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Municipales : Alain Jund ne fait toujours pas l’unanimité chez les écolos

Ce mardi matin, la tête de liste Europe écologie – Les Verts aux élections municipales de mars 2014 à Strasbourg, Alain Jund, a lancé sa campagne à l’Art Café, en quasi-solitaire. Trois mois après sa désignation, l’adjoint à l’urbanisme de la municipalité PS ne fait toujours pas l’unanimité dans son camp.

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Alain Jund en campagne

Alain Jund a présenté ce matin son dispositif de campagne, avec un site internet participatif créé par Manuel (militant EELV), campagne dirigée par Anne-Laure Blanc (à droite) (Photo MM / Rue89 Strasbourg)
Alain Jund a présenté ce matin son dispositif de campagne, avec un site internet participatif créé par Manuel (militant EELV), campagne dirigée par Anne-Laure Blanc (à droite) (Photo MM / Rue89 Strasbourg)

Sa présence aurait symbolisé l’union autour du candidat désigné en juin par les militants. Le perdant du vote interne, Eric Schultz, lui aussi élu du conseil municipal de Strasbourg depuis 2008, n’a pas participé ce matin à la conférence de presse de lancement de campagne d’Europe écologie – Les Verts à l’Art Café – le même Art Café où Robert Herrmann, 1er adjoint au maire PS, a présenté son livre hier. Une absence remarquée, au grand dam du candidat Alain Jund, qui aurait préféré pouvoir afficher l’unité de son camp à six mois du scrutin municipal. Mais, pour Eric Schultz, « le compte n’y est pas » :

« On discute encore sur la manière dont on pourrait construire une campagne rassembleuse, où tout le monde aura sa place. J’avais pris du recul cet été, j’attends aujourd’hui que nous soyons au clair sur la stratégie par rapport au PS avant de m’engager activement. Je participe aux réunions du comité de campagne, mais je n’ai pas été consulté sur l’organigramme. S’il vient un moment où j’aurai l’impression que nous [certains associatifs autour de lui, militants écolos marqués à gauche…] ne sommes pas entendus, on se posera des questions… »

Schultz, Brom, Ozenne absents

A l’heure de présenter son équipe, Alain Jund est apparu ce matin un peu seul. Outre la fidèle Marie-Dominique Dreyssé, adjointe au maire et conseillère générale du canton gare, quelques personnes l’accompagnaient : sa jeune directrice de campagne, Anne-Laure Blanc (voir photo), l’un de ses conseils en communication, Jean-Paul Metz, ancien communicant chez Electricité de Strasbourg et ex-membre du cabinet de Roland Ries en 2008-2009, Françoise Werckmann, présidente de Strasbourg écologie et ex-MEI, le parti d’Antoine Waechter, Christian Brassac, l’argentier de la campagne, ou Abdelkarim Ramdane, jeune militant écolo, suppléant de Sandra Regol aux élections législatives de 2012. Ce dernier remarque :

« Eric [Schultz] était pour moi le candidat le plus cohérent avec les gens du parti, mais il faut aujourd’hui passer au-dessus de ça pour amener les gens vers l’écologie, construire une alternative pour la ville. Je pense que chez nous les choses vont se tasser, on en est aux balbutiements de la campagne, on peut encore se mettre d’accord sur des positionnements, notamment par rapport au PS… »

Alain Jund a lancé sa campagne des municipales à l'Art Café, le 17 septembre 2013 (Photo MM / Rue89 Strasbourg)
Pas encore de liste, mais déjà une affiche et un slogan créés par l’agence de communication Ligne à suivre (Photo MM / Rue89 Strasbourg)

Un positionnement actuel de supplétif, au niveau local comme au niveau national, qui déplaît à Jean-Marie Brom, figure emblématique des Verts à Strasbourg et du mouvement anti-nucléaire, qui, contrairement à Abdelkarim Ramdane, a fait l’impasse sur la conférence de presse. Pour lui, « cette campagne est extrêmement personnalisée autour d’Alain Jund, ce qui est inhabituel dans notre parti ». Ce chercheur au CNRS, ancien conseiller municipal à Strasbourg (2001-2008), favorable à une alliance avec la Parti de gauche, développe :

