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Municipales : à la CUS, la perte de Schiltigheim comprime la gauche

Dimanche 23 mars, de nombreux maires de petites communes de la CUS étaient réélus dès le 1er tour, majoritairement de droite. Dimanche 30, plusieurs maires sans étiquette acquis ou non à la majorité socialiste à Strasbourg ont été repêchés, excepté Raphaël Nisand (PS), battu à Schiltigheim. La communauté urbaine devrait rester à gauche, mais d’une courte tête. Ce qui n’empêche pas les maires de droite de rêver d’un putch.

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La gauche en position compliquée dans les 28 communes de la CUS

Plan masse de l'écoquartier Adelshoffen (Document remis)
Plan masse de l’écoquartier Adelshoffen à Schiltigheim – certains bâtiments sont déjà construits, encore nus (Document remis)

La défaite est dure à encaisser pour Raphaël Nisand, maire socialiste de Schiltigheim, battu dimanche avec 44,5% des voix, face au même adversaire qu’en 2008, Jean-Marie Kutner (UDI). D’humeur grave hier lundi, le futur ex-maire de la cité des brasseurs – il passera la main samedi 5 avril à l’occasion du prochain conseil municipal – analysait :

« Une défaite est toujours composite. L’élément d’explication le plus massif, c’est la vague bleue en France. Ensuite, il faut se souvenir que j’ai été élu d’une majorité déjà très juste en 2008 (50,25%) face, déjà, à Jean-Marie Kutner, UMP à l’époque, et à Andrée Munchenbach, partie sur une autre liste. Cette fois, ils se sont alliés dès le 1er tour, dans un contexte où la gauche n’a pas franchement le vent en poupe. [De plus], nos alliances [avec les écologistes et le Front de gauche] nous ont marqués très à gauche, ce qui n’est pas dans l’air du temps. [Enfin, localement], le fait que l’écoquartier Adelshoffen en soit au plus mauvais moment, avec des immeubles hauts encore tout gris, une grosse verrue en centre-ville, n’a pas joué en notre faveur. »

« J’ai toujours dit qu’il n’était pas bon de répartir les postes à l’avance »

Lui qui ne s’est jamais caché d’être intéressé par la présidence de la communauté urbaine en cas de victoire, sans faire officiellement de déclaration de candidature, n’est pas inquiet sur le fait que la majorité reste à gauche à la CUS, malgré sa défaite dans la seconde ville de l’agglomération qui prive son camp de 6 sièges sur 95. Il note :

« J’ai toujours dit qu’il y avait un premier tour et un second et qu’il n’était pas bon de se répartir les postes à l’avance [cf. l’accord passé en septembre 2013 entre Roland Ries et Robert Herrmann] et bien m’en a pris. Mais je ne crois pas que la majorité soit remise en cause. Avec l’un ou l’autre maire indépendant, Strasbourg, Illkirch et Ostwald, la droite jouera sa partie, mais la CUS ne sera pas perdue. »

La droite, en effet, ne restera pas les bras croisés pour assister à l’adoubement prévu de Robert Herrmann (PS) vendredi 11 avril, jour de l’élection du président de la CUS en conseil communautaire. Si la majorité socialiste à Strasbourg (35 dont 7 écologistes) peut compter sur 13 conseillers communautaires issus d’Illkirch (6), de Plobsheim (1), de Lingolsheim (1), d’Ostwald (2), de Bischheim (1) et de Schiltigheim (2, dont 1 écologiste), elle n’atteindrait que 48 voix à elle seule sur 95 sièges, soit tout juste la majorité.

D’autres élus des petites communes, dauphins de vice-présidents sortants, élus au second tour, viendront compléter l’effectif, qui devrait se fixer de 49 à 53 voix (fourchette très haute). On retrouve dans ce peloton Bernard Egles de Mittelhausbergen, Béatrice Bulou de Mundolsheim ou Yves Sublon d’Eschau.

« Je ne voudrais pas, dans 6 ans, être un maire qui risque sa place pour un poste de vice-président »

D’autres, indépendants, vont être dragués de part et d’autre, à La Wantzenau, Oberhausbergen, Holtzheim ou Fegersheim. Les maires UMP de la 2ème couronne, pour la plupart réélus sans problème dès le 1er tour, prennent actuellement des contacts autour d’eux pour tenter de rassembler une majorité contre Strasbourg. C’est ce qu’explique Éric Amiet, maire (UMP) de Wolfisheim :

« Je me félicite d’abord que la Majorité alsacienne ait été élue un peu partout, à Schiltigheim où elle a gagné la ville, à Bischheim ou Hœnheim brillamment conservés, partout ailleurs où nous avons été élus au 1er tour. La majorité des vice-présidents de la CUS a été mise en difficulté et les maires [ndlr, de droite] qui voulaient sur-densifier leur commune, à Holtzheim ou Oberhausbergen, ont perdu. La gauche se retrouve avec une majorité très courte, qu’elle conservera si les socialistes arrivent à récupérer des maires qui acceptent de vendre leur âme à Strasbourg.

[Avec quelques-uns], nous allons essayer de rassembler les maires non-socialistes pour constituer une majorité. Ceux qui rejoindront les Strasbourgeois devront assumer [cette position] dans 6 ans, quand ils seront empêtrés dans des problèmes de transport ou d’équipements publics. Je ne voudrais pas être un maire qui risque sa place, comme ceux d’Eckwersheim, Vendenheim ou La Wantzenau pour un poste de vice-président, qui sacrifie l’intérêt de sa commune à son intérêt personnel. »

Sollicités à plusieurs reprises, Robert Herrmann, élu sur la liste de Roland Ries et désigné par son parti pour briguer la présidence de la CUS, n’a pas souhaité nous répondre, de même que d’autres socialistes strasbourgeois. Les écologistes, qui se réunissent ces jours-ci pour se garantir des postes et une présidence de groupe – un groupe EELV va être créé pour la première fois au conseil de CUS – ne se sont pas non plus montrés très diserts. L’heure est aux tractations internes et haro sur ce qui pourraient les perturber. Rendez-vous samedi 11 avril.

La carte des résultats dans les communes de la CUS

Carte : Raphaël Da Silva


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