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Les éditorialistes pêchus d’Osons Causer, jeudi soir au Marché Off

Éditorialistes d’un nouveau genre, les youtubeurs d’Osons Causer interviendront jeudi 21 décembre à 18h, au Marché Off de Noël de Strasbourg, sur l’agroalimentaire. C’était l’occasion de faire connaissance avec Ludovic, le visage d’Osons Causer, « born and raised » à la Meinau, trois ans après le lancement de leur émission.

Vidéo

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Osons Causer, ce sont des vidéos suivies par 640 000 personnes sur Facebook et 185 000 sur YouTube. Cette émission politique à la tonalité affirmée est née de la collaboration de trois colocataires, étudiants en errances en 2015. L’un d’eux, Ludovic Torbey, visage d’Osons Causer, est né à Strasbourg et a grandi à la Meinau. Il revient pour Rue89 Strasbourg sur la genèse de cette aventure et les objectifs de ce média très indépendant et qui tient à le rester.

Rue89 Strasbourg : Ludo, racontez-nous comment est né Osons Causer…

Ludo : On a produit notre première vidéo en juin 2015, pour répondre à une énième instrumentalisation des Arabes par le gouvernement de Manuel Valls. Avec mes colocataires, l’idée nous est venue assez naturellement. Moi j’étais étudiants en philosophie et sciences économiques, Xavier (Cheung) envisageait des études de journalisme et Stéphane (Lambert) était très branché YouTube, il suivait des émissions aux États-Unis où des personnes prenaient position tout en livrant des informations solides, face caméra. On s’est dit qu’il faudrait faire la même chose en France, des vidéos pêchues de 5-10 minutes, à mi-chemin entre un édito et ton pote qui te parle de politique.

On a été assez surpris de la viralité des vidéos, qui sont longues, et c’est vrai qu’on a été portés par les conflits sociaux de cette époque, notamment contre la « Loi Travail ». Devant le succès, et nos situations instables dans le champ universitaire, on s’est mis sur Osons Causer dès septembre 2016 à plein temps. On a publié nos vidéos également sur Facebook et on s’est aperçu qu’en les faisant plus courtes et en les sous-titrant, elles étaient très très partagées. Une vidéo sur l’utilisation de l’article 49-3 de la constitution pour faire voter la Loi Travail a fait 5 millions de vues…

Rue89 Strasbourg : on a l’impression que vos vidéos sont produites très rapidement…

Ce n’est qu’une impression ! Parce qu’en fait, chaque phrase, chaque information qu’on donne est sourcée, il y a un gros travail journalistique derrière. Avant de produire une vidéo, le ton qu’on emploie, l’idée qu’on défend, elle est nourrie par une phase de documentation assez énorme. Et puis il y a le montage, qui donne une certaine tonicité au propos mais qui prend beaucoup de temps aussi. Donc pour chaque vidéo de quelques minutes, on y travaille pendant des jours.

Et on cherche à traiter de tous les sujets, on a été étiquetés « gauche radicale » par certains parce qu’avant l’élection présidentielle, on a dit que nous allions voter Mélenchon. Mais nous n’avons aucun lien avec les partis politiques. Ce qui nous intéresse, c’est penser l’intérêt général. Nous sommes des citoyens exigeants, bien formés par l’université. On se sert de ce bagage culturel pour mettre des situations et des informations en perspective, c’est tout. Bon, c’est vrai aussi qu’on aime bien se moquer des puissants, des communicants et des personnes qui sont au pouvoir en général.

Rue89 Strasbourg : est-ce que vous arrivez à monétiser ce nouveau média ?

On cherche encore… C’est un aspect qu’on découvre peu à peu, nous sommes en train de créer une société à parts égales entre nous trois pour pouvoir se rémunérer. Pour l’instant, on se paie peu, grâce aux dons qui nous sont envoyés via Teepee. Chaque mois, entre 400 et 800 personnes donnent quelques euros, parce qu’ils considèrent qu’on fait du bon boulot ou qu’ils estiment que notre travail est important… Chacun a sa raison mais au final, ça permet de se payer un peu et de continuer à produire des vidéos tout en les gardant accessibles au plus grand nombre. On est vraiment indépendants grâce à ce système qui apporte la grosse majorité de nos recettes. On est vraiment libres, avec un lien organique avec notre audience. C’est précieux dans le paysage médiatique actuel…

On pense à développer les partenariats. De septembre 2016 à mai 2017, Médiapart nous avait commandé des vidéos sur la campagne électorale et ça avait bien fonctionné. On pense à réitérer ce genre de collaboration entre des médias et nous, à animer des conférences, à participer à des événements comme jeudi au Marché de Noël Off sur l’agro-alimentaire, etc. On peut aussi envisager d’accompagner des structures si elles veulent communiquer avec des vidéos courtes et anglées parce que maintenant, on a développé un certain savoir-faire.

On a bien l’intention d’en vivre et on a plein d’idées pour la suite, on veut produire plus de vidéos et sur des thèmes plus variés. On a plein de trucs à transmettre et de projets pour la suite. Mais chez nous, personne n’est un grand professionnel du business, alors évidemment, ça prend un peu de temps (rires).


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