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Lohr Industrie en cessation de paiement

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Lohr Industrie en cessation de paiement

La chambre commerciale du tribunal rendra son délibéré lundi 11 juin : on saura alors si Lohr Industrie, 950 emplois à Duppigheim, est placé en redressement judiciaire ou non. Le tribunal a préféré donner à Alstom et Lohr Industrie, en négociations pour la reprise de l’activité Translohr, un ultime délai pour éviter le dépôt de bilan.

Robert Lohr était ce lundi après-midi à l’audience de la chambre commerciale du tribunal de grande instance. Pour le PDG qui a fondé Lohr Industrie il y a plus de 40 ans, avec l’esprit d’un créateur d’emplois et d’activité, ce passage par le tribunal est « très difficile à vivre », comme il l’a confié en arrivant. Mais la période est tout aussi difficile à vivre pour ses employés, dont les salaires du mois de mai n’ont été que partiellement payés.

Robert Lohr a déclaré Lohr Industrie en cessation de paiement devant le tribunal. A cours de trésorerie, l’entreprise doit trouver une solution pour rembourser ses encours sur une dette d’environ 50 millions d’euros. Robert Lohr avait envisagé de céder son activité de tramways sur pneus, Translohr, à des Chinois, puis avait dû reculer face à la pression du gouvernement et d’Alstom, ces derniers goûtant peu l’installation sur le territoire national d’un concurrent direct d’un fleuron de l’industrie française.

Pour les salariés, ce nouveau délai est un nouveau coup dur

Les négociations avec Alstom n’aboutissant pas, Robert Lohr doit placer son entreprise sous la protection de la justice, afin de se donner le délai nécessaire pour trouver un repreneur. C’est en substance ce que le PDG a détaillé au président de la chambre commerciale en début d’après-midi. Mais le tribunal n’a pas prononcé le redressement immédiatement et a donné à Robert Lohr un délai d’une semaine. Le délibéré sera prononcé lundi 11 juin.

Pour les salariés, ce délai est un nouveau coup dur car ils attendent le paiement du complément de leurs salaires de mai, comme l’explique Yves Mattern, délégué syndical CFDT :

« L’assurance de garantie des salaires (AGS) ne pouvant intervenir que si le redressement est prononcé, ce nouveau délai repousse d’autant le versement des salaires de mai. Le dossier est en tout cas sur le bureau du ministre du redressement productif Arnaud Montebourg. On espère qu’il pourra faire bouger l’Etat, qui pourrait notamment enfin passer une commande de plusieurs centaines de wagons qu’on attend depuis quatre ans ! »

Négociations avec Alstom toujours en cours

Avare de ses mots, Robert Lohr a confié à sa sortie du tribunal que les « négociations » avec Alstom n’étaient pas encore rompues et qu’un rachat de l’activité Translohr « n’était pas impossible ». Car pour Alstom, associé au Fonds stratégique d’investissement, plus question de payer 60 millions d’euros comme il avait été envisagé. Le groupe industriel français veut payer au maximum 35 millions d’euros. Mais si la somme est inacceptable pour Robert Lohr, car elle ne comblerait pas le passif de l’entreprise, elle pourrait convenir dans le cas où les banques accepteraient d’abandonner une partie de leurs créances. Elles ont une semaine pour se décider…

Mais est-il industriellement utile de vendre Translohr, activité rentable, pour sortir du gouffre un groupe qui perd de l’argent ? Par ailleurs, la rentabilité de Translohr sera-t-elle assurée une fois détaché de Lohr Industrie ? Car, comme l’explique Evelyne Harlé, secrétaire du CE et délégué FO, les activités sont très imbriquées :

« Les salariés passent d’une branche d’activité à l’autre au sein de Lohr Industrie… Se séparer de Translohr, c’est comme si on nous arrachait une partie de nous-mêmes. Beaucoup d’employés ont des activités qui servent à plusieurs activités, comme la logistique par exemple. »

Plan de licenciement massif à craindre

Les salariés redoutent qu’un plan social soit prononcé. Car Robert Lohr, entrepreneur qui déteste licencier, a gardé ses employés malgré le ralentissement de l’activité. A l’audience, le PDG alsacien a indiqué n’avoir pas anticipé la durée de la crise économique. Pour Yves Mattern, qu’un dépôt de bilan soit prononcé ou que la reprise de Translohr soit finalement négociée, un plan de licenciements massif est à craindre dans les deux cas :

« On nous a prévenu que tous les salariés indirectement productifs seraient les premiers à être licenciés en cas de plan social, ça représente une personne sur deux, soit 480 emplois à Duppigheim. Au comité d’entreprise, en cas de dépôt de bilan, on donnera notre préférence au repreneur qui maintiendra le maximum l’emploi local, peu importe sa nationalité. »

Pour aller plus loin

Sur Rue89 Strasbourg : Lohr Industrie pourrait déposer le bilan lundi


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