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Libor Roucek, un europtimiste près de chez vous

Dans les travées du Parlement Européen de Strasbourg, Libor Roucek, vice-président du Parlement et membre du Parti Socialiste Européen (PSE, centre-gauche) connait tout le monde, ou presque. Bien qu’il n’y passe pas la majorité de son temps, ce député tchèque a choisi de s’installer à Strasbourg avec sa famille. Rencontre.

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Libor Roucek est également membre de la délégation pour les relations avec les États-Unis et la commission des affaires étrangères du Parlement européen. (Photo JFG / Au Café de l'Europe)

Libor Roucek est également membre de la délégation pour les relations avec les États-Unis et la commission des affaires étrangères du Parlement européen. (Photo JFG / Au Café de l'Europe)
Libor Roucek est également membre de la délégation pour les relations avec les États-Unis et la commission des affaires étrangères du Parlement européen. (Photo JFG / Au Café de l’Europe)

BlogAu café du Parlement européen, Libor Roucek est très enthousiaste à l’idée de se rencontrer et de partager sur son quotidien pour essayer de rendre l’Europe plus compréhensible et accessible. Le Vice-président du PSE regrette que les députés européens et les strasbourgeois n’aient pas vraiment l’occasion de se côtoyer. Pour autant, il sait que les villes hébergeant les institutions européennes ont toujours un rapport particulier à l’Europe :

« Il suffit de voir les résultats aux différents référendums concernant l’Union Européenne. Que ce soit à Bruxelles ou à Strasbourg, les résultats y sont très positifs et différents du reste du pays. »

La routine d’un député européen

Libor Roucek regrette que l’accent soit toujours mis sur les problèmes nationaux et non européens. Il comprend aussi qu’il peut être difficile d’accepter la culture de compromis, primordiale au sein de l’Union Européenne. De la même manière, il déplore que les citoyens ne réalisent pas forcément ce que l’Union Européenne et ses institutions font pour eux, comme pour la liberté de circulation, ou leur sécurité.

La coopération entre les Etats pour que cette liberté ne soit pas compromise par l’arrivée massive de criminels en Europe est la partie immergée de l’iceberg, une partie à laquelle Libor Roucek est très attaché. Le lien entre citoyens et politiques européens demeure essentiel à ses yeux et est encore trop faible aujourd’hui, c’est pour cela qu’il se prête au jeu d’expliquer son travail :

« La vie d’un député européen est divisée entre son pays d’origine et les deux sièges du Parlement. A Bruxelles c’est le travail en commissions, pendant 3 semaines. A Strasbourg, c’est le vote sur ce qui a été fait au sein de ces commissions, pendant la session plénière d’une semaine. Enfin pendant une semaine, les députés retournent dans leur circonscription nationale, pour maintenir un lien avec l’électeur. »

Défendre l’Union Européenne, améliorer ce qui peut l’être : un état d’esprit

Le terme d’europtimiste paraît idéal pour décrire l’état d’esprit de Libor Roucek. Quel que soit le sujet abordé, il s’efforce d’y voir le côté positif, de le ramener dans le cadre européen et dans une perspective d’avenir. Par exemple sur l’intervention française au Mali :

« L’Europe n’a rien pu faire, car l’intervention a été précipitée. Ce n’est pas la faute de la France, car c’était une situation d’urgence. Il n’y a pas de défense européenne et un pays doit toujours prendre l’initiative dans ce domaine. Je pense que la décision était la bonne et maintenant l’Union Européenne peut aider à la reconstruction à long terme. »

L’Union Européenne a en effet participé à l’apaisement de la situation depuis, en dépensant 28 millions d’euros pour créer un pôle anti-terroriste au sein du parquet malien.

Ensemble, nous parlons aussi médias et du récent accord entre Google et le gouvernement français, qui prévoit un fonds de 60 millions d’euros, pour financer les projets numériques des médias français :

« J’aurais aimé qu’un accord similaire soit trouvé au niveau européen, mais peut être que d’avoir réussi à la faire au niveau national peut permettre d’aller plus loin à l’avenir tous ensemble. C’est le genre de problèmes que nous rencontrons dans le domaine de l’énergie. »

Pour l’élection d’un président de l’UE

On remarque néanmoins une pointe de fatalisme quand on compare la politique nationale et la politique européenne. Les Parlements nationaux se concentrent uniquement sur l’intérêt national, alors que ce n’est pas possible à Strasbourg, ce que regrette Libor Roucek. Néanmoins le vice-président du Parlement y retrouve son compte dans ses fonctions, car il préfère voir les problématiques qui traversent nos sociétés avec une dimension européenne, plutôt que simplement nationale.

A terme, il espère qu’on arrivera à l’élection d’un Président de l’Union Européenne, bien qu’il admette que la langue sera toujours une barrière entre les citoyens.

Autre point qui lui tient à cœur, répondre aux critiques sur les lobbys. Ils sont omniprésents, car de plus en plus de décisions incluent les entreprises ou des standards de sécurité au niveau européen. Ainsi, il estime positif pour les hommes politiques de connaître les positions de tous les acteurs lors de l’élaboration d’une politique, bien qu’on pourrait rétorquer que les moyens de se faire entendre sont inégaux entre une grande compagnie et un simple citoyen. Les règles de transparence ont été accrues. Tout est enregistré : qui est entre dans quel bureau, à quelle heure et pour parler de quoi… Cependant, il insiste sur le fait que ce sont les politiques qui ont le pouvoir de décision et que c’est à eux d’en user dans l’intérêt général.

Les élections européennes de 2014

En europtimiste convaincu, Libor Roucek n’est pas tourné vers le passé et les réussites de l’Union Européenne, mais concentré sur l’avenir et les élections européennes qui se tiendront du 22 au 25 mai 2014.

« A ce stade, chaque parti essaie de rédiger un programme commun, un manifesto. Certains problèmes sont communs à tous les Etats, comme bien sûr le chômage actuellement, même en Allemagne ou aux Pays-Bas, donc il faut se concentrer là-dessus. Mais en même temps, il faut des fois prendre en compte des éléments de politique nationale. Par exemple, dans certains pays l’immigration est trop importante, dans d’autres pays, l’enjeu est d’être assez attractif pour que les travailleurs ne partent pas. Il n’est pas possible d’avoir une seule ligne pour tous les pays sur ce sujet. »

Après avoir fait le tour de l’actualité européenne Libor Roucek s’étend un peu plus sur la ville de Strasbourg, où il se plait beaucoup avec sa famille. Son fils joue au football au Racing Club de Strasbourg. « Comme ça plus tard, il jouera au Spartak Prague », plaisante-t-il. Libor Roucek mérite définitivement d’être qualifié d’optimiste.

Blog Au Café de l'Europe

Aller plus loin

Sur le site du Parlement européen : La page de Libor Roucek


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