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Les joyaux de la danse contemporaine, en pleine figuration à Pôle Sud

Pôle Sud entame sa deuxième saison en tant que centre de développement chorégraphique. La brochure indique qu’il est encore « en préfiguration » mais déjà, Pôle Sud parvient à proposer une saison 2015 / 2016 ambitieuse malgré des moyens limités, avec des joyaux qui ne seront proposés que peu de temps et aux apparitions parfois très rares dans une ville de province comme Strasbourg.

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Compagnie Maguy Marin (doc remis)

Compagnie Maguy Marin (doc remis)
Compagnie Maguy Marin interprétera May B, inspiré de l’univers de Samuel Beckett (doc remis)

La danse est un art raffiné. Les danseurs, ces êtres fragiles, semblent irréels dans ce monde de plus en plus brutal et terrien. Ils se font rares. À Strasbourg, c’est au sud de la ville qu’on peut en croiser, dans une MJC devenue 30 ans plus tard « centre de développement chorégraphique ». Le titre est pompeux mais il faut croire que ce bouclier est devenu nécessaire à Pôle Sud pour continuer d’entretenir la flamme de la danse contemporaine.

Pôle Sud dispose d’un budget d’1,7 million d’euros, dont un million proviennt de la Ville de Strasbourg, pour cette mission. Avec ça, l’équipe de Pôle Sud est parvenue à programmer 25 spectacles en faisant appel à des artistes internationaux parfois, émergents à l’occasion, mais toujours inventifs, créatifs et beaux. Voici résumés les choix de Pôle Sud en moins de trois minutes :

À chaque fois, les artistes ne restent qu’une ou deux soirées, voire trois. Contrairement au TNS, Pôle Sud ne peut proposer de grandes séries, comme l’explique la directrice Joëlle Smadja :

« Compte-tenu de nos spectacles, on est contents quand on remplit une salle de 300 personnes deux soirs de suite. On se concentre sur des spectacles qui font venir un ou deux danseurs. Pour les projets plus importants, on partage les coûts avec le Maillon par exemple. »

Le premier événement à noter dans l’agenda, c’est l’ouverture de saison. Pôle Sud offre deux spectacles avec Amala Dianor vendredi 18 septembre et investira le parvis devant ses bâtiments, avec un pot d’accueil dès 19h. Installé à la Meinau, Pôle Sud doit s’inscrire dans le quartier, ne pas paraître comme un temple isolé de la culture de centre-ville. Compte-tenu de ses nouvelles orientations, le défi est permanent.

Une grande scène rarement à Strasbourg

En octobre, Pôle Sud accueillera 10 artistes d’un coup, pour La Grande Scène, une « compilation » de ce qui frémit dans la danse contemporaine française. C’est un spectacle issu d’un réseau inter-régional appelé Les Petites Scènes Ouvertes, qui accompagne et promeut les jeunes auteur(e)s chorégraphiques. Les pièces proposées ont été sélectionnées à la suite d’un appel à projets. La Grande Scène est cette année à Strasbourg, elle était à Rillieux-la-Pape, Marseille et Saint-Herblain les années précédentes.

En novembre, Pôle Sud recevra durant trois soirées la chorégraphe flamande Lisbeth Gruwez pour son dernier spectacle, en solo : It’s going to get worse and worse and worse, my friendLorsqu’on demande aux artistes de nous aider à éclairer le monde, ce spectacle est un bon exemple des réponses qu’ils donnent.

Autre spectacle politique, Sacré Printemps ! d’Aïcha M’Barek et de Hafiz Dhaou, où il sera question de la révolution en Tunisie, de ce qu’elle a semé, des forces qui l’ont menée.

Que dit le jeu de nous ?

Signalons également l’impressionnant travail de Salia Sanou en janvier, avec une troupe composée de danceurs et de lutteurs burkinabés dans La clameur des arènes. Un décor opressant, une musique live et… des muscles. Beaucoup de muscles.

En mars, notons Les lecteurs complices, un spectacle gratuit : le rendu de David Rolland, qui sera accueilli en résidence à Pôle Sud avec l’ambition de produire un nouveau « spectacle participatif ». Cette fois, il va proposer, notamment avec le soutien du centre socioculturel de la Meinau, une « expérience scénographique à vivre en famille ». Le chorégraphe assure qu’il n’est « pas la peine d’avoir pris des cours de danse ou de répéter en amont », le concept est de se laisser guider par la musique et deux danseurs professionnels.

L’ensemble de la saison peut être parcourue sur le nouveau site de Pôle Sud, qui s’offre un lifting à l’approche de la fin de sa période de préfiguration.

ExtraDanse, festival intense

En avril, Pôle Sud reprend son double festival, ExtraDanse qui proposera cette année sept spectacles sur un mois, suivi d’Extra Pôle, dont la programmation est encore à affiner mais qui a vocation à occuper l’espace public.

Parmi la programmation soutenue d’ExtraDanse, soulignons la performance d’Adrien Mondot et Claire Bardainne dans Hakanaï, une subtile mise en scène où l’humain le dispute à la machine grâce à un dialogue entre une danseuse et un décor contrôlé par ordinateur. Un moment rare d’art numérique sur scène.

Fin avril, Joëlle Smadja est particulièrement fière d’accueillir Louise Lecavalier, une danseuse de renommée internationale pour son dernier spectacle en duo, So Blue. Dans une chorégraphie d’une énergie et d’une précision étonnante, elle rappelle qu’elle a été l’icône du chorégraphe canadien Edouard Lock, à l’époque de la compagnie La la la Human Step. Voici ce que ça donnait :

Trente ans plus tard, Louise Lecavalier n’a rien perdu de son énergie :

Signalons également le déroutant May B, de Maguy Marin, qui s’annonce comme le temps fort d’ExtraDanse cette année.

Aller plus loin

Sur l’agenda des sorties : tous les événements programmés à Pôle Sud

Sur Pôle-Sud.fr : l’ensemble de la saison 2015 / 2016


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