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Après l’élection, la crainte des plans sociaux en Alsace

Plusieurs entreprises ont été priées de retarder leurs plans de réduction d’effectifs après l’élection présidentielle. Cette échéance passée, les annonces mortifères pour l’emploi se succèdent et l’Alsace n’y échappe pas. Après la mise en vente de l’usine strasbourgeoise de General Motors le 9 mai, d’autres plans sociaux pourraient suivre.

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Après l’élection, la crainte des plans sociaux en Alsace

Manifestation du 1er mai 2012, l'emploi toujours préoccupation numéro une. (Photo PF)

A chaque élection présidentielle, c’est le même cinéma. Les entreprises sont soit priées de différer leurs plans sociaux, comme la Fnac cette année, dont le plan social qui concerne 300 personnes va être annoncé dans les jours qui viennent, soit doivent composer avec l’irruption de candidats en campagne, comme pour Lejaby ou Photowatt. Dans ce dernier cas, elles doivent accepter des plans de relance plus ou moins solides, histoire de montrer que les élus ont une influence sur l’économie, comme ArcelorMittal et ses 30 millions d’euros d’investissements à Gandrange.

On comprend dès lors que les entreprises préfèrent se tenir en retrait de l’actualité lorsqu’elles annoncent ce genre de mauvaise nouvelle. Ainsi, General Motors a préféré attendre la fin de l’élection présidentielle avant d’annoncer la mise en vente de son usine strasbourgeoise le 9 mai. Albany, dont une usine est à Sélestat, n’a pas eu cette prudence et après avoir fait craindre des suppressions de postes à Sélestat, puis à Saint-Junnien, a dû renoncer complètement.

Des « consignes » données aux DRH des grands groupes ?

François Chérèque, secrétaire général de la CFDT, a évoqué des « consignes » données par le gouvernement aux DRH des grands groupes, ce que le gouvernement a nié. Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, s’attend lui à une vague de plans sociaux.

En Alsace, plusieurs antennes des groupes français sont évidemment concernées, comme les trois magasins Fnac (Strasbourg, Colmar, Mulhouse) qui pourraient perdre cinq postes chacun. Les plans prévus dans le secteur de la banque et des assurances, comme chez Groupama et à la Société Générale, épargnent la région par contre. Les représentants syndicaux de ces entreprises indiquent que seuls les centres parisiens et internationaux seront touchés.

D’autres nuages sur l’activité économique alsacienne n’ont pas attendu l’élection présidentielle, mais leur résolution pourrait s’accélérer dans les semaines qui viennent. A la Coop, un plan de départs volontaires concerne 400 personnes environ. Chez Lufthansa-Technik à l’EuroAirport, 276 postes ont été supprimés, la confirmation est intervenue hier. Chez Caddie, les 1000 employés dont 470 Alsaciens vivent dans l’attente d’un repreneur, « ce qui ne se fera pas sans casse sociale » selon un observateur du dossier. Mêmes craintes pour Lohr Industries, ainsi que pour l’usine Stracel à Strasbourg, dont veut se séparer le groupe UPM. Quant à Supra à Obernai, 93 postes vont être supprimés en juillet.

Vente à la découpe chez Carrefour

Chez Carrefour à Mulhouse, on s’attend également à des secousses alors que le groupe pourrait annoncer 3000 licenciements, comme le détaille Tahar Khellali, représentant du personnel CGT :

« Le nouveau PDG a tenté de rassurer les partenaires sociaux lors du comité d’entreprise qui s’est tenu le 6 mai. Mais l’inquiétude persiste au sein des salariés, parce qu’on sait que certains actionnaires de Carrefour sont particulièrement voraces et qu’une vente à la découpe du groupe n’est pas à exclure. On sait aussi que tous les métiers non alimentaires, dans la téléphonie par exemple, sont en sursis. Et on voit que des nouvelles technologies de paiement s’installent dans les magasins et visent à remplacer les hôtesses de caisse. Ainsi à Mulhouse, on attend le « self scanning », qui demande au client de scanner chaque article au moment où il le met dans son chariot, pour payer plus facilement à la sortie. »

Pour Olivier Klotz, président du Medef bas-rhinois, les annonces les plus lourdes sont à craindre du côté de l’industrie du bâtiment :

« C’est vrai qu’il y a des bruits sur de possibles annonces prochainement dans l’industrie régionale. Mais les plans sociaux ne sont jamais annoncés de gaîté de cœur, leur communication dépend surtout de critères économiques. Cependant, le résultat de l’élection présidentielle aura un résultat sur la réalisation du GCO, et s’il devait être annulé, on peut s’attendre à des effets négatifs sur l’emploi des entreprises de travaux publics. »

A l’usine de Peugeot-Citroën à Mulhouse, on indique que les menaces qui pèsent sur l’usine d’Aulnay-sous-Bois ne sont pas d’actualité en Alsace. Mais, indique Julien Wostyn, délégué du personnel CGT, « on a perdu 500 emplois dans le cadre d’un plan social qui date de 2011 ».


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