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Le premier mini-album de Peace Me Off, un diamant poétique

Peace Me Off, groupe de folk-rock strasbourgeois, sort son premier mini-album éponyme, un diamant poétique couronné de superbes mélodies. Rencontre avec Jof, le chanteur, qui nous dit tout sur son groupe et leurs nombreux projets avec une gentillesse admirable et un sourire ravageur.

Son

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Peace Me Off

Peace Me Off
Peace Me Off (Photo Alexandre Nachbauer)

Élevé à la musique punk, mûri avec le folk

Peace Me Off, à l’origine, c’est Jof. Issu de la scène punk, il s’est finalement orienté vers la musique folk-rock. Un changement musical assez étonnant mais tout à fait réussi :

« Avant, j’avais le look qui allait avec le punk, la crête, le gros perf… J’ai toujours été un fan de punk, de ska, de hardcore. Le punk a une couleur très festive mais à côté de ça j’aime aussi les trucs plus dépressifs, comme peut l’être la musique folk ! On ne peut pas tout mélanger, alors j’ai décidé d’arrêter le punk pour m’essayer à l’indie folk. Mais étonnamment, en tant que chanteur, je crie beaucoup plus aux concerts depuis que je suis dans la folk ! »

L’idée de monter un groupe de folk a germé en septembre 2014. Au début, Jof pensait monter un projet solo mais il a très vite été rejoint par des amis, à l’image du guitariste ou du batteur qui sont des copains d’enfance. En 2015, la structure de Peace Me Off était complète. Ils ont fait leur premier concert et n’ont pas arrêté depuis :

« On a beaucoup tourné en Alsace, autour de Metz, à Belfort, Bruxelles… On a fait plus de 70 concerts et on a participé à pas mal de festivals vraiment sympas. On a notamment joué à la Foire Européenne où on avait une belle scène. »

Lumière automnale et nuit glaciale…

Leur premier clip, filmé par la sémillante Marie Furlan, laisse émerger de superbes images, entre une lumière automnale et une nuit glaciale :

« La chanson parle d’un mec qui imagine son propre enterrement. Je pense que c’est quelque chose qui nous est déjà arrivé à tous… C’est surtout le moyen d’approcher le thème de la solitude. Cette impression d’être seul, même quand on est entouré par plein de monde, ce sentiment de se sentir étranger par rapport à tout ce qui nous entoure. À l’origine la chanson devait s’appeler “Take this heaven” et ça s’est transformé en “twenty-seven”. En plus il faut dire que ce chiffre a une signification particulière dans le monde de la musique, qui colle d’ailleurs très bien avec les paroles. »

Pour ce clip les Peace Me Off ont fait appel à leurs proches, à commencer par Marie Furlan qui travaille également pour leur label Aros Production :

« Avant le clip on avait créé un événement sur Facebook, et on a invité tous nos amis. On peut dire qu’on a passé une annonce en fait, pour voir qui était motivé pour participer à l’aventure ! Résultat, on retrouve des gens de différents groupes qu’on apprécie beaucoup dans ce clip, des membres de Cyanth, de Hopedale, de Facing Stanley et de Pearl & the Crabmen. C’était un vrai plaisir de les avoir avec nous. Et puis c’est sûr que de connaître Marie a également facilité les choses. On se connaît bien. Ça met tout de suite à l’aise. On s’est beaucoup concerté sur les idées, sur ce qui était faisable ou non. On a fait pas mal de récup pour ce clip, on a vraiment gardé le côté “do it yourself” du punk. Le tournage s’est fait en trois jours, dans différents lieux de Strasbourg. On a aussi filmé près d’un château et dans le jardin du guitariste ! Pour la scène filmée dans la nuit, il faisait vraiment très froid, on a tourné par -4, ce n’était pas évident ! »

Un premier EP d’une rare intensité

Concerts survoltés

Jof écrit et compose la musique. Les arrangements sont ensuite retravaillés avec tous les membres du groupe. Leur premier mini-album (EP) est à l’image de leur musique, introspectif, passionné et passionnant. Jof explique :

