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Municipales à Strasbourg : les 3 scénarios du second tour

Après 6 sondages et à 2 jours du premier tour des élections municipales à Strasbourg, trois scénarios se précisent sur la configuration politique au soir du 1er tour, dimanche 23 mars, qui décidera pour beaucoup du résultat final le 30 mars. Scénario 1, Roland Ries (PS) en tête. Scénario 2, Fabienne Keller (UMP) en tête. Scénario 3, triangulaire UMP-PS-FN. Décryptage des stratégies, des alliances et des pronostics.

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François Loos, Fabienne Keller et Roland Ries lors du débat à la librairie Kléber.

François Loos devant l'entrée du personnel de la CTS - jeudi 20 mars à 7h (Photo MM / Rue89 Strasbourg)
Les report des voix de François Loos (au milieu), candidat UDI aux municipales, est l’une des principales inconnues du second tour – Ici, devant l’entrée du personnel de la CTS – jeudi 20 mars à 7h (Photo MM / Rue89 Strasbourg)

Six sondages sur les résultats des élections municipales à Strasbourg publiés ces trois derniers mois disent tous la même chose, à de très faibles variations près. Avec 32 à 34% pour Roland Ries (PS), 30 à 33% pour Fabienne Keller (UMP), 7 à 11% pour François Loos (UDI), même score pour Alain Jund (EELV) et Jean-Luc Schaffhauser (RBM/FN), 4 à 5% pour Jean-Claude Val (Front de gauche) et entre 0,5 à 3% pour les 4 listes restantes, chaque candidat peut aujourd’hui compter sur son « socle » électoral habituel, ni plus ni moins, qu’il devra mobiliser. Alors, que va-t-il se passer ?

Scénario 1 : l’union Ries-Jund, une formalité

Première configuration : Roland Ries arrive en tête (ce qu’annoncent 5 des 6 sondages réalisés) devant Fabienne Keller au soir du 1er tour, et le Front National n’est pas en position de se maintenir (moins de 10%). Dans ce cas, avec le bon report des voix écologistes vers Roland Ries, la gauche a de bonnes chances de l’emporter le 30 mars.

Car, si les écologistes obtiennent minimum 5% des voix, ce qu’indiquent tous les sondages, et qu’ils passent ou non la barre des 10%, condition pour se maintenir au second tour, la fusion des listes PS et EELV se fera. Des réunions ont déjà eu lieu entre plusieurs représentants des deux partis, autant sur le programme d’union que sur les places qui seront attribués aux écologistes. Ne restera qu’à finaliser l’accord lundi matin, comme cela s’est fait en 2008.

Pour Mathieu Cahn, co-directeur de campagne de Roland Ries, les termes de cet accord dépendront surtout des scores obtenus par les deux partis dimanche. Notamment le nombre de colistiers EELV pouvant intégrer la liste PS, entre 5 et 10, parmi lesquels peut-être, l’eurodéputée Sandrine Bélier. Le co-directeur de campagne rappelle qu’entre le PS et les Verts, « il y a des habitudes de travail et un bilan en commun ». Sans pour autant « nier les divergences qui sont connues », sur le GCO, la vidéosurveillance, le rallye ou les antennes relais (liste non-exhaustive), il juge que la négociation sera moins ardue à gauche qu’à droite, où l’on est moins roué aux fusions de second tour.

Premier rang au meeting de Roland Ries (PS), mercredi 19 mars : l'expression du renouvellement sur la liste ? (Photo MM / Rue89 Strasbourg)
Premier rang au meeting de Roland Ries (PS), mercredi 19 mars : l’expression du renouvellement sur la liste ? (Photo MM / Rue89 Strasbourg)

En fonction de leur score aussi (plus de 5%), deux colistiers de la liste Front de gauche, Jean-Claude Val (Parti de gauche) et Hülliya Turan (Parti communiste) pourraient également négocier des places sur la liste de Roland Ries. Leurs conditions : pas de solidarité budgétaire – le groupe de deux élus ne serait pas tenu de voter le budget annuel de la collectivité, tout en restant dans la majorité municipale – et pas de poste dans l’exécutif. Mathieu Cahn note à ce propos :

« Nous n’avons pas eu de discussions avec le Front de gauche au niveau local. Mais nous ne sommes fermés à rien, nous n’avons pas d’ennemi à gauche. »

Il s’agirait alors d’un accord « électoral », mais pas d’un accord « politique » (de gouvernance commune). Une configuration qui permettrait à Roland Ries d’apparaître comme rassembleur du centre (avec Chantal Cutajar) à la gauche de la gauche.

