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Où trouver l’inspiration à Strasbourg

Entre les parcs, les vestiges, le port du Rhin ou les musées de la Ville, Strasbourg ne manque pas d’images, de parfums et d’ambiances pour nourrir les artistes et les rêveurs. En voici une petite sélection.

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Le cloître de Saint-Pierre-le-Jeune (Photo Ralph Hamman / Wikimedia Commons / cc)

L'Hôpital Stéphanie (Photo Maxens / UrbanX)
L’Hôpital Stéphanie (Photo Maxens / UrbanX)

Strasbourg, ses vieilles pierres, sa taille, son ancrage sur le Rhin… Entre Europtimist et le patrimoine mondial de l’Unesco, qu’offre la ville pour soigner l’âme ? Hors des espaces dédiés, quels sont les lieux qui restent pour laisser voguer l’imagination ? Voici une petite sélection, soufflée par des artistes et des créateurs strasbourgeois.

Constructions de projets, déconstructions de bâtiments

Pour trouver des lieux abandonnés, calmes, dépouillés, il faut faire confiance aux photographes qui pratiquent l’exploration urbaine. Cette nouvelle forme d’appropriation permet de redécouvrir des lieux abandonnés, ou de braver l’interdit en s’essayant à la mise en scène dans des lieux cachés ou difficiles d’accès. À Strasbourg, le collectif UrbanX, qui comprend trois photographes, dit inventer « grâce à ces vestiges modernes, une relation inédite entre l’ennui et la solitude qui guettent chaque lieu. »  Maxime Jaeger, aka Maxens au sein d’UrbanX, a pris des clichés de l’ancien Hôpital Stéphanie datant de 1915 (photo ci-dessus), du « manoir à la verrière » ou bien de « la tour des bureaux ».

Mylène Furhrmann est une autre photographe pratiquant l’exploration urbaine à Strasbourg. Exposée en février à la Salle Blanche de la librairie Kléber, l’artiste met en scène des personnages excentriques dans des endroits connus tels que le pont Saint-Thomas ou bien des lieux plus dissimulés tels que des bunkers.

Si certains titres sont explicites, d’autres donnent une très courte description de l’endroit où ils ont été trouvés : c’est à vous d’aller chercher. Bien que ces lieux soient souvent abandonnés, et donc propices à l’abandon des songes, ils sont néanmoins souvent interdit d’accès. L’arrivée d’agents de sécurité ou de policiers n’est généralement pas du meilleur effet pour stimuler l’inspiration. En outre, ces lieux sont souvent dangereux. Une soirée aux urgences peut être inspirante, mais pas forcément comme vous l’escomptiez.

D’une manière plus générale, les quais du Port-du-Rhin sont souvent cités comme des lieux propices à l’inspiration. En semaine, c’est l’un des rares lieux où l’on peut être témoin d’une activité industrielle sans franchir de barbelés et le week-end, ils offrent un côté désuet, presque siècle dernier. Pour certains, les anciennes grues portuaires devant la Médiathèque Malraux peut aussi offrir ce genre de sentiments.

Du calme, de la paix

Le cloître de Saint-Pierre-le-Jeune (Photo Ralph Hamman / Wikimedia Commons / cc)
Le cloître de Saint-Pierre-le-Jeune (Photo Ralph Hamman / Wikimedia Commons / cc)

Le calme que recherchent certains explorateurs urbains peut aussi se trouver en plein centre-ville, dans des lieux qui ne sont pas abandonnés, juste préservés. Au XIVe siècle, Strasbourg fût un des foyers principaux de la « mystique rhénane ». L’abondance d’images dans les lieux de culte est considérable. Les étudiants en BTS design graphique du Lycée le Corbusier, que l’on peut croiser dans les rues de Strasbourg lorsqu’ils sont à la recherche d’inspiration pour leurs croquis, apprécient aiment à souligner la beauté du cloître de l’église Saint-Pierre-le-Jeune, derrière la place Broglie, ouvert tous les jours.

Dans le même genre, mais moins ouvert, la cour intérieure du Palais universitaire procure une sensation similaire. Citons, entre autres réservoirs de calme, une partie des berges de l’Ill, notamment celles qui sont du côté de la place de la République et qui ont le bon goût de recevoir le soleil descendant toute l’après-midi. Parmi les parcs de Strasbourg, les recoins de la Citadelle sont appréciés des artistes, ainsi que le jardin botanique.

Les parcours

Cliché de Charlotte Aleman, photographe locale qui aime s'inspirer de la Maison Bleue
Cliché de Charlotte Aleman, photographe locale qui aime s’inspirer de la Maison Bleue

Il-Jin Atem Choi, artiste allemand accueilli en résidence au CEAAC pour une durée de trois mois en 2013, se rappelle du chemin qu’il empruntait tous les jours en vélo. De sa résidence aux Bastions, ancienne construction militaire qui sert aujourd’hui d’atelier de travail pour les professionnels des arts visuels, Il-Jin Atem Choi  trouvait parfois l’inspiration dans des bâtiments qui, à ce moment, étaient en déconstructions.