« J’avais envie de parler de ce qui me touche, de mes états d’âme. J’ai vécu des choses graves dont j’avais besoin de parler. C’est un peu comme si je me confiais à un psy en fait. Et tout ce que j’évoque peut parler aux gens qui m’écoutent. Car j’ai beau mentionner des choses très personnelles, il y en a forcément qui auront vécu la même chose que moi, qui se reconnaîtront dans les paroles. Mais je suis beaucoup dans la métaphore. Autant dans le punk j’étais très direct, autant là je travaille plus les paroles, j’aime bien évoquer des choses et laisser ceux qui écoutent chercher le sens qu’il y a derrière. »

Passion et sincérité se retrouvent dans leurs concerts survoltés. Les Peace Me Off donnent tout ce qu’ils ont sur scène et le public le ressent. Leur énergie est communicative :

« En concert, j’essaye de donner le plus possible, je vis vraiment le truc à fond. À la fin, je suis complètement épuisé … Sur scène, tu vis tellement de choses, c’est incroyable. C’est risqué aussi, quand tu vis les choses trop à fond, tu risques de craquer, de te laisser submerger par les émotions et de ne plus arriver à jouer. »

Dans ce premier EP, réalisé au KR NOYZ Studio, les Peace Me Off invitent à un voyage émotionnel, depuis l’ode à la nostalgie à la dénonciation de l’homophobie, les rêves étranges qui nous hantent, la passion amoureuse dévorante. Des murmures et des cris, la grâce du violon qui vient chercher les émotions qu’on cache tout au fond de nous, la batterie qui intensifie les battements du cœur. Une musique d’envies, d’espoirs, des mélodies qui prennent vie, comme un hurlement de rage ou un mot doux, le frisson d’une caresse, la violence du désir.

Un EP sublimé par le magnifique travail de Nella Nebula qui a réalisé tout le graphisme, retraçant avec justesse la beauté et le mystère de la musique de Peace Me Off.

Des projets plein la tête et un concert original à Strasbourg

Un EP, c’est bien mais c’est seulement 5 chansons. D’autres sont-elles en préparation ?

« Oh que oui ! On a plein d’idées de nouvelles chansons ! En restant toujours dans l’évocation de choses que j’ai vécu. Il y en a une notamment qui est très influencée par les Smashin Pumpkins. J’avais écrit les paroles quand j’étais encore dans le punk. Ça parle du fait qu’on veut toujours t’imposer des choses, parce que tu as tel sexe, tu es dans telle catégorie sociale. Tous ces clichés, ces règles insupportables, ce carcan de la société… On retrouve des influences très variées dans Peace Me Off d’ailleurs, 65 Days of Static, Explosions in the Sky, The Distillers… D’ailleurs, quand ça crie dans Peace Me Off, dis-toi que ça vient des Distillers ! »

Peace Me Off sera en concert à l’Elastic, Strasbourg, mercredi 22 février, avec Allan Ros le même soir. Pour Jof, cette date est plus qu’un simple concert :

« Le but de ce concert est de pouvoir rencontrer le public et d’échanger avec lui. On aimerait parler de nos projets, de nos idées et que les gens interviennent, qu’il y ait une réelle interaction avec le public. C’est quelque chose qui se fait beaucoup en Allemagne : des concerts qui permettent un échange réel. J’adorerais que les gens m’interrompent même pendant le concert pour me poser des questions, me demander ce que veulent vraiment dire les chansons… En temps normal, c’est quelque chose qui se fait peu. Si un mec parle trop pendant les concerts, on a juste envie qu’il se taise et qu’il joue ! Mais là c’est vraiment fait pour privilégier l’échange, il est même plus important que le concert en lui-même. »

Ainsi s’exprime la sincérité de la démarche de Peace Me Off, la générosité et la passion qu’ils offrent dans leur musique, pour une connexion totale avec le public.


#Allan Ros

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