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Concert : les nappes psyché planantes de Django Django

Un psychédélisme enchanté qui flirte avec la folie douce. Mais attention, le point de non retour n’est jamais bien loin chez les quatre caméléons écossais ravaleurs de la façade pop. Django Django, c’est ce mercredi 23 mai sur la scène de la Laiterie à Strasbourg.

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Concert : les nappes psyché planantes de Django Django

Django Django
Django Django (Photo DR)

Dites-moi Francis, « Ils sortent d’où ces acrobates…? » (la suite du couplet est connue mais on vous l’épargnera, car leurs costumes ne sont pas de papier…) Il ne s’agit donc que d’une simple question oratoire qui ne nécessitait aucunement de convoquer le mage à moustaches de la plus illustre cabane d’Astaffort. Revenons-en donc à nos contorsionnistes émérites d’outre-Manche vêtus d’un éblouissant patchwork multicolore tellement caractéristique de la finesse de leur artisanat musical. Car le quatuor d’Édimbourg travaille encore au ciseau de maçon, à la gouge, au burin et au néron pour allumer progressivement ces petits foyers qui deviendront d’immenses brasiers. Un incendie s’amorce avec amour et passion, patiemment, afin que les flammes s’animent et dansent le plus haut et le plus librement possible dans un gigantesque feu de joie qui ne deviendra jamais sinistre.

Toute cette démarche, les Django Django semblent l’avoir suivie à la lettre, utilisant les bons ingrédients pour satisfaire leurs envies de pyromanes en devenir. Une rencontre au College of Art de la capitale écossaise pour le tandem David Maclean/Vinnie Neff et voilà la mécanique qui s’enclenche. Le batteur un peu barré (Dave) et le gratteux au chant cosmique et déjà incantatoire (Vinnie) ajustent leurs deux mondes bien riches. Résultat : deux singles remarqués dont l’explosif et remuant Storm :

Puis Dave et Vinnie, les deux têtes pensantes et créatrices, recrutent le clavier fantasque Tommy Grace et le bassiste anglais Jim Dixon. Il s’agit alors de vivre et de bosser comme un vrai groupe, tout en assumant le quotidien alimentaire grâce à des boulots qui donnent un salaire quand la musique ne rémunère pas encore. Les séances d’écriture et de compositions s’enchaînent dans la petite piaule londonienne de Dave jusqu’à déboucher sur ce premier album de Django Django au nom tout trouvé pour un premier essai, Debut Album (Because).

Debut Album
Debut Album (Because) de Django Django (Photo DR)

Treize titres cousus main au génotype inclassable mais dont l’ADN tout entier se retrouve dans le plaisir simple de créer avec ce que l’on aime. En bidouillant, en se marrant, en croisant les styles, en expérimentant les mariages dans la tracklist. Et au final, on en prend plein les sens et les tympans, à l’image de ce qu’avait été capable de faire l’an dernier un autre quatuor britannique autour de son modeste génie Joseph Mount : Metronomy, avec son album incandescent The English Riviera. Peut-on parler de filiation ? Non, mais de rapprochement stylistique assurément et d’ailleurs, Metronomy ne s’y était pas trompé en donnant l’occasion aux Django Django d’assurer certaines de leurs premières parties. On retrouve dans ces deux formations la même envie de faire bouger les lignes, de redessiner les contours de la musique pop au sens large, dans la veine toujours novatrice que fut celle de la scène britannique. La révolution n’est peut-être pas en marche mais le changement semble bien là, inspiré, pour les Django Django, des bonnes vieilles recettes des Beach Boys avec ce morceau particulièrement « wilsonnien », Firewater :

Dave Maclean tombera-t-il dans les méandres d’une certaine démence à la manière, dramatique, d’un Brian Wilson qui fit les belles et grandes heures des Beach Boys ? Pour l’heure, en tout cas, le tandem Maclean/Neff donne à entendre l’immensité de ses influences, sa capacité d’assimilation et aussi son ambition à rechercher un nouveau son. A l’image de ces quelques morceaux bien difficiles à sélectionner (la bombe dansante de club Default, l’électropop vaporeuse Hail Bop, la house technoïde et répétitive de Zumm Zumm, l’inquiétant rockab western Wor ou encore l’instrumental arabisant Skies Over Cairo) tant ce Debut Album ne comporte aucune fausse note ni titre superflu.

Avec ce Debut Album (Because) se télescopent donc avec bonheur tous les styles et saveurs dans un raffiné millefeuille musical déjà bien goûtu à la maison, mais assurément plus fort et pétillant en live.

Y aller

Django Django, mercredi 23 mai à la Laiterie. A partir de 22h50 sur scène. Auparavant : Kenkrieg (20h30) et Spoek Mathambo (21h30). Concerts au club.


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