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Grand hamster, bientôt disparu ou domestiqué ?

Chaque année, l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) réalise un comptage des terriers de grands hamsters, rongeurs sauvages protégés, dont l’aire de présence se résume à quelques communes du Bas-Rhin, autour de Strasbourg. En avril 2013, 319 terriers ont été recensés dans 13 communes. La population est stabilisée mais son aire de présence régresse. L’extinction menace toujours.

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Grand hamster, bientôt disparu ou domestiqué ?

Grand hamster, élevé au zoo de l'Orangerie à Strasbourg (Photo MM / Rue89 Strasbourg)
Grand hamster, élevé au zoo de l’Orangerie à Strasbourg (Photo MM / Rue89 Strasbourg)

Depuis déjà deux ans, la France a la pression. L’Etat doit donner des gages à l’Union européenne, dont la Cour de justice l’a épinglé pour manquement à la préservation d’une espèce protégée, le hamster commun ou grand hamster. Ces gages, ce sont des arrêtés très controversés (notre article sur le sujet), pour maintenir et développer la population de rongeurs, après des années de chute.

Moins de 800 hamsters sur 13 bans communaux

En avril 2013, l’ONCFS a effectué sa mission annuelle : recenser le nombre de terriers de hamsters dans les communes de l’aire de présence. L’Office avance le chiffre de 319 terriers (environ deux animaux par terriers) dans 13 communes. L’on évoquait 19 communes en 2012, il y a donc une réduction de l’aire équivalente à 6 communes, celle du nord de Strasbourg. Alors que des dizaines de fonctionnaires travaillent sur cet épineux sujet depuis des années, sans trop de succès à l’évidence, il est malgré tout de bon ton de se féliciter des petites victoires. Ainsi, le communiqué de la préfecture de Région Alsace positive :

« Malgré le gel du blé, qui a entraîné une moindre proportion de cultures favorables, et donc un milieu moins accueillant pour le hamster pour la saison 2012, la population se stabilise grâce au succès des réintroductions de hamsters en 2012 et l’efficacité des mesures procurant un couvert végétal permanent (céréales non récoltées durant une ou deux saisons).

Les résultats sont stables dans les zones de présence ancienne, en augmentation sur les zones des renforcements 2012, mais en baisse dans les zones déjà détectées comme étant à faible densité. Les trois noyaux de population principaux sont maintenus : Geispolsheim, Obernai, Elsenheim.

Deux nouveaux noyaux de populations denses (supérieurs à 15 terriers par hectare) s’y ajoutent grâce aux renforcements réalisés en 2012 à Blaesheim et Jebsheim. En zone sud, le nombre de terriers est bien supérieur aux meilleures données connues depuis 1998. Ces résultats ont été atteints grâce à deux sites optimaux de renforcement, ainsi que grâce au maintien de céréales sur pied.

En zone centre, les noyaux de population principaux sont stables. Sur la commune de Blaesheim, le nombre de terriers dépasse les chiffres connus entre 2003 et 2012, avec une tendance nette à la hausse. C’est un des exemples réussis de renforcements 2012.

En zone nord, qui est une zone à faible densité, les résultats restent à améliorer. Certes, aucun terrier dans cette zone créée en octobre 2012 n’a été détecté en 2013. Cependant, s’agissant d’un comptage semi-exhaustif, il est possible que des individus soient encore présents sur cette zone. Il est attendu que les hamsters puissent se développer grâce aux mesures mises en place cette année. (…)

L’efficacité des actions de l’État et de l’ensemble des acteurs est confirmée et la poursuite des actions du Plan national d’action sur la même intensité devrait porter ses fruits pour retrouver une dynamique de population globalement en croissance. »

Elevage d’animaux de compagnie ?

A réception de ces chiffres, Stéphane Giraud, directeur d’Alsace Nature, s’inquiète de l’inefficacité des réponses apportées par l’Etat sur cette problématique. Et reste pessimiste :

« Quand on fait des relâchés, qu’on clôture autour des terriers et qu’on protège les hamsters de leurs prédateurs, je n’appelle pas ça de la protection d’espèce sauvage mais de l’élevage d’animaux de compagnie ! Et plus l’aire de présence régresse, plus l’espèce peut disparaître d’un coup. »

En décembre 2012, les associations de protection de l’environnement alsaciennes avaient mis sur la table une série de propositions parmi lesquelles la définition d’une « aire vitale » du hamster, la protection de corridors écologiques entre les aires de présence de l’espèce, ou l’étude systématique de tous les projets urbains ou d’infrastructures sur cette « aire vitale » avec mise en place de compensations.


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