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Régionales : les réponses des candidats à vos questions

À trois jours de la fin de la campagne officielle des élections régionales, les candidats ont répondu à environ la moitié des questions adressées sur le site « Questionnez vos élus ». Les têtes de listes restent prudents, mais voici une sélection des propositions des prétendants à la grande région Alsace Lorraine Champagne Ardenne (ALCA).

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Régionales : les réponses des candidats à vos questions

Les candidats aux régionales ont répondu à environ la moitié des questions posées par les internautes (Questionnez vos élus)
Les candidats aux régionales ont répondu à environ la moitié des questions posées par les internautes (Questionnez vos élus)

Les internautes de la future région Alsace Lorraine Champagne Ardenne (ALCA) ont eu beaucoup de questions pour leurs candidats, 236 pour être précis. À l’heure de rédiger cette synthèse mercredi, Philippe Richert (LR) a été le candidat le plus sollicité, avec 38 interrogations, Jean-Georges Trouillet (Unser Land, régionaliste) a reçu le moins de questions, 19 seulement. Les listes ont été modérément enthousiasmées par cette expérience de démocratie participative, les collaborateurs n’ont répondu qu’à environ la moitié des interpellations, certes parfois hors-sujet.

À noter que les « petits » partis bénéficient de staff de campagne moins fournis, surtout pour ceux qui craignent de réaliser moins de 5% des voix et donc de voir leurs frais de campagne non remboursés. Pour autant, le parti le plus jeune à concourir à une élection nationale, l’Union populaire républicaine (UPR), très efficace sur internet, a répondu à 50% des questions, mieux que l’armada de « Les Républicains » (34%). Patrick Peron du Front de gauche est le plus assidu avec 75% de réponses devant Jean-Pierre Masseret, président PS du conseil régional de Lorraine, (71%) et Florian Philippot (70%), candidat du Front National.

Les candidats choisissent leurs thèmes

Les candidats n’ont pas choisi leurs thèmes de réponse au hasard. Sandrine Bélier (EELV) a, par exemple, d’abord expliqué pourquoi elle est favorable à la mise en place d’une taxe poids lourds expérimentale dans toute la région, au désamiantage ou les raisons de la non-alliance avec le PS ou le Front de gauche.

Philippe Richert, fidèle à sa réputation de politicien prudent et à la fin de campagne de sa liste « Unissons nos énergies », s’exprime – quand il répond – de manière technique et renvoie vers son programme qui accorde une très grande place à l’économie. Le président alsacien et candidat de la droite et du centre développe notamment :

« Par nos politiques en matière d’infrastructures, notamment dans les gares, le déploiement du Très Haut Débit dans tous les territoires ou encore notre soutien aux projets universitaires, nous nous engageons à maintenir un niveau d’investissement important tout au long du mandat pour soutenir l’économie régionale. Parallèlement, nous souhaitons mettre en place un plan de relance pour accompagner les investissements communaux et intercommunaux en jouant sur l’effet levier pour le BTP. »

Masseret pour la gratuité des transports scolaires et « toujours de gauche »

Alors que Jean-Pierre Masseret a surtout insisté sur son bilan et les différences droite/gauche, lors de la campagne, il indique une proposition majeure de son programme :

« Notre liste propose la gratuité du transport scolaire et ce dans les 10 départements de notre nouvelle région. C’est d’ailleurs le seul engagement fort que nous prenons dans cette campagne car nous ne voulons pas faire comme d’autres, un catalogue de promesses long comme le bras. »

Sur ce point, Philippe Richert rappelle qu’il s’agit d’une compétence des départements que les régions ne « reprendront » qu’en septembre 2017 pour ceux qui le souhaitent et qu’il faudra en discuter très vite. Florian Philippot répond aussi de manière technique et très similaire : négociations et harmonisation pour des tarifs le plus bas possible.

Parmi les rares engagements de Jean-Pierre Masseret, il propose aussi de créer « une chambre des langues régionales, qui sera un lieu de concertation, au sein du Conseil Régional, réunissant tous les acteurs des langues régionales. » Cette chambre pourrait notamment soutenir en partie les télévisions locales pour soutenir les dialectes. Le candidat socialiste soutient aussi l’Institut du droit local alsacien-mosellan.

Il aborde aussi le projet des 57 mini-assemblées dans les bassins de vie de la grande région (les actuelles intercommunalité) qui justifie que les politiques de la région soient « adaptées » au cas par cas. Questionné s’il est « encore de gauche », le marathonien lorrain répond entre autres :

« Être de gauche ce n’est pas agiter de vieilles lunes en levant le poing ! Non ! C’est ouvrir les yeux sur le monde tel qu’il est, en mouvement, sans rien perdre de mes valeurs. C’est toujours vouloir agir plutôt que subir et regarder passer les trains. Les progrès sociaux dans notre pays ont été obtenus par la gauche. Ils le seront encore demain comme par exemple la révolution écologique qui est incompatible avec une gestion spéculative de l’économie mondiale. »

Quant à Florian Philippot, qui sans surprise fait part de plusieurs critiques à peine voilées envers l’Islam, il se démarque sur l’apprentissage :

« En plus de la sanctuarisation de ces budgets, je propose d’intégrer des clauses sociales dans les marchés publics afin que seules les entreprises employant au moins un apprenti puissent y accéder. »