« Pour moi, on démarre de façon un peu légère dans cette campagne, sans se demander ce que l’on cherche. A avoir des élus ? A faire vraiment quelque chose ? On aurait dû se poser d’abord la question du bilan. On ne part pas d’un terrain vierge ! Pour l’instant, j’ai l’impression qu’Alain Jund veut faire la campagne la plus neutre possible pour ne pas gêner le PS. Quand je parle de rupture avec la politique de Roland Ries, je sens des crispations. Nous ne sortirons pas de la logique « perdant-perdant » de cette façon… »

Campagne complémentaire ou offensive face au PS

Logique « perdant-perdant », c’est un peu là-dessus que compte le parti socialiste. En 2008, parvenue à faire 7% au premier tour des élections municipales, la liste écologiste avait négocié sa fusion avec le PS de façon plutôt avantageuse (6 élus, 2 adjoints). Or, en 2014, les socialistes voudraient bien se passer de ces alliés pas assez solidaires et trop critiques (sur les antennes relais, la vidéosurveillance, le Wacken, le Rallye, le TGV, etc.).

Perdant-perdant, pourquoi ? Si Alain Jund fait une campagne « complémentaire » par rapport à celle du PS et n’attaque pas la municipalité, la liste EELV pourrait apparaître timorée et voir ses soutiens les plus radicaux se déporter vers le Parti de gauche, tandis que les centristes écolos n’auront que l’embarras du choix entre les listes Ries et Loos (UDI). Si, à l’inverse, Alain Jund opte pour un discours plus musclé (ce qui semble exclu…), même passant la barre des 5%, pas sûr que le PS soit disposé à ouvrir ses rangs pour intégrer les impétrants. Perdant-perdant.

« Difficile de gérer le bilan de la mandature »

Même s’il se dit « confiant, mais pas béat » et assure qu’il « peut passer la barre des 10% », Alain Jund a encore fort à faire pour rassembler son camp. Des associatifs, actifs dans leur quartier comme Pierre Ozenne, Monsieur anti-tram sur pneu, auront du mal à revenir dans le jeu sans des garanties. Le jeune homme remarque :

« J’ai voté pour Eric Schultz en juin, parce que je pense qu’il sera difficile pour nous de gérer le bilan de la mandature et que stratégiquement, choisir un adjoint, plus exposé qu’un conseiller municipal, n’était pas la meilleure option. L’idéal aurait été d’avoir un troisième candidat… [Malgré cela] je soutiens la tête de liste élue démocratiquement, sans ambiguïté. Mais je n’ai pas encore décidé si j’accepterai d’être sur la liste ou non. Surtout si les conditions du ralliement au PS sont les mêmes qu’en 2008… »

Sur le second tour, le candidat Alain Jund ne s’est pas étendu. « Je me vois mal passer une alliance avec la droite », a-t-il seulement concédé. Agacé de ces « lucioles vibrionnantes » (Schultz, Brom et ceux qui font bande à part), l’adjoint à l’urbanisme espère pouvoir compter demain sur « des gens très divers » et « sortir du microcosme écolo ». Les 15 premiers de la liste seront désignés d’ici novembre, les autres avant février. Ils devront adopter « l’audace et le pragmatisme des Grünen outre-Rhin », vanter « une ville à énergie positive, une ville citoyenne et associative » et incarner « une écologie pas punitive, mais qui propose des solutions locales et globales pour réenchanter Strasbourg ».

Y aller

Inauguration du local de campagne 11 rue de la Division-Leclerc à Strasbourg, le 9 octobre à partir de 18h30. Campagne participative sur www.ecollaboratif.eu et les infos générales sur www.alainjund2014.fr (opérationnels début octobre).

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