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Vélhop : je suis 115ème sur la liste d’attente

Un coup de téléphone à la boutique Vélhop du centre-ville de Strasbourg et hop : vous êtes 115ème sur la liste d’attente. Les boutiques sont toutes en rupture, seul un petit stock de vélos est réservé à la location ponctuelle. Mais pour louer au mois ou à l’année, il faudra attendre… janvier.

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Vélhop : je suis 115ème sur la liste d’attente

Les Vel'Hop, victimes de leur succès (Photo Matthieu Mondoloni)

La baisse des tarifs et la campagne pour draguer les étudiants ont porté leurs fruits… un peu trop peut-être. Avec des prix aussi attractifs que 40€ les 10 mois pour les étudiants, 65€ ou 80€ par an pour les autres, les Vélhop loués à l’année sont partis comme des petits pains à la rentrée. Si bien qu’aujourd’hui, il n’y en a plus depuis fin novembre ! Ou du moins plus pour les Strasbourgeois. En effet, nous indique-t-on en boutique et à la direction de Strasbourg Mobilités, un « petit stock de vélos » est réservé à la location ponctuelle – entendre : touristique – et aux parlementaires européens. En plein marché de Noël, il ne serait pas de bon ton en effet de claquer la porte aux nez des visiteurs.

40€ ou 80€ par an, une aubaine pour le particulier

D’après Alain Jund, « Monsieur vélo » à Strasbourg, que nous interrogions à ce sujet en septembre dernier, un Vélhop coûte chaque année entre 350 et 530€ à la collectivité (environ 700€ selon l’opposition municipale), soit en moyenne 1,3 million d’euros par an pour 4 400 vélos achetés ces deux dernières années. Dans ce coût, sont intégrés l’achat et l’entretien de la bicyclette, mais aussi la logistique et le personnel nécessaires à sa location. Alors, pour l’usager, 40€ ou même 80€ par an, c’est tout bénef ! Surtout que le particulier n’a pas à régler la note d’entretien du vélo. Et ça va très vite : si l’achat revient à 100€ + un cadenas + un siège enfant au besoin (= 200€ environ au total), la révision annuelle elle coûte 30€ (à moins de savoir bricoler), un changement des câbles de frein ou un pneu crevé est souvent facturé 30€ également, un nouveau cadenas ou une lampe cassée, c’est 15€, etc. Sans compter les vols, en moyenne tous les deux ans.

Soit 200€ environ par an pour un vélo perso, contre 40 à 80€ pour un Vélhop ! De nombreux Strasbourgeois ne s’y sont pas trompés et ont fait l’échange en faveur de la location longue durée. Conséquence : en septembre, sur les 4 400 vélo achetés par la collectivité, seuls 2 500 étaient utilisés. Aujourd’hui les 3 300 vélos affectés à la location longue sont pris ou presque et la liste d’attente s’allonge. Le reste, 1 100 vélos, reste parqué dans des stations automatiques parfois mal placées comme par exemple, celle du parking Austerlitz, invisible par les passants.

500 à 700€ par an, trop cher pour la collectivité

Alain Jund, adjoint écologiste au maire en charge de ce dossier, assure que la contre-attaque est en marche. Il détaille :

« Nous avons été un peu dépassés par le succès des locations étudiantes mais nous prenons en ce moment des mesures d’urgence pour débloquer la situation. D’ici 15 jours, 150 vélos des stations automatiques (ceux qui ont des paniers métalliques) vont basculer sur des boutiques. Nous avons rapidement relancé un marché et attendons 200 nouveaux vélos pour mi-février. Une autre commande est en cours pour le printemps, avec 1 000 vélos pour mi-avril. »

Pansement sur jambe de bois, juge Fabienne Keller, conseillère municipale UMP d’opposition et ex-maire de Strasbourg. Pour elle, cette pénurie ponctuelle remet en cause le positionnement (et le coût) de ce service aux Strasbourgeois. Elle déplore :

« Ce service n’est pas clairement positionné. Pour un système de location simple et classique de longue durée, 700€ par an et par vélo, c’est trop cher pour la collectivité ! Or nous ne sommes plus dans un service d’un point à un point, la pénurie le prouve bien. »

« Ce qui m’importe, c’est qu’il y ait de plus en plus de vélos sur les pistes », martèle quant à lui l’adjoint au maire Alain Jund. Et de ce côté-là, le pari semble gagné. Selon lui encore, les ventes continueraient à grimper chez les revendeurs privés et « un marchand de cycles [ouvrirait] tous les six mois à Strasbourg ». Alors, que demande le peuple ? Plus de Vélhop sans doute.


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