Scénario 2 : l’inconnue du report des voix de François Loos vers Fabienne Keller

Seconde configuration : Fabienne Keller (UMP), qui a fait une campagne de longue haleine, en étant très présente sur le terrain, arrive en tête au soir du 1er tour, ce que n’indique néanmoins qu’un seul sondage (le 5ème) sur 6. Dans le cas d’un duel face à Roland Ries, la candidate UMP serait alors bien placée pour le match final.

Une inconnue cependant, et de taille : les modalités de son alliance avec François Loos (UDI), programme, postes et gouvernance, et la qualité du report des voix de celui-ci vers celle-là. Même en cas de possibilité de maintien au second tour (+ de 10%), le centriste n’a aucun intérêt à rester dans la course. Même s’il fait encore planer le doute. Il préférera garantir des places à ses colistiers sur une liste dont les chances de l’emporter seraient alors importantes, quitte, peut-être, à ne pas être lui-même du voyage.

Fabienne Keller, Jean-Emmanuel Robert et Djemila Azrou ont rencontré des habitants de l'Elsau samedi matin (Photo MM / Rue89 Strasbourg)
Fabienne Keller, raillée pour son « Dites-moi tout », est la candidate qui a le plus arpenté les quartiers de Strasbourg pendant cette campagne – Ici, avec Jean-Emmanuel Robert et Djemila Azrou à l’Elsau (Photo MM / Rue89 Strasbourg)

Une fusion avec Roland Ries ? De part et d’autre, au PS et à l’UDI, on affirme qu’il n’en a jamais été question. L’ancien ministre de Jacques Chirac et actuel vice-président du conseil régional appartient à la Majorité alsacienne de Philippe Richert (UMP), même si ce dernier a apporté son soutien officiel à la candidate de son parti. François Loos glisse néanmoins :

« Beaucoup de gens pensent que notre ralliement à Fabienne Keller est acquis. Mais il n’y a toujours pas d’accord à l’heure qu’il est [ndlr, jeudi 20 mars]. Si on est à 11%, il y aura soit maintien, soit ralliement… »

Un faux suspense pour conserver la main dans le rapport de force à venir ? La partie va certes être serrée, car les deux têtes de listes ont des caractères très différents. Plutôt « caporaliste » ou « bonapartiste » pour elle, accusent ses détracteurs, « calme, pondéré », voire « apathique » pour lui, soufflent d’autres âmes chagrines. Possible que ces deux personnalités aient du mal à s’accorder, notamment sur la gouvernance future des collectivités. François Loos préconise une tête unique pour Strasbourg et la CUS, Fabienne Keller n’a jamais confirmé sa position en la matière, elle qui fut maire de Strasbourg aux côtés de Robert Grossmann, président de la CUS.

Robert Grossmann qui, par ailleurs, a fait savoir ces derniers jours que sa préférence au 1er tour irait sans doute à François Loos, tandis qu’il « éliminerait » au second la liste qu’il estime « tenue par la Droite forte », celle de Fabienne Keller. Derrière les circonvolutions de son discours, c’est en tout cas ce que l’on en déduit. Si Robert Grossmann n’a, en tant que personnalité politique désormais isolée, qu’une influence relative, son questionnement reflète celui d’une partie de l’électorat de François Loos, dont on ignore le comportement au second tour.

Scénario 3 : Jean-Luc Schaffhauser joue les arbitres

Dernière configuration : la liste Rassemblement Bleu marine (FN) passe la barre des 10% et se maintient au second tour, comme l’a d’ores et déjà annoncé Jean-Luc Schaffhauser. Dans ce cas, étudié par quelques-uns des sondages, c’est Roland Ries qui serait réélu le 30 mars. Au PS, on assure pourtant ne pas se réjouir de la possibilité d’un tel scénario, même gagnant. « Ce serait une tache pour nous tous, dit Mathieu Cahn. Personne n’a envie que le Front National soit l’arbitre de cette élection. »

Dans les deux premiers cas de figure, le duel UMP-PS sera très serré. Si les socialistes sont en tête dimanche, Roland Ries devrait, selon nos informations, parier sur une campagne d’entre-deux-tours « positive », basée sur la crédibilité de son programme, qui s’appuie en grande partie sur le bilan du mandat qui s’achève. S’il est placé en second derrière l’UMP, la campagne prendra à n’en pas douter un tour plus féroce, avec une stratégie annoncée du « tout sauf Keller ».

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