Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Dégustation mortelle avec Anastasia le 14 janvier à l’Illiade

Aqua Toffana. Comme un poème au parfum de mort sur fond de vengeance et de passion dévorante. Ainsi s’intitule le nouveau disque d’Anastasia. L’artiste alsacienne défend ses nouvelles compositions et nouveaux textes sur scène, jeudi 14 janvier, à l’Illiade d’Illkirch-Graffenstaden.

Cet article est en accès libre. Pour soutenir Rue89 Strasbourg, abonnez-vous.

Anastasia

Anastasia
Anastasia, un nouvel album et un concert le 14 janvier à l’Illiade (photo Emmanuelle Jacobson-Roques)

Des cordes qui vibrent, des guitares qui s’élèvent, graciles et aériennes, une basse profonde et introspective et un habile mariage, çà et là, de cultures jazzy, soul, hip hop et funky pour accoucher d’un album résolument groovy. Voilà tout ce que convoque Aqua Toffana, le second et nouvel opus d’Anastasia, publié il y a un peu plus d’un mois sur le label strasbourgeois #14 Records.

Aqua Toffana
Aqua Toffana, le nouvel album d’Anastasia (Doc. remis)

On se souvient évidemment de la jeune femme dans la formation Les Dessous de la Vie, quatre ans d’activités musicales, plus de 300 concerts, des disques toujours touchants à la beauté sublimée. Puis vint, pour chacun des membres, le début de l’aventure en solo et, pour Anastasia, l’écriture d’un nouveau chapitre à partir de l’automne 2013, un premier album, Beau Parleur, qui permit aussi des rencontres et des opportunités scéniques aux Francofolies de La Rochelle (voir ici un extrait de son live à l’été 2013) puis des premières parties et scènes partagées avec M, Rover, Jane Birkin, Tété, Brigitte Fontaine, Batlik.

Voilà maintenant l’heure de la confirmation, de l’essai transformé, avec la manière, grâce à ce second disque, Aqua Toffana, pétri de textes et de compositions entre chanson française et ADN hip hop teinté de slam. La recette ? Une écriture efficace et musclée, finement ciselée, véritable travail d’artisan du verbe qui percute et claque comme une punchline de rappeur qui fait mouche.

Illustration avec C’était pas simple, l’un des onze titres de l’album Aqua Toffana :

Une autre perception des tourments de la vie

Après l’expression des « tragiques déboires que l’on deale », Anastasia livre une autre perception des tourments de la vie à deux, lorsque tout se délite, lorsque le processus est irrémédiablement enclenché vers une fin inéluctable. Les raisons ? À décrypter dans On s’évapore :

Tout en contrastes et en nuances, Aqua Toffana symbolise un frêle esquif qui se maintient à flot au gré des humeurs de l’océan des sentiments. Entre mer d’huile et tempête déchaînée, voici la vie et ses écueils, son quotidien tantôt monotone tantôt animé au gré des expériences éprouvées.

Envoûtante et enchanteresse, Anastasia chronique cette succession de tableaux aux subtilités colorées. De l’Ego d’ouverture jusqu’au Fracas de « l’image figée là », elle nous conduit aussi En haut de la colline, là où « reposent les colères », où « le ciel et les enfers se mélangent à l’infime six pieds sous terre », où « le ciel plombé semble oublier le monde ».

C’est « fini le règne du foutu coq »

Humour, drame, excitation, jouissance se croisent, s’entrecroisent et se heurtent au fil de la progression de La chasse à l’homme, un soir de pleine lune, « au fin fond de la forêt », « l’occasion de se mettre une bonne race entre amis, en parlant de nos femmes qu’on déteste et qui renient le héros qui parle dans nos têtes ».

En contrepoint de cette équipée sauvage masculine nette et sans bavure, voici Aqua Toffana, chanson éponyme qui célèbre la victoire perverse de la femme sur l’homme infidèle devenu gênant. C’est « fini le règne du foutu coq », l’alchimie opère et s’ouvre alors le chapitre d’une vie nouvelle précipitée par un poison mortel. Evocation historique de cette « acqua tofana » en vogue en Italie aux XVIe et XVIIe siècles pour « liquider le libidineux mari, l’infidèle aux sens asservis » : « t’as trinqué, t’es tricard, […] c’est l’heure de ton rencard avec l’éternité ».

[affiche_event id=88768]


#culture

Activez les notifications pour être alerté des nouveaux articles publiés en lien avec ce sujet.

Voir tous les articles

Autres mots-clés :

Plus d'options