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Gone Girl, lourde enquete policière sur les faux-semblants de l’amour

D’aucuns de dire que Gone Girl est le plus grand film de David Fincher, et pourtant… Plus de deux heures pour monter un scénario improbable auquel on peine à adhérer, sans laisser au spectateur suffisamment de latitude pour prendre ce récit comme une fable qu’il faudrait interpréter au troisième degré.

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Médiatiser sa vie et faire le haut de l'affiche

Médiatiser sa vie et faire le haut de l'affiche
Médiatiser sa vie et faire le haut de l’affiche (Photo Twentieth Century Fox)

BlogUn couple modèle, une disparition subite, directement prise en charge par la police et les médias, un mari looser rapidement présumé coupable du meurtre d’une  femme magnifique à qui tout réussit. Mais les apparences sont trompeuses, dans la vie, en amour et dans toutes les enquêtes policières, bien évidemment.

Les ficelles sont énormes et exacerbent le sentiment que l’ensemble est sous-investi, et donc souvent décevant, voire frustrant. Le dialogues sont superficiels, dénués de second degré, pauvres en humour et absolument dépassionnés. Le propos est encore aplati par un bain général de cynisme pseudo philosophique sur les affres de nos vies faites de représentations, avec son abattage mécanique de phrases toutes faites, à consommer sur place ou à oublier sans modération.

Pointer la société télé-réalité

Le film de David Fincher garde cependant pour point fort sa façon relativement originale de pointer la société de la télé-réalité, et de ces vies insipides qui aspirent maladivement à être dopées par l’adrénaline des polars à succès. La chasse au trésor que cette épouse modèle organise à son mari à l’occasion de leur anniversaire de mariage en est une illustration exemplaire. C’est dans le cadre de la mise en abîme de la théâtralisation de toutes nos relations, que Gone Girl décortique progressivement les affres de la vie conjugale.

L'amour est-il un jeu que l'on joue à l'autre ou à soi-même?
L’amour est-il un jeu que l’on joue à l’autre ou à soi-même? (Photo 20th Century Fox)

David Fincher nous propose en définitive une mise en scène paroxystique de ces histoires que l’on se raconte dans le but -conscient ou non- de faire jouer à l’autre ce second rôle qui nous permettra d’avoir une vie aux allures de la plus belle des représentation; celle où nous tiendrons enfin le haut de l’affiche.

Le rideau tombe à plusieurs reprises sur des rebondissements aussi improbables qu’inattendus, on est à la fois pétrifiés et amusés par tant de spectacle. Cet imbroglio des passions et des faux-semblants de la vie conjugale reste pourtant une critique implacable de la société qui met les sentiments et les émotions en pâture à tous les regards preneurs, à défaut de les vivre.

La bande annonce

L’ambiguïté de la passion féminine est montrée comme directement indexée aux désirs collatéraux qu’elle cherche à provoquer de manière compulsive et insatiable. Les femmes deviennent vite celles qui emploient les hommes à déambuler sur des plateaux où ils doivent spontanément improviser une partition dont même le thème ne leur a jamais été donné. Tout se joue à partir de l’extériorité du sujet, il n’y a aucun discours propre qui serait constitutif de ce qui fait vivre la relation amoureuse (comme le montre la scène de l’entretien télévisé, impeccablement préparé à coup de bonbons jetés à la gueule du singe savant).

L’essence calculatrice de tout un chacun qui fait mine de rêver sa vie amoureuse n’est pas l’apanage de l’un ou de l’autre sexe ; sur ce point crucial l’égalité des forces est montrée comme absolue, éternelle et immuable dans tous les couples…

Gone Girl, à l’affiche à Strasbourg à l’UGC Ciné-Cité, au Vox et au cinéma Star Saint-Éxupéry.


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