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Municipales : Roland Ries veut rempiler, les socialistes priés de s’aligner

Ira, ira pas. Cela fait des mois que le sénateur-maire PS de Strasbourg, Roland Ries, fait durer un suspense des plus artificiels. Après l’avoir annoncé aux socialistes du conseil municipal vendredi soir, il confirmera ce samedi matin, dans l’émission de France 3 Alsace La Voix est libre, sa volonté de se présenter aux élections municipales de mars 2014. Dans le camp du sortant, on prévient pourtant : cette annonce ne suffira pas à apaiser les tensions.

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Municipales : Roland Ries veut rempiler, les socialistes priés de s’aligner

Robert Herrmann, 1er adjoint, et Roland Ries, maire sortant (Photo Pascal Bastien)
Robert Herrmann, 1er adjoint, et Roland Ries, maire PS sortant (Photo Pascal Bastien)

Il l’a annoncé à ses troupes ce soir, peu après 19 heures. Roland Ries est candidat. Ces dernières semaines, la pression est montée d’un cran dans le camp socialiste, qui tient les rênes de Strasbourg depuis 2008. Alors que le maire gardait le secret sur son souhait de se représenter ou non aux élections municipales de mars 2014, la jeune garde, divisée en deux camps, n’a cessé de se chercher des noises, notamment sur les réseaux sociaux.

Bies connection versus Ries connection

Une façon de « créer un rapport de force », glisse-t-on du côté de la « Bies connection », menée par le député Philippe Bies, appuyé par ses proches, l’adjoint au maire à la vie associative et à la politique de la ville et premier secrétaire fédéral du PS du Bas-Rhin Mathieu Cahn et l’adjointe et conseillère régionale Pernelle Richardot (état civil, affaires électorales…).

« Des enfantillages », juge le maire, à la tête de l’autre camp, que nous appellerons « Ries connection ». Ce second groupe est composé de l’entourage – « la cour » entend-on parfois – de Roland Ries, parmi lesquels ses adjoints Alain Fontanel (finances), Olivier Bitz (sécurité, Conseil des XV), Nawel Rafik Elmrini (relations internationales) ou Nicole Dreyer (petite enfance, Robertsau). On y retrouve aussi son directeur de cabinet et directeur de la communication, Jean-François Lanneluc.

Depuis des mois, ces derniers poussent l’édile à se représenter, malgré son engagement à ne faire qu’un mandat en 2008 (voir vidéo ci-dessous, montée par Emmanuel Jacob, notre blogueur de la Robertsau, ancien conseiller municipal). Cet engagement, sur lequel le maire était rapidement revenu, avait deux fondements : l’accord passé avec Robert Herrmann, qui visait le poste de maire il y a 6 ans et avait accepté celui de 1er adjoint en échange de la promesse d’accéder à la tête de liste le coup d’après. Mais également l’envie de mener une vie plus calme, à l’approche de ses 70 ans, que Roland Ries atteindra en janvier 2015. « J’ai beaucoup varié ces derniers mois, assure le maire. Il y a eu tempête sous un crâne. Mais depuis quelques temps, ma décision est prise. »

Variations sur le thème d’une candidature en 2014

Demain matin, samedi 15 juin, en direct à 11h30 dans l’émission de France 3 Alsace La Voix est libre, le maire confirmera sa candidature à sa propre succession. C’est en tout cas ce qu’il a annoncé ce vendredi soir en réunion de groupe socialiste et républicain du conseil municipal, dont les quelques dizaines d’élus étaient priés de rester discrets sur cette annonce, le sortant voulant à tout prix garder la maîtrise de son « calendrier ». Il devrait par ailleurs s’exprimer auprès des militants « rapidement », « mais pas forcément en direct », précise-t-on. Par lettre, peut-être.

Robert Herrmann publiera son livre en septembre

Son ambition supposée, évoquée par notre collègue Alexandre Tandin lundi sur le site de France Bleu Alsace puis par les DNA cette semaine : porter le projet d’Eurométropole, et pour cela prendre la tête de la Ville et de la communauté urbaine de Strasbourg l’année prochaine. Dans ce contexte, Roland Ries abandonnerait son poste de sénateur, qui pourrait revenir à Jacques Bigot, maire d’Illkirch-Graffenstaden, dont on ignore s’il se représentera ou non en 2014, et actuel président de la CUS.

Ce poste de sénateur pourrait aussi être réservé à Robert Herrmann, même si le 1er adjoint s’en est défendu dans une interview publiée par les DNA jeudi. « Je ne m’inscris pas dans un mandat de parlementaire, même si on ne peut rien exclure. Toute mon action a été une action locale », confiait-il alors.

Le 1er adjoint, qui publiera un livre(-programme ?) début septembre « sans règlement de comptes » ni « coups bas », ne cache pas ses ambitions pour autant. Il pourrait être candidat à la candidature face à Roland Ries lors du vote interne au PS qui se tiendra en octobre. Si Robert Herrmann ne sera pas soutenu par la gauche du parti, incarnée par Syamak Agha Babaei et Paul Meyer en profond désaccord idéologique, il pourrait l’être en revanche par l’entourage de Philippe Bies pour faire barrage à la succession annoncée d’Alain Fontanel, protégé du maire sortant.

Certaines mauvaises langues arguent même que la « Bies connection » parierait sur un échec du PS aux municipales l’année prochaine, pour faire le ménage – autrement dit, envoyer définitivement Alain Fontanel à Paris – et prendre la ville en 2020. « Scandaleux », se défend le député, qui confirme néanmoins que ses relations avec l’adjoint aux finances sont inexistantes.

Il n’y en aura pas pour tout le monde

A partir de maintenant, le jeu politique va s’axer sur la course aux places sur la liste de Roland Ries – ou celle de Robert Herrmann – et notamment les 15 premières, la « short list » des personnalités qui siégeront même en cas de défaite en mars 2014. Les deux « connections » voudront leur part du gâteau, l’aile gauche du PS également, la motion 4 menée par Jean-Michel Augé peut-être aussi. La future tête de liste devra gérer les égos entre les mois d’août et d’octobre, faire en sorte que toutes les sensibilités du PS soient représentées, mais aussi trouver un équilibre entre monde politique et société civile – les sortantes Françoise Buffet (écologie) ou Nawel Rafik en étaient issues. Un acteur majeur du jeu lance en guise d’avertissement :

« Ceux qui pensent que la candidature de Roland Ries va tout régler se fourrent le doigt dans l’œil. Tout va commencer au contraire. »

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Sur Rue89 Strasbourg : avant l’annonce de Ries, la jeune garde s’écharpe déjà


#élections municipales 2014

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