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Mr. Holmes au cinéma : légende et humanité

Sherlock Holmes revient au cinéma, sous les traits de l’immense Ian McKellen, une adaptation du roman Les abeilles de Mr. Holmes de Mitch Cullin. Le film interroge sur le bilan qu’on peut dresser à l’aune de sa vie.

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Mr. Holmes au cinéma : légende et humanité

Le cinéma contemporain semble ne plus être qu’un vaste recyclage de mythes. Les histoires de chevalerie s’accessoirisent avec des sabres lasers, les dieux de l’olympe vivent à Mégalopolis ou Gotham et ils portent du Lycra. Dans ce paysage pop où s’agglutinent des figures archi-connues, Sherlock Holmes se tient sur la première marche du podium.

La figure du détective omniscient crée par Arthur Conan Doyle à la fin du XIXème siècle réapparait à intervalles réguliers, sous les traits de Benedict Cumberbatch dans une adaptation TV très modernisée, sous ceux de Robert Downey Jr. dans une version incompréhensible et pétaradante signée Guy Ritchie. Et comme les mythes font des petits, on s’intéressera sous peu à sa progéniture, son grand-oncle, ses bisaïeuls et ses modèles historiques.

Ian McKellen ajoute un grand rôle à sa filmographie
Ian McKellen ajoute un grand rôle à sa filmographie (dr)

Holmes au bout du chemin

Mr. Holmes, réalisé par l’américain Bill Condon, est une énième extrapolation de la vie de Sherlock. En l’occurrence, le récit prend place en 1947 et met en scène un détective âgé, réfutant quelque peu sa légende et son association avec un Watson alors disparu. Usé, en bout de course, il s’attaque pourtant à une dernière enquête.

Si le dénominateur commun de l’exploitation forcenée des personnages légendaires était une sorte de jeunisme, le film de Condon a le mérite de prendre le contre-pied de cette tendance. Son Mr. Holmes ne s’attache pas à un ex-super héros condescendant. Ian McKellen, membre illustre de la Royal Shakespeare Compagny et comédien rompu aux figures érodées par le temps, interprète un homme dépassé par sa légende et dubitatif quant à ses propres capacités.

Le film devient donc rapidement une réflexion sur l’âge, sur le vernis qui vient embellir les faits passés. Sherlock y lutte contre sa propre réputation, antagoniste bien plus terrifiant que Moriarty, et s’efforce simplement de se hisser à la hauteur des espoirs fondés en ses capacités.

Une image éloignée du mythe de Holmes
Une image éloignée du mythe de Holmes (dr)

À la fois classique et solide

Nourrie par un doute perpétuel, Mr. Holmes est une oeuvre soignée et très classique dans laquelle Sherlock Holmes, vieillard vulnérable et versatile, se trouve simplement humanisé.

Mais s’il dénote dans la production cinématographique contemporaine, ce classicisme n’a rien de négatif, et il est ici sublimé par la partition de Carter Burwell.

Le grand compositeur, souvent associé à l’univers des frères Coen, enchaine récemment les grandes compositions. En début d’année, il avait déjà parfaitement mis en musique Carol, le chef-d’oeuvre de Todd Haynes. Pour Bill Condon, il signe une bande-originale empreinte de mystère et de mélancolie. Le film y gagne une paisible aura. Il s’affirme avec la force tranquille de ceux qui choisissent de faire profil bas pour aborder un très grand personnage.


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