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Les ambitions brisées de Live on Docks

L’année dernière, toute la programmation de Live on Docks avait été assurée par Zamam Records. Cette année, la Ville a préféré découper le festival en huit semaines, chacune confiée à une association. Pour Zamam Records, qui rêvait d’Eurockéennes à la strasbourgeoise, c’est la fin d’une ambition. Pour la Ville, l’organisation idéale reste encore à trouver.

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Les ambitions brisées de Live on Docks

Les docks Malraux au temps de la construction de la médiathèque (Photo Silent Fabrik / FlickR / CC)

Yérri-Gaspar Hummel est un brin amer. Cet étudiant au conservatoire a organisé, avec son association Zamam Records, l’ensemble de l’édition 2011 de Live on Docks, cette série de concerts qui animent le dock Malraux pendant l’été. Mais en mai, le musicien-manager-organisateur apprend qu’il n’est pas retenu pour l’organisation de l’édition 2012. Cette année, la Ville a préféré découper le festival en huit semaines et confier chaque portion à une association locale. Pour Yérri-Gaspar Hummel, la municipalité s’est contentée de lui reprendre ses idées :

« L’année dernière, j’ai fait travailler à peu de frais tout un réseau d’artistes qui me faisait confiance, car il s’agissait de lancer le festival Live on Docks à Strasbourg. On a produit sur scène environ 135 artistes pour 16 000€ et on a tout mis en place : le réseau, les médias, la communication, la buvette, etc. L’objectif était dès le départ de produire une deuxième édition plus ambitieuse, d’inclure les associations locales et de mieux payer les artistes. »

La Ville a préféré découper en huit semaines autogérées

Mais pour la Ville, pas question de se lancer dans cette voie. Live on Docks doit rester une plate-forme d’expression dédiée aux groupes locaux, comme le précise Laurent Delion, coordinateur des opérations estivales :

« Nous avions beaucoup de demandes d’associations qui souhaitaient participer. Cette année, on a donc fait un appel à projets pour Live on Docks. Nous en avons reçu vingt et sélectionné huit. Il n’est pas question de transformer Live on Docks en un festival de musique urbain ! Tout doit se faire à budget constant, c’est à dire 50 000€ pour les deux mois, location du matériel technique incluse. »

Alors évidemment, le festival prévu par Yérri-Gaspar Hummel pour l’édition 2012, 105 groupes dont neuf têtes d’affiches, 40 dates, 140 000€ de budget, ne rentrait pas du tout dans les clous prévus par la collectivité. Pour Yérri-Gaspard Hummel, Strasbourg a perdu une occasion de créer au centre-ville un vrai festival qui aurait pu prendre son envol au fur et à mesure des éditions. Mais pour l’instant, les budgets alloués aux associations pour payer leurs artistes oscillent autour de 1000€… Selon Eric, membre d’une association retenue pour une semaine, tout son budget tient en 850€ :

« On attend beaucoup des boissons ! S’il pleut, on l’a dans le baba. Et encore, sur la buvette, on vient d’apprendre qu’on aura de la bière que les vendredis et samedis soir, de 18h à 22h. Donc on a huit heures pour assurer la rentabilité de cette semaine. »

Autre association sélectionnée, le Collectif Kim dont Josh est le porte-parole :

« On a l’impression que le festival est géré de manière frileuse, on est à Strasbourg, il ne faut pas que ce soit trop grand, trop gros, etc. C’est très bien de proposer une semaine aux associations, mais un peu d’ambition n’aurait pas été de trop. On fait jouer dix groupes avec 1400€, donc on travaille pour la gloire… Et c’est vrai qu’on peut être surpris par les choix de la Ville sur certaines semaines. »

Visée, la radio chrétienne Arc En Ciel qui décroche la cinquième semaine et détonne un peu dans ce paysage musical. Pour Cédric Kessler d’Arc En Ciel, ce panachage sur l’été permet justement une diversité des programmations :

« Toute l’année, on a une émission consacrée aux groupes locaux, Music City. Donc on a sélectionné cinq groupes parmi ceux qu’on a reçu à l’antenne et on a proposé une programmation à la Ville basée là-dessus. On a demandé et obtenu 1800€. La programmation est à l’image de notre ligne éditoriale : ouverte sur le monde. Les groupes sélectionnés ne sont pas confessionnels. »

La municipalité cherche encore la bonne formule pour Live on Docks, pas totalement satisfaite par l’appel à projets, pas prête à confier toute la gestion à une seule association. Déléguer la coordination sur les huit semaines serait envisageable mais l’opération devra de toute façon composer avec des contraintes très rigides : pas d’extension du budget, ce qui limite la portée des groupes, et pas d’extension des horaires pour vendre de la bière, à cause des docks qui ne sont pas sécurisés. « Une personne saoule pourrait tomber et se noyer », indique-t-on à la Ville. Pour résoudre cette délicate question, la collectivité souhaiterait associer au festival les restaurants alentours. Ils n’ont pas donné suite pour le moment.

Le programme détaillé de Live on Docks


#animations estivales

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