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Après-GCO : les solutions alternatives font déjà débat

Après l’annonce de l’abandon du projet de Grand contournement ouest de Strasbourg, la question des solutions à mettre en œuvre pour améliorer la fluidité du trafic et le quotidien des gens dans les bouchons se pose aujourd’hui. Alors que les pro-GCO dénoncent une absence d’alternative efficace, le collectif « GCO Non merci » et l’exécutif strasbourgeois parient sur des mesures limitant l’autosolisme.

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Après-GCO : les solutions alternatives font déjà débat

Piétons, automobilistes et cyclistes se partagent l'espace public. (Photos Matthieu Mondoloni)

C’est une différence politique et culturelle profonde sur la façon de développer et de faire vivre un territoire. Pour les pro-GCO, il faut pouvoir rouler mieux et plus vite pour dynamiser l’économie. Pour les opposants, il s’agit de rouler moins et ensemble pour préserver un cadre de vie. Alors, si les premiers dénoncent une mise au rancard du GCO, les seconds se « réjouissent » de la nouvelle. Après 10 ans de lutte, les membres du collectif « GCO non merci » communiquent aujourd’hui sur les solutions alternatives pour limiter le trafic et non le fluidifier, considérées comme plus efficaces et soutenables sur le long terme.

Ils appellent d’abord « tous les acteurs à travailler d’urgence et de concert » pour éviter le report en Alsace du trafic des poids lourds en transit, avec la mise en place de la taxe poids lourds, « promise à l’Alsace depuis 7 ans » et annoncée finalement pour 2013. Et puis, ils détaillent :

« Aux heures de pointe, le problème principal est le flux automobile des trajets radiaux domicile-travail, constitué pour majorité d’usagers seuls dans leur voiture (…). Une partie de ce trafic ne doit plus monter sur l’A35 urbaine, ce qui permettra du coup de soulager cette artère vitale pour relier le nord au sud de l’agglomération.

Par ailleurs, ce trafic automobile radial doit baisser par le développement des alternatives à « l’autosolisme »: TER, extension de tram avec parkings-relais accessibles avant la zone des bouchons, projets de bus à haut niveau de service, amélioration du Réseau 67 avec notamment des couloirs prioritaires pour les bus, renforcement de l’intermodalité, des correspondances, pistes cyclables sécurisées et en site propre, incitation au covoiturage, aménagement du territoire rapprochant l’emploi de l’habitat…

(…) Ce volontarisme pour la mise en place des bonnes solutions permettra, accélérera, l’indispensable évolution des mentalités. Car, la balle est aussi dans le camp des usagers. Si toutes les personnes qui se rendent cinq jours par semaine dans l’agglomération seuls dans leur voiture utilisaient un mode alternatif ne serait qu’une fois sur cinq, le trafic pendulaire serait déjà réduit de 20% ! »

La VLIO et le TSPO, késako ?

Alors qu’en est-il de toutes ces solutions préconisées ? D’abord, il existe un projet de mini-GCO, la VLIO (Voie de liaison inter-quartiers ouest) qui devrait relier Holtzheim à Bischheim. Une première déclaration d’utilité publique (DUP) avait été retoquée en 2003 ; une seconde doit être déposée par le Conseil général du Bas-Rhin dans les tout prochains mois. Intérêt de cette infrastructure : relier les communes de la première couronne de la CUS par une 2×1 voies, auxquels s’ajouteront des voies de bus en site propre. Rien à voir avec le soulagement du trafic de transit donc, estime le Département.

(Document du Conseil général du Bas-Rhin)

Sur l’axe Est-ouest très chargé (la RD1004, ex-RN4) qui relie Wasselonne à Strasbourg, on parle depuis plusieurs années déjà du TSPO (transport en site propre de l’ouest strasbourgeois). Il s’agit en fait d’élargir cette route pour faire passer de part et d’autre des voies de circulation automobile des bus du Réseau 67. Bien avancé, cet aménagement pourrait dissuader un certain nombre d’automobilistes de prendre la voiture. Mais Thierry Van Oost, collaborateur du président du Conseil général, prévient :

« Même si on attend de la fréquentation en plus sur cette ligne du Réseau, cela ne réglera pas tous les problèmes. Ce mode de transport est moins souple que la voiture et même avec un tarif incitatif (2€ le trajet depuis la rentrée 2011), nos bus ne sont pas plein et les trajets restent longs. De plus, la partie du TSPO dont nous avons la maîtrise va jusqu’à Wolfisheim, mais après, on est sur l’autoroute qui est de la compétence de l’Etat. Ses services réfléchissent encore à la façon dont ce tronçon va être aménagé, sans doute en autorisant les bus à utiliser les bandes d’arrêt d’urgence aux heures de pointe pour doubler les voitures… »

Le projet de tram-train bientôt réactivé

Une solution qui pourrait même être élargie à toute la longueur de l’A35 dans Strasbourg. « L’Etat vient d’annoncer que des concertations au niveau local avec les collectivités concernées seraient enclenchées », note à ce sujet Patrick Pincet, directeur de cabinet du maire de Strasbourg. Dans la communauté urbaine, on parle aussi d’extensions du tram, notamment entre Vendenheim au nord et Wolfisheim au sud, et de bus à haut niveau de service (BHNS). Le projet de tram-train Strasbourg-Piémont des Vosges, longtemps au point mort, devrait également être réactivé.

Toutes ces mesures pourraient néanmoins ne pas suffire à convaincre le monde économique, alors que se développent à divers endroits du Bas-Rhin des zones d’activité conçues pour être tributaires des accès routiers. La Chambre de commerce et d’industrie du Bas-Rhin s’exprimera demain vendredi sur le sujet. Pour son président, Jean-Luc Heimburger, « il est impératif d’améliorer la desserte et l’accessibilité de Strasbourg, le développement économique et l’attractivité en dépendent ». Vous avez dit dialogue de sourds ?


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