Paris frappé au cœur par le terrorisme

Paris frappé au cœur par le terrorisme

Après plusieurs attaques terroristes sans précédent et une prise d’otages faisant 128 morts, le Président a annoncé l’état d’urgence sur tout le territoire et la fermeture des frontières. L’armée se déploie.

Par Pierre Haski
· Publié le · Mis à jour le
Temps de lecture

Le terrorisme a frappé vendredi soir à Paris, faisant au moins 128 morts et des dizaines de blessés graves, selon un bilan provisoire qui ne cessait d’augmenter tout au long d’une soirée qualifiée d’« horreur » par François Hollande.

C’est une capitale hébétée, dont les habitants ont reçu le conseil des autorités de rester chez eux, qui se réveille samedi, le jour d’après, sans savoir si des terroristes sont encore dans la ville. Les titres de la presse du jour résument bien l’ampleur du choc.

La suite après la publicité
Les unes des quotidiens de samedi
Les unes des quotidiens de samedi

Le dernier épisode de la nuit s’est déroulé peu avant 1 heure du matin, lorsque les hommes du Raid ont donné l’assaut au Bataclan, la salle de concert parisienne où des terroristes étaient retranchés avec des otages. Quatre terroristes ont trouvé la mort, trois d’entre eux en se faisant exploser.

Il y a eu de très nombreuses victimes à l’intérieur, « environ 80 morts », selon la police (un précédent bilan faisait état de 100 morts pour le seul Bataclan).

Au total, huit terroristes sont morts au total dans la nuit à Paris, et on ignore si d’autres ont pu prendre la fuite.

Visiblement sous le choc, François Hollande a annoncé dans la soirée que l’état d’urgence était décrété sur tout le territoire français, une mesure inédite depuis un demi-siècle ; il a également annoncé la fermeture des frontières, et a indiqué que l’armée était appelée en renfort à Paris. Des mesures exceptionnelles pour une situation sans précédent.

Dès vendredi soir, l’armée a commencé à se déployer dans Paris, comme en témoigne la journaliste de L’Obs Violette Lazard.

Sept sites attaqués

Au total, sept sites différents ont subi des attaques quasi simultanées, y compris plusieurs explosions près du Stade de France où se trouvait François Hollande.

Les autres lieux visés sont en particulier le Bataclan, une salle de concert du XIe arrondissement située non loin des anciens locaux de Charlie Hebdo attaqués le 7 janvier dernier, un restaurant cambodgien du Xe arrondissement de la capitale, ainsi qu’un autre restaurant de la rue de Charonne, dans l’Est parisien.

Aprs l'attaque dans le Xe arrondissement, le 13 novembre 2015
Après l’attaque dans le Xe arrondissement, le 13 novembre 2015 - Thibault Camus/AP/SIPA

Un témoin présent au Bataclan, interrogé sur i'gt;Télé, a dit avoir entendu l’un des assaillants prononcer le nom de la « Syrie ». D’autres témoins parlent d’assaillants « jeunes », au visage découvert.

Julien Pearce, un journaliste d’Europe 1 qui assistait au concert du Bataclan, a raconté :

« Deux ou trois individus non masqués sont rentrés avec des armes automatiques de type Kalachnikov et ont commencé à tirer à l’aveugle sur la foule. [...] Ça a duré une dizaine, une quinzaine de minutes. Ça a été extrêmement violent et il y a eu un vent de panique, tout le monde a couru vers la scène, il y a eu des scènes de piétinement, je me suis moi-même fait piétiner. »

Au Stade de France, deux explosions ont eu lieu à proximité du stade pendant la première mi-temps, une troisième se déroulant pendant la mi-temps. Selon certaines informations, il s’agirait d’un kamikaze dont le cadavre a été retrouvé déchiqueté.

François Hollande et Manuel Valls ont rejoint Bernard Cazeneuve au ministère de l’Intérieur, pour une réunion de crise. Puis un Conseil des ministres exceptionnel s’est tenu au milieu de la nuit à l’Elysée. Le chef de l’Etat s’est ensuite rendu au milieu de la nuit au Bataclan, théâtre du principal carnage de la soirée.

« Porte ouverte » aux Parisiens

Alors que de nombreux passants sont coincés dans les quartiers concernés, une initiative a vu le jour sur Twitter : le hashtag #PorteOuverte pour accueillir les passants le temps que la situation se calme.

La mairie de Paris a affiché sur ses panneaux lumineux un conseil aux Parisiens de rester chez eux « en attendant les instructions des autorités ». La police a renouvelé le conseil pour samedi 14 novembre, les écoles et universités resteront fermées, tout comme de nombreux établissements publics.

Panneau lumineux recommandant aux Parisiens de rester chez eux
Panneau lumineux recommandant aux Parisiens de rester chez eux - Via Twitter

Le soutien d’Obama

Symboliquement, au moment où la tour Eiffel s’éteignait vendredi soir en signe de deuil, de nombreux monuments à travers le monde exprimaient leur solidarité en bleu-blanc-rouge, notamment la Freedom Tower érigée à la place des tours du World Trade Center détruites le 11 septembre 2001.

La tour Eiffel s'teint, les autres monuments en bleu-blanc-rouge
La tour Eiffel s’éteint, les autres monuments en bleu-blanc-rouge - Via Twitter

A l’étranger, signe de la gravité de la situation, Barack Obama s’est exprimé très vite, et a affirmé sa solidarité avec la France.

 

Pour sa part, le président iranien Rohani, qui était attendu la semaine prochaine en visite officielle en France et en Italie, a annulé sa tournée européenne pour « raisons de sécurité ».

#RechercheParis

Ce vendredi, la recherche des disparus s’organise. Sous le mot-clef #RechercheParis, des dizaines d’internautes postent des photos de leurs proches dont ils sont encore sans nouvelles. De même sur la page Facebook dédiée au concert de The Eagles of Death Metal, au Bataclan.

De son côté, le ministère de l’Intérieur a mis en place un numéro vert (197) et une plateforme qui permet de signaler les disparitions ou déposer un témoignage.

Pierre Haski
A lire ensuite
En kiosque