Questionné sur l’économie sociale et solidaire, Patrick Peron (FDG) veut aider les entreprises coopérative, ces « outils de relocalisation, de reconversion écologique et sociale de l’économie en donnant la priorité aux circuits courts et à l’économie circulaire » :

« Les SCOP pourraient bénéficier de l’argent public. Elles pourraient recevoir  des aides publiques via la création d’un fonds régional de développement de l’emploi et de la formation pour faciliter leur accès au crédit bancaire étant donné l’utilité sociale et environnementale des coopératives. Nous favoriserons et accompagnerons la reprise des entreprises par leurs salariés à l’image de l’expérience et de la lutte exemplaire des Fralibs près de Marseille. »

Toujours dans le domaine du développement économique, le maire d’Algrange propose « un droit de regard et d’intervention sur les aides publiques versées aux entreprises dans leur région » pour les syndicats. Pour la démocratie locale il propose des « forums citoyens permanents pour évaluer les politiques publiques régionales, de budgets participatifs associant les populations aux décisions d’aménagement, l’institution de votations citoyennes, en particulier pour l’utilité ou non de grands projets.

Tous contre le TAFTA…

Même si certaines questions échappent aux compétences du conseil régional (ce que les candidats rappellent souvent), ces échanges permettent aussi de mieux connaître les candidats. Tous se disent contre le traité de libre-échange Europe-États-Unis (dit TAFTA), même Jean-Pierre Masseret alors que le gouvernement socialiste le négocie au travers de la Commission européenne.

Philippe Richert n’a pas répondu sur ce point sensible (la droite bien que divisée y est plutôt favorable et discrète sur le sujet). Il s’exprime en revanche sur les domaines plus consensuels et promet des efforts pour l’accueil de travailleurs handicapés, l’aménagement du territoire respectueux de l’environnement, le soutien au sport et l’accompagnement à l’économie sociale et solidaire, tout en restant assez vague sur les contours ou les moyens.

Le premier budget de la future région ne sera discuté qu’au printemps et entre les engagements des anciennes régions et la réorganisation des administrations, les marges de manœuvre restent encore incertaines.

Certains candidats dissertent aussi sur un revenu de base ou la diminution du nombre de communes. Sur le projet de ferme des 1 200 taurillons à Winterhouse, seuls Unser Land et le Front de gauche se disent clairement opposé. Sandrine Bélier n’a pas rappelé son opposition dans la plate-forme citoyenne.

… et tous pour le régime local

Les candidats ont aussi été interrogés sur le régime local, qui s’applique en Alsace et en Moselle. Tous se disent favorable à son maintien, même si Julien Wostyn (Lutte ouvrière) répond qu’il est opposé à la rémunération par de l’argent public des personnes dépendant des cultes.

Même Florian Philippot se prononce pour la « défense du Droit local et du régime concordataire en Alsace-Moselle ». Le numéro 2 du Front national se retrouve en contradiction avec… le programme du Front national qui prévoit que « la loi de 1905 de séparation de l’église et de l’État doit s’appliquer partout ». Avec Jean-Pierre Masseret, il s’accorde aussi à dire que le délit de blasphème (qui dans les faits n’est plus appliqué) peut être supprimé.

Les petites listes profitent de la tribune

Pour Julien Wostyn, de nombreux problèmes s’expliquent par la nature du modèle capitaliste. Très véhément, le candidat trotskyste propose par exemple l’interdiction des licenciements ou d’autres changements sociaux radicaux. Des thèmes qui ne dépendent pas des compétences de la région et il le reconnaît :

« Aucun revenu du travail, de la retraite ou des allocations ne devrait être inférieur au Smic (et nous revendiquons un Smic à 1 700 euros nets par mois). Cela ne s’obtiendra pas par des élections mais par de puissantes luttes du monde du travail. Aux élections, on peut juste dire ce qu’on pense. »

Pour l’Union populaire républicaine (UPR), qui ne cache pas que cette élection vise à mieux faire connaître ce nouveau parti, les situations problématiques s’expliquent en revanche par l’influence des traités européens, qu’il combat. Mais le parti décline aussi plusieurs propositions portées par les partis traditionnels : le développement du haut-débit (plus avancé en Alsace par la droite), la mise en place d’AMAP (issue des mouvements écologistes), le financement de maisons de santé (porté surtout par le PS). Les grands investissements seraient en revanche tranchés par référendum.

Le parti nationaliste Debout la France n’a encore répondu à aucune question.

D’autres réponses à paraître

Depuis la parution de cet article, il est possible que des candidats répondent à de nouvelles questions. Les textes sont à lire sur le site « Questionnez vos élus ». Les candidats ont jusqu’à la fin de la campagne officielle, vendredi à minuit, pour déposer leurs réponses sur le site de l’association citoyenne.

Parmi les interpellations en suspens qui relèvent de la région, on retrouve les transports, le développement économique, les compensations pour la Champagne-Ardenne, une 3ème voie ferrée entre Mulhouse et Strasbourg ou encore l’enseignement supérieur. Les questions sont désormais fermées, mais seront de nouveau possible entre le 7 et le 9 décembre.

Aller plus loin

Sur Questionnez vos élus : toutes les questions (et une partie des réponses) des candidats 

Sur Rue89 Strasbourg : Comparez les programmes des candidats (avec Voxe)

Sur Rue89 Strasbourg : tous nos articles sur les régionales


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