbourg balance

Un coup à gauche, un coup à droite, jamais loin du centre, la capitale alsacienne change de camp quand ça lui plaît. Retour sur 20 ans d’élections présidentielles.

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Élections présidentielles : le cœur de Strasbourg balance

Affiches de campagnes place de la Bourse. (Photo RD)

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L’électorat strasbourgeois est différent de celui de la région, et cela se constate à chaque scrutin. Depuis 1989 et l’arrivée des socialistes à la municipalité emmenés par Catherine Trautmann, la ville change souvent de couleur politique et reste imprévisible aux élections locales et nationales. Comment l’expliquer ? Richard Kleinschmager, professeur à l’Institut d’études politiques de Strasbourg, esquisse une réponse :

« Le vote à gauche s’explique par le développement du secteur tertiaire, et plus particulièrement le tertiaire universitaire. Le vote ouvrier, est lui moins figé et peut s’orienter à gauche (au nord de Strasbourg) comme vers l’extrême droite (au sud de Strasbourg) en fonction des quartiers. A Strasbourg, on peut perdre une élection, ce qui n’est pas le cas dans toute la France, où certaines villes constituent des bastions de gauche ou de droite, quels que soient les enjeux du scrutin. »

Sarkozy, Royal, Bayrou : en 2007, l’ordre d’arrivée des grands candidats au premier tour à Strasbourg correspondait aux résultats nationaux. Les Strasbourgeois ont toutefois plus voté pour François Bayrou que les Français (22,36% contre 18,57%) et moins pour Jean-Marie Le Pen (8,09% contre 10,44%).

Le FN marque la ligne de fracture entre la capitale alsacienne et sa région : l’ensemble des Alsaciens a voté à 13,56% pour l’ancien leader du parti d’extrême droite. En 2002, il était arrivé en première position en Alsace (23,44%), mais seulement en troisième à Strasbourg (17,16%). Sur toute la France, il était arrivé deuxième avec 16,86% des suffrages.

Un vote PS plus important à Strasbourg

Les sympathisants PS sont aussi plus présents à Strasbourg. Ils offraient en 2007 un score à Ségolène Royal plus important que dans le reste de la France (29,03% contre 25,87%), et bien supérieur à celui de l’Alsace (17,11%). Robert Herrmann (PS), premier adjoint du maire, a son opinion sur la raison de ce penchant socialiste :

« C’est un phénomène propre aux centres urbains. La gauche y est forte car ce sont dans les villes que les solidarités se vivent le plus. C’est aussi parce que nous sommes très présents sur le terrain. Dans cette campagne, l’UMP a été absente du terrain, contrairement au FN et à nous mêmes. »

Robert Grossmann (UMP), ancien président de la CUS, ne partage pas l’avis du premier adjoint. Lui a remarqué beaucoup de changements dans l’électorat en vingt ans :

« Certains quartiers, comme celui de Hautepierre, ont totalement changé de visage électoral ces dernières décennies. Ce canton conquis par le RPR de 1985, est repassé à gauche en 1998. A l’inverse, une partie de la population strasbourgeoise traditionnellement à droite s’est déplacée vers les campagnes environnantes comme à Truchtersheim. »

Il admet aussi que c’est « sans enthousiasme » qu’il ira voter pour Nicolas Sarkozy. Un choix « de raison » explique-t-il.

Ligne bleue des Vosges, bulletins verts d’Alsace

Les résultats des partis écologistes, CAP 21 compris, sont toujours supérieurs à Strasbourg et en Alsace par rapport au reste de la France. Noël Mamère avait fait un score très honorable en 2002 : il avait récolté 7,81% des votes en ville et 6,01% dans la région contre 5,25% sur l’ensemble du territoire national. Robert Grossmann vient étonnamment au secours des écologistes en analysant ce phénomène :

« La présence de la centrale nucléaire de Fessenheim donne aux Alsaciens une conscience plus aiguë des problèmes environnementaux. Cependant, la campagne décevante d’Eva Joly ne permettra pas à EELV d’obtenir un score à la hauteur d’un courant aussi important. »

Dimanche, le score de l’abstention pourrait encore être supérieur à la moyenne nationale, comme ce fut le cas au trois dernières Présidentielles. Robert Herrmann admet que la municipalité n’a pas mené d’intense campagne de sensibilisation : un article sur le site de la Ville et une colonne dans Strasbourg magazine, pas de quoi doper la participation.

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