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Eurométropole à énergie positive ? En 2050, peut-être…

D’ici 2030, l’Eurométropole et ses 28 communes espèrent voir baisser leur consommation énergétique de 30% et produire, en 2050, autant d’énergie qu’elles en consomment. Un objectif très ambitieux qui vaut à l’agglomération d’être retenue, parmi 212 collectivités en France, dans le cadre d’un appel à projets national « territoire à énergie positive pour la croissance verte ».

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Eurométropole à énergie positive ? En 2050, peut-être…

En Alsace du nord, le site de Soultz-sous-Forêt est un pilote mondial en matière de géothermie profonde (Photo MM / Rue89 Strasbourg)
En Alsace du nord, le site de Soultz-sous-Forêt est un pilote mondial en matière de géothermie profonde (Photo MM / Rue89 Strasbourg)

L’objectif semble inatteignable ou presque. Surtout avec le peu de moyens directs : 2 millions d’euros de participation de l’État dans le cadre d’un appel à projets national « territoire à énergie positive pour la croissance verte ». Deux petits millions bientôt versés à l’Eurométropole, autorité organisatrice de l’énergie sur son territoire depuis le 1er janvier 2015, comme aux 211 autres collectivités lauréates en France. « Lauréates » au sens de « qui veulent bien concourir »… Car rien n’est encore gagné.

Produire cinq fois plus d’énergie localement

Alors que Strasbourg et son agglomération consomment 11 000 gigawatts/heure (hors déplacements ou énergie grise contenue par exemple dans les matériaux de construction), seuls 15% de cette énergie est produite sur son territoire (70% de ces 15% provenant de la centrale hydroélectrique sur le Rhin). Sachant que la collectivité vise 30% de réduction de sa consommation énergétique d’ici 2030, il lui reste à produire, ou plutôt à faire produire par des entreprises privées ou semi-publiques, cinq fois plus d’énergie qu’aujourd’hui.

Or, les pistes de production sont souvent incertaines, au premier rang desquelles la géothermie profonde, qui inquiète les riverains, surtout à la Robertsau. Dans l’Eurométropole, la géothermie profonde n’en est de toute façon qu’à ses prémices, puisque aucun permis de forer n’est à ce jour délivré par l’administration.

Autres pistes de production : celle de biométhane produit par la station d’épuration depuis 2014, qui pourra alimenter 5 000 logements correctement isolés (récents ou rénovés), ou 50 bus roulant au bioGLV. Ou de biogaz par méthanisation également, espérée sur le site de Sénerval, usine d’incinération des ordures ménagères dans la tourmente depuis quelques mois. Ce dernier projet, qui vise à alimenter environ 17 000 logements, est renvoyé à plus tard pour cause de désamiantage, gouffre financier prioritaire.

Les copropriétés privées seront soutenues dans leur transition

Outre la méthanisation ou la géothermie (profonde ou sur nappe), la collectivité espère le développement du photovoltaïque et du solaire thermique, de la biomasse (réseau de chaleur du Wacken) ou de la récupération de chaleur sur les flux industriels, le tout pour un mix énergétique qui devrait, à l’arrivée, espère-t-on, être très diversifié.

En attendant, les leviers d’actions pour plus de sobriété et d’efficacité énergétique sont à actionner, comme prôné par le célèbre scénario négaWatt. À prévoir, des efforts à fournir dans les 28 communes de l’agglomération en matière d’éclairage public, de rénovation du patrimoine public (80% des 8 600 bâtiments rénovés ces dernières années appartenaient aux collectivités ou aux bailleurs sociaux) ou d’achat public et d’approvisionnement énergétique. Les copropriétés privées pourront être épaulées par des agents de l’Eurométropole pour réhabiliter leur patrimoine (processus long de 3 ans environ). Les deux espaces info énergie (Alter Alsace énergie et la Chambre de consommation d’Alsace) devraient voir leurs subventions et leur visibilité accrues.

Mais surtout, et ce sera sans doute le plus difficile, chaque acteur, public ou privé, devra prendre en compte cet objectif de « positivité énergétique » dans le montage de tout projet. Un changement de mentalité important, dans une période où le défi climatique et écologique est loin de figurer en tête des priorités de l’action publique.

Milliers d’emplois dans la rénovation thermique ?

Objectifs enfin pour l’exécutif eurométropolitain : faire émerger, grâce aux diverses expérimentations (géothermie, tour à énergie positive, îlot bois, smart grid dans l’écoquartier Danube…) une nouvelle économie de la transition énergétique, créatrice de milliers emplois non-délocalisables, limiter au maximum le recours aux énergies fossiles « ce qui fera sacrément du bien à notre balance commerciale » selon Robert Herrmann, président (PS) de l’Eurométropole et « fermer Fessenheim » ajoute Alain Jund, vice-président (EELV) de l’Eurométropole.


#biomasse

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