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Seun Kuti et Egypt 80, hérauts modernes de l’afrobeat, le 20 mai à Schiltigheim

La saison culturelle de Schiltigheim s’achève. Et pour marquer l’épilogue musical, la salle des fêtes propose une soirée entièrement dédiée à l’afrobeat avec Seun Kuti, héritier du grand Fela, et le mythique orchestre Egypt 80. À découvrir en live le 20 mai.

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Seun Kuti

Seun Kuti
Seun Kuti, en concert le 20 mai à la salle des fêtes de Schiltigheim (Doc. remis)

L’héritage de Fela ne réside pas seulement dans le rythme incandescent de l’afrobeat. Fela, c’est bien plus que la paternité d’un style musical. C’est, surtout, l’incarnation de la résistance, de l’anti-conformisme, de la lutte contre un régime nigérian autoritaire, dictatorial et corrompu. L’album – et la chanson – Zombie en 1976 symbolisent certainement le mieux cette critique acerbe des militaires. Fela, c’est aussi la république de Kalakuta, sa maison, son studio en banlieue de Lagos, faisant aussi office de clinique gratuite, îlot de contestation face au président Obasanjo et que les militaires assiégèrent et incendièrent sans vergogne en 1977.

Et puis Fela, c’est le MOP, son parti politique, The Movement of the People, créé en 1979 dans la perspective de la présidentielle de 1983 à laquelle il ne put jamais se présenter, constamment entravé par le régime. Il ira même en prison, sur ordre du général Buhari, dictateur, devenu récemment héros du peuple nigérian lors de la présidentielle du 28 mars dernier face au sortant Goodluck Jonathan. Fela est donc une icône et une icône ne meurt pas. Ses fils, Femi puis Seun, ont pris le relais artistique. Le second s’employant aussi à perpétuer le message politique du père comme l’indique son blog. Perpétuant, également, la force du groupe Egypt 80 qu’avait fondé son père :

En 2015, Egypt 80 vibre toujours avec autant de force, modernisé certes, renouvelé en partie, mais fidèle à l’esprit originel.

Seun Kuti prolonge donc la légende de l’afrobeat, percutant, guerrier, enchanteur et sensuel comme son père. Les influences, évidemment, sont bien présentes. Mais le fils cadet de Fela colle à sa propre époque, comme l’illustre A Long Way to the Beginning, album sorti début 2014 grâce au concours du pianiste de jazz américain Robert Glasper à la production, grâce aussi aux participations d’invités de marque tels Dead Prez, Blitz The Ambassador et Nneka pour un titre musclé et puissant, Black Woman.

Sur la pochette de l’album A Long Way To the Beginning, l’Afrique a le poing levé. Et si le Nigéria n’est pas l’Afrique, malgré son statut de géant démographique et économique, voilà la marque d’un engagement toujours plus fort, d’un activisme politique panafricain dont l’afrobeat est l’un des vecteurs. Fela était un géant et reste un moteur de la contestation. Tous les ans, les Nigérians se retrouvent pour la Felebration. En 2012, les grandes manifestations contre la vie chère et la hausse des prix du carburant ont vu refleurir le nom de Fela. Nul doute que l’avenir lui donnera encore raison.
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