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Dans le primaire, les professeurs en surnombre au début, manquent l’hiver venu

Chaque année, le Rectorat de l’académie de Strasbourg doit gérer une situation ubuesque dans le Bas-Rhin : il dispose de trop de professeurs des écoles en septembre, et en manque dès l’hiver. Et ce n’est pas prêt de changer.

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Et vive la rentrée ! (Photo JFG / Rue89 Strasbourg)

Et vive la rentrée ! (Photo JFG / Rue89 Strasbourg)
Et vive la rentrée ! (Photo JFG / Rue89 Strasbourg)

Que faire d’une centaine de professeurs des écoles sans affectation ? C’est la question que se posent les agents du rectorat de l’académie de Strasbourg lorsqu’ils se retrouvent aux « groupes techniques d’affectations », peu avant la rentrée des classes.

Ainsi au début de la réunion du mercredi 26 août, 120 professeurs des écoles n’avaient pas d’affectation pour la rentrée dans le Bas-Rhin. À l’issue, ils étaient encore 70. Au final, le rectorat se retrouve avec une trentaine d’enseignants « en surplus » à la rentrée.

Cette situation, étonnante dans un contexte de contraintes budgétaires et de fermetures de classes pour ces mêmes raisons, provient d’une bonne attractivité du département, du report des départs à la retraite et d’une délicate gestion des quelques 8 795 enseignants du premier degré, dont 80% de femmes.

« Mieux qu’aller les chercher à Pôle Emploi »

François Schill, lui même professeur des écoles et secrétaire départemental du SNUIPP, un syndicat, n’y voit pas d’inconvénient :

« Il y a près de 6 000 professeurs des écoles dans le Bas-Rhin, alors arriver au final avec une trentaine sans affectation, ce n’est vraiment pas grand chose. Et puis je préfère cette situation à celle de la Seine Saint-Denis, où le rectorat a été contraint de faire appel à Pôle Emploi pour trouver dans l’urgence 200 enseignants ! »

Ces professeurs sans affectation sont donc ajoutés aux effectifs, en renfort. Cette situation se reproduit depuis plus de cinq ans dans le Bas-Rhin. Ces enseignants peuvent être « remplaçants », comme les professeurs ZIL (zone d’intervention localisée) ou bien envoyés auprès des Rased (réseau d’aides spécialisées aux élèves en difficulté), ou encore chargés de gérer les classes des directeurs d’écoles, souvent surchargés par les démarches administratives à la rentrée.

Guillaume Arnould, directeur du cabinet du recteur, détaille le mécanisme :

« On doit faire nos prévisions d’affectations sur la base de nombre d’élèves prévisibles établis en juillet mais qui ne sont pas très fiables. Dans les petites communes, la présence d’un élève ou deux peut décider de l’ouverture d’une classe ou non. Et on doit composer avec les mouvements au sein de l’Éducation nationale, qui ne dépendent pas entièrement de l’académie. Donc notre effectif disponible en septembre subit des variations et le Bas-Rhin étant plutôt attractif, on se retrouve avec un solde de professeurs positifs. Mais c’est quand même assez marginal, et tous ont une occupation à la rentrée ! »

Envoyés sur des missions sans les formations adéquates

Certes, mais pour les syndicats, cette gestion des effectifs démontre une « vision comptable à court terme » comme le détaille Anne-Marie Haller, secrétaire départementale SE-Unsa :

« La situation est très inconfortable pour les collègues sans affectation, qui ne peuvent se préparer alors que ce sont souvent les plus jeunes. Et puis on envoie ces professeurs comme remplaçants, mais les postes de ZIL manquent. On se retrouve donc avec des remplaçants qui ne sont pas formés pour ça, ni préparés. Même chose pour les Rased, on envoie des collègues qui n’ont rien demandé sur des missions délicates qui nécessitent normalement des formations complémentaires, alors qu’on a supprimé des postes d’enseignants en Rased… Les professeurs en ZIL et en Rased ont des primes que n’ont pas les collègues sans affectation qui y sont envoyés. L’Éducation Nationale réalise ainsi des économies, ce qui explique peut-être pourquoi cette situation perdure depuis des années. »

Et pourtant, tous les parents qui ont des enfants dans le secteur primaire ont pu constater à quel point il était délicat que la maîtresse soit remplacée lorsqu’elle tombe malade. Selon un comptage de SE-Unsa dans le Bas-Rhin, 691 demi-journées de profs n’ont pas été remplacées du 10 janvier au 10 février 2015. Sur 850 écoles, c’est quand même pas mal. Comment l’expliquer avec ce surplus de profs ? Pour Guillaume Arnould, l’objectif est de lisser les besoins sur l’année :

« Avec les réformes successives, on a perdu tout notre stock de remplaçants. Et on doit faire face à des congés maternités, parfois suivis de congés parentaux, qui surviennent rapidement. Alors c’est vrai que ce surplus de professeurs est absorbé très vite. Durant l’hiver, notre taux de remplacement peut tomber à 60%. Mais on s’adapte. On doit avoir une gestion sur l’année, tout en essayant de pérenniser des enseignants sur des missions de remplacement. »

Là dessus, il faut ajouter les variations du nombre d’élèves, qui a baissé en Alsace depuis 2006 mais remonte depuis 2012. Ils étaient plus de 103 000 élèves en 2014 dans les classes élémentaires publiques et près de 65 000 dans les classes préélémentaires publiques.


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