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Festival Augenblick : des films inédits et des classiques pour 4,50 euros

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Festival Augenblick : des films inédits et des classiques pour 4,50 euros

Plus de trente salles de cinéma participants, 30 films et un tarif unique à 4,50 euros. C’est, depuis huit ans, la recette d’Augenblick, le festival du cinéma en langue allemande. A voir plusieurs films méconnus de ce côté du Rhin, dont l’excellent Kaddish pour un ami, de Léo Kashin.

Depuis huit ans, le réseau Alsace Cinémas organise le festival Augenblick, une manifestation en partenariat avec une trentaine de cinémas indépendants dans toute l’Alsace. Dans le Bas-Rhin, quinze salles se sont ouvertes aux germanophiles, les films diffusés sont tous en version originale sous-titrée. Six d’entre eux sont en compétition pour remporter le « prix Augenblick ». Il sera décerné par un jury constitué de trois professionnels: un Suisse, un Français et un Allemand. A la clé, 2 000€ pour le gagnant. Quant au public, il donnera aussi son avis en décernant le prix des spectateurs.

Alexander (à gauche) et Ali, les deux personnages principaux du film de Léo Kashin (doc. remis)

Parmi les films en compétition, Kaddish pour un ami, (Kaddish signifie prière en Hébreu) l’histoire d’un jeune palestinien qui grandit dans un camp de réfugiés au Liban, est de ceux qu’il ne faut pas rater.

La haine contre les juifs fait partie du quotidien d’Ali pendant des années, jusqu’à ce que lui et sa famille émigrent en Allemagne pour s’installer dans le quartier berlinois du Kreuzberg. Là bas, son voisin est juif. Pour s’intégrer à une bande d’amis peu scrupuleux, il relève le défi de lui saccager son appartement. Alexander, le propriétaire, dénonce Ali à la police. Sa mère, désemparée, lui propose les services de son jeune fils rebelle en échange de quoi il ne portera pas plainte. Marché conclu, Ali passe son été à remettre l’appartement en état et noue une relation inattendue avec son voisin…

Dentiste reconverti en réalisateur

Léo Kashin, réalisateur du film, sera accompagné de Ryszard Ronczewski, qui joue le rôle d’Alexander, pour débattre du film après la projection prévue vendredi 23 novembre à 20h au cinéma Star. A huit ans, Léo Kashin a quitté sa Russie natale pour l’Allemagne. Quand il évoque l’émigration et le dépaysement, il sait de quoi il parle. Dentiste reconverti en réalisateur, les rencontres qu’il a faites au détour d’arrachages de dents l’ont beaucoup inspiré :

« Mes personnages sont inspirés de mes expériences à Berlin. Le film n’est pas une histoire vraie, il s’agit d’un patchwork de destins de mes patients. C’est un métier qui m’a particulièrement inspiré pour la réalisation. La trame est venue de là. »

Pour autant Léo Kashin n’avait aucune intention de faire passer un message en réalisant ce film. L’idée est qu’en regardant son film, chaque spectateur puisse se plonger dans un environnement qui lui est étranger et en tirer sa propre opinion:

« Je ne suis pas professeur, mais réalisateur. Ce film n’a pas pour but de donner d’idées prédéfinies au spectateur. Pour autant, je me réjouis des remerciements des spectateurs après le film. La plupart de ceux qui viennent m’adresser la parole sont des personnes âgées. Elles viennent me dire que j’exprime parfaitement leur pensée, ou encore que le film reflète leur vie d’une manière ou d’une autre… »

Un film bien accueilli par toutes les communautés

Quant au producteur, Martin Bach, il se réjouit de l’accueil chaleureux réservé au film,  tant dans la communauté juive que chez les jeunes entre 12 et 18 ans. Le film a déjà été visionné dans plus d’une vingtaine de pays et le succès ne s’arrête pas là puisque des contrats de distribution et d’exploitation continuent à être signés aux Etats-Unis, en Israël et plus récemment en Chine… Par ailleurs, il attend beaucoup des festivals de ce type :

 » A part quelques annonces dans les magazines spécialisés, nous ne faisons pas de campagnes publicitaires, la faute à un manque de moyens financiers. C’est en partie pour ça qu’on attend beaucoup des festivals qui programment notre film. »

Bande-Annonce de Kaddish pour un ami.

Les films hors compétition ne sont pas en reste. Almanya, bienvenue en Allemagne a rencontré un grand succès lors de l’édition précédente d’Augenblick ou il était en ouverture. La réalisatrice  turco-allemande, Yasemin Samdereli, y pose la question de l’identité des enfants d’immigrés turcs en Allemagne.

Estelle Fromant, l’attachée de presse du réseau festival résume :

« Cinéphiles, germanophones et germanophiles de tout âge viennent au festival. Notre public est fidèle puisqu’il revient chaque année découvrir des films qui représentent bien ce qui se passe dans le cinéma germanophone actuel. Ce sont des films qu’il ne verra pas ailleurs. »

La rétrospective est une autre partie importante du festival. Plus fédératrice, elle se concentre chaque année sur un autre thème et s’adresse à un public plus large. Pour cette huitième édition, ce sont les adaptations littéraires qui sont mises à l’honneur. Parmi elles, des classiques comme le Golem, le film expressioniste et muet. Réalisé en 1920, il s’inspire de l’oeuvre du même nom. Gustav Meyrink, l’auteur est resté un des principaux représentants de la littérature fantastique allemande.

Y aller

Du 13 au 30 novembre dans les salles de cinéma alsaciennes, le programme complet sur le site du festival. Film Kaddish pour un ami, vendredi 23 novembre à 20h au cinéma Star, 27 rue du Jeu des Enfants à Strasbourg.


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