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Un festival des Giboulées plus ouvert, plus participatif

La 24e édition des Giboulées qui se tiendra du 21 au 30 mars promet d’être riche en nouveautés. Renaud Herbin, le nouveau directeur du TJP, a bousculé les habitudes du festival, dont le champ d’intérêt s’est étendu au delà des marionnettes.

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Actéon miniature (Photo Mathias Baudry)

Actéon miniature (Photo Mathias Baudry)
Actéon, une création du directeur du TJP, Renaud Herbin (Photo Mathias Baudry)

Deux ans après sa nomination comme directeur du TJP, Renaud Herbin signe sa première programmation du festival des Giboulées. Ses réformes au sein du TJP ont créé quelques remous, en sera-t-il de même pour le festival emblématique du théâtre ?

Pour la première fois, le terme « marionnette » a disparu de l’intitulé des Giboulées pour être remplacé par une série de mots chère à Renaud Herbin mais dont la signification est un peu plus obscure : « corps-objet-image ». Renaud Herbin explique :

« Étant moi-même  marionnettiste, je ne rejette absolument pas le terme de « marionnette », mais j’ai choisi de l’omettre parce que je trouve la référence disciplinaire encombrante. L’idée est de décloisonner les différentes formes que peut revêtir le théâtre de marionnettes et au contraire chercher à initier d’autres façons de penser, mélanger les genres, redéfinir cet art ancien qui ne cesse d’évoluer. »

Ce qu’illustre bien le changement de signification de l’acronyme TJP qui ne veut plus dire « Théâtre Jeune Public » mais « Terrain de Jeu Protéiforme ».

Pandora Frequenz (Helmut Pogerth)
Antje Töpfer se met en scène dans Pandora Frequenz. (Photo Helmut Pogerth)

Admettons que la marionnette peut rappeler Guignol et son gendarme crétin, mais aujourd’hui, les marionnettistes peuvent être visibles sur scène et vont même parfois, comme Antje Töpfer dans Pandora Frequenz, jusqu’à endosser eux-même le rôle de marionnette.

Dans L’éléphant perdu, ce sont les spectateurs qui tireront les ficelles puisqu’ils seront invités à interagir avec les artistes et seront eux-mêmes acteurs de la pièce. On note aussi une présence forte du numérique et de l’électronique, notamment dans les performances de Tim Spooner.

The telescope (Photo Nick Harrison)
Les bidouillages de Tim Spooner dans The telescope (Photo Nick Harrison)

Des planches au carrelage

Certains artistes ont décidé de troquer la scène contre des lieux inédits et inattendus. Christophe Le Blay a ainsi choisi d’investir les sous-sols désaffectés des bains municipaux pour y établir son installation Vestiaire pour canon. Marie Wacker présentera quant à elle un projet en cours au Musée Vaudou, un lieu ouvert très récemment dont le nom fait écho à la marionnette.

Un œil sur les coulisses de la création

Un nouveau concept qui fait son apparition cette année est celui de la « présentation de projet ». Les artistes, plutôt que de montrer une oeuvre finie, vont se mettre eux-même en scène en plein travail. Certains, comme Marie Pan Nappey, ouvriront les portes de leur atelier pour montrer leur quotidien d’artiste. D’autres, comme le strasbourgeois Matthieu Epp, présenteront une maquette de leur travail et proposerons un dialogue avec le public dans l’optique de les faire participer à la conception de l’oeuvre.

Le but est de transformer le spectateur en acteur, de bousculer ses habitudes et de favoriser l’échange, qu’il soit verbale ou non. Cette nouvelle approche de l’oeuvre est une prise de risque pour les artistes qui se mettent à nu et démythifient le processus de création. Cette nouveauté dépasse la mouvance actuelle puisque l’artiste ne cherche plus seulement à mettre en interaction le public et l’oeuvre mais va jusqu’à le faire participer de manière ludique au processus créatif.

Impulser de nouveaux projets entre artistes locaux

Renaud Herbin insiste sur l’importance d’accompagner les artistes en leur fournissant des moyens financiers, matériels ainsi que des locaux. Et pour encourager la création, « les parcours pro », mis en place la saison dernière à raison de quatre par an, font se rencontrer des artistes locaux qui travailleront sur des « chantiers » pendant une dizaine de jours. Si des intervenants sont présents les deux premiers jours pour aiguiller les artistes, ceux-ci seront autonomes la plupart du temps.

Ces workshops d’un nouveau genre se caractérisent par l’absence du traditionnel rapport « maître-élève », remplacé par un rapport d’égal à égal où les artistes partagent leur expérience avec pour projet de créer des œuvres hybrides fusionnant plusieurs formes artistiques différentes. Pendant les Giboulées, les chantiers du parcours pro seront ouverts au public le vendredi 28 mars à 22h30, où celui-ci pourra faire part de ses impressions aux artistes.

Rencontrer les artistes autour d’un verre

Pour les plus passionnés, le rendez-vous du club R (comme « rencontre ») est fixé chaque matin à 11h au Rafiot tout au long du festival. Le public y rencontrera des artistes et des chercheurs pour échanger les impressions de chacun sur les représentations vues la veille ou sur des thèmes plus généraux liés au théâtre et à la marionnette. Les artistes qui ne pourront pas être présents feront l’objet de reportages vidéos réalisés au cours du festival puis projetés pendant les réunions dans lesquelles ils parleront de leur manière de travailler la marionnette.

Aller plus loin

Sur l’agenda : toute la programmation du festival des Giboulées


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