De même, l’itinéraire de « La Route de l’Art Contemporain » accueille des œuvres d’art contemporain sur tout le territoire alsacien et passe par le Parc du Pourtalès, qui peut devenir un terrain propice pour les artistes.

À la recherche des formes du vivant ?

Le rhinograde du Musée Zoologique
Le rhinograde du Musée Zoologique, animal fictif se déplaçant sur le nez

Il est possible de s’entraîner au dessin d’observation au musée zoologique de la Ville.  L’absence de programme en ligne ne devrait pas vous empêcher de visiter cet endroit : le manque de rénovation, c’est justement ça qui fait le charme du musée zoologique. À travers la reconstitution du cabinet de Jean Hermann (1760-1800), professeur de médecine, de botanique et de philosophie, on découvre une collection d’animaux taxidermisés, un endroit propice à la divagation de par son originalité. En effet, les vitrines mises en place à l’époque allemande s’éloignent d’une représentation des milieux naturels des espèces.  On pourra également observer un rhinograde, ou nasin, un animal fictif imaginé par Gerolf Steiner dans un livre canular.

Un autre musée où le plancher grince est le Musée d’Anatomie de Strasbourg. En 1670, un cabinet d’anatomie rassemblant aussi bien les pièces « normales, pathologiques que comparées » voit le jour à Strasbourg. D’abord destiné à l’enseignement, le musée d’anatomie n’ouvre que trois fois par an (prochaine occasion dans le cadre de la Nuit des Musées le samedi 17 mai).

Des corps griffés et des visages flétris sont aussi les supports mouvants des sculptures de Patrick Loréa, artiste et docteur en chirurgie plastique, esthétique et reconstructrice au sein du Centre de Chirurgie de la Main de Strasbourg et du service de Chirurgie Infantile du CHU Hautepierre. Les sculptures de Patrick Loréa étaient récemment  exposées à la galerie Akiza à Paris à l’occasion de l’événement « L’Alsace revisitée rock’n’roll et street art » et ont fait l’objet d’une exposition personnelle en juin 2013 à la galerie No Smoking, rue Thiergaten.  La confrontation avec les dissections de corps humains est une chose que l’artiste connaît bien, se reflétant dans son œuvre.

Pour voir la vie se dérouler sous vos yeux, les lieux ne manquent pas évidemment. Certains citent ainsi la terrasse d’Arte, où se croisent des flux de touristes et de parlementaires européens. La statue de l’homme-girafe, de Stépahn Balkenhol, provoque toujours des réactions de la part des passants, source de révélations sur les tics, les humeurs, les voix et les caractères pour qui sait les décoder. Autre lieu d’observation de la vie humaine, le kiosque du parc des Contades. Rarement occupé, il offre un point de vue inespéré sur des petits moments de vie que s’offrent les familles avant qu’elles ne soient rattrapées par leurs tâches quotidiennes.

Événements éphémères et fugaces, sources de vie

Mathilde Rohr, peintre strasbourgeoise, souligne que l’atmosphère crée par les Bals Sauvages lui procure une source de fantaisie pour son travail. Les Bals Sauvages de Strasbourg sont des manifestations culturelles organisées dans des lieux publics comme à la place de la Cathédrale à Strasbourg ou même sous la verrière de la gare. Des airs « des quatre coins du monde [y sont joués], et on y pratique toutes sortes de danses: individuelles ou collectives, en cercle, en couple, en chaîne… », indique-t-on.

Autres rencontres impromptues, celles qui ont lieu au gré des Apéros Sauvages, organisés par des groupes d’amis plus ou moins proches, sur invitation. Pour rejoindre la boucle, contactez Joël Henry, éternel touriste explorateur.

Cependant, si les lieux présents sur cette liste non exhaustive ont pu inspirer des artistes locaux, un peintre exposant à la Place des Arts rappelle :

« Ne vous égarez pas en cherchant des lieux géographiques ! L’inspiration est un processus intérieur et pneumatique. C’est véritablement un processus biologique. Bien sûr certaines “rencontres” sont des révélateurs de ce processus. Mais cette rencontre avec la magnificence peut  se faire partout. »

Quant aux étudiants du Conservatoire, certains regrettant de ne pouvoir plus souvent quitter les murs pour s’entraîner, ils recommandent pour trouver l’inspiration de simplement « fermer les yeux ». Bon, et si on essayait de fermer les yeux dans un cloître alors ?

Et vous, quels sont vos lieux favoris ? Partagez les en commentaires. Ils seront intégrés dans la prochaine version de cet article.


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