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Warm Graves, une électro-pop claire-obscure en concert gratuit à la PopArtiserie

Du mystère et des promesses à profusion ainsi qu’une once d’anarchisme. Le trio italo-américano-allemand Warm Graves pose ses machines cette semaine à Strasbourg pour un concert qui s’annonce fort en émotions, le jeudi 12 février à la PopArtiserie.

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Warm Graves

Warm Graves
Le trio Warm Graves sera en concert gratuit à la PopArtiserie le 12 février (Doc. remis)

Seule l’atmosphère compte, cette ambient-pop planante qui ouvre la porte de tous les possibles. Warm Graves ne dévoile quasiment rien de son identité civile, hormis un camp de base établi depuis 2012 à Leipzig en ex-RDA. Rien ne filtre sur les visages ni sur les noms de ce trio dont l’aura commence depuis quelques mois à franchir les frontières germaniques pour mieux coloniser voire contaminer l’Europe. Car il faut bien l’avouer, le premier album de Warm Graves, Ships Will Come (Cargo/Differ-Ant), publié en octobre 2014 sur le label allemand This Charming Man Records, génère une addiction à la puissance phénoménale.

C’est tout un univers onirique teinté de post-punk qui se dévoile, perceptible dans sa globalité grâce à l’alchimie entre machines, percussions, guitare et chant magnétique. Un ensemble qui forme la bande son d’une odyssée rétro-futuriste dont il ne faut absolument pas interrompre la progression. Voici donc le point d’entrée dans cet univers à la magie froide (écouter ici en intégralité l’album Ships Will Come). Une première écoute en appelle une deuxième, puis une troisième, etc, jusqu’à bloquer la fonction « replay » pour ne plus carburer qu’à cela, à ce « Sci-fi-delic rock » que met en avant le très bref texte de présentation du groupe.

Là aussi, service minimum pour laisser pleinement s’exprimer les sens. Pour capter la substantifique moelle d’un concept album à l’ADN cinématique, tel ce clip de Penumbra, deuxième acte aérien de Ships Will Come :

Pour verser rapidement dans le jeu des influences et des comparaisons, Warm Graves rappelle la bizarrerie expérimentale des Américains indé Flaming Lips ou la grandiloquence tout aussi atypique des Canadiens Arcade Fire. Plus récemment, on penserait à un étonnant mixte des fluokids new-yorkais MGMT, du collectif mancunien Wu Lyf et du hipster français anciennement branché Woodkid.

Car outre l’ambiance cinématographique, souvent hypnotique, quelquefois angoissée, de ce long-métrage de science-fiction que chaque auditeur est amené à se construire, il y a du monumental chez Warm Graves, une envie de sublimer la musique pour ce qu’elle apporte à l’humanité, au même titre que les édifices religieux célèbrent un dieu pour l’éternité. Cette dimension mystique acquiert évidemment encore plus de sens en live comme en atteste cette récente session filmée à Berlin :

En à peu près trois années de tournées, essentiellement en Allemagne mais aussi en République tchèque, en Autriche ou en Suisse (et un concert, déjà, à Strasbourg, le 22 octobre dernier à la galerie Stimultania), Warm Graves a su forger ses envies. Le groupe n’a donc rien d’une génération spontanée. Ships Will Come découle d’une réflexion aboutie, d’un désir farouchement ancré de faire de la musique un acte militant. Le morceau d’ouverture ne s’appelle donc pas Ravachol pour rien !

En près de cinq minutes, voilà une façon originale de ressusciter l’un des symboles les plus forts de l’anarchisme à la française. Un souffle froid, quasi-polaire, nous conduit d’emblée à Montbrison, en ce 11 juillet 1892. L’instant gagne en intensité, puis les orgues s’éveillent, les beats s’activent, les percussions deviennent frénétiques.

Le couperet de la guillotine s’abat, François Claudius Koënigstein acquiert instantanément le statut de mythe, lui le fieffé filou, lui l’assassin mais aussi l’instigateur et l’auteur d’attaques et d’attentats contre l’ordre établi dans la France de la fin du XIXè siècle. Ravachol, c’est l’incarnation de la lutte désespérée et les hommages n’ont jamais cessé, tant par les Béru (Salut à toi de Bérurier Noir) que par Renaud (Ravachol). En voici désormais un autre, intensément décoiffant, signé Warm Graves. Et rien que pour cet acte de bravoure, le trio de Leipzig s’impose à l’agenda du soir de ce jeudi 12 février.

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