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PPRT : l’impossible cohabitation entre industrie et habitants à la Robertsau

Lundi 26 novembre 2012, le conseil municipal de Strasbourg donnera son avis sur le Plan de protection des risques technologiques (PPRT). Mais le dialogue sera très difficile entre riverains, qui veulent continuer à disposer des espaces voisins comme bon leur semble, et les autorités qui ont l’obligation d’en condamner les accès.

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PPRT : l’impossible cohabitation entre industrie et habitants à la Robertsau

Le port aux pétrole est proche des habitations / Photo EJ

Le Plan de Protection des Risques Technologique (PPRT) présenté à la Robertsau mercredi 21 novembre lors d’une réunion publique au foyer St Louis est une obligation législative. Il est mis en oeuvre par l’Etat.

La loi n°2003-699 du 30 juillet 2003 relative à la prévention des risques technologiques et naturels et à la réparation des dommages prévoit l’élaboration de plans de prévention des risques technologiques (PPRT).

La loi instaurée après l’explosion de l’usine AZF de Toulouse (le 21 septembre 2001), vise à mieux connaitre les risques, les prévenir et gérer la cohabitation avec l’urbanisme. C’est le préfet qui est responsable de sa mise en œuvre. Après adoption, c’est le maire de la commune qui devra rendre des comptes.

Il faut avouer que l’application de ce fameux PPRT à la Robertsau est particulièrement difficile car les intérêts sont contradictoires.

Entre le légitime souci de principe de précaution, la protection des habitants, les contraintes législatives, la défense de l’emploi, l’expropriation d’entreprises, les mesures d’interdiction… tous cela donne un « cocktail explosif » (comme le titrait les DNA du 22 novembre) et c’est pourtant ce que le PPRT souhaite éviter : l’explosion.

Réunion de présentation du PPRT du 22/11 / Photo EJ

La réunion de mercredi a eu le mérite de mettre les choses d’équerres : tout le monde est contre ! Les fonctionnaires présent pour le présenter ont du faire face à une salle franchement hostile.

De son coté l’Association pour la défense des intérêts de la Robertsau (ADIR), en pointe sur le sujet, doute de la sincérité de ce PPRT et conteste principalement les modifications très arrangeantes :

« Un premier projet répondant correctement aux risques a été élaboré en 2009. Celui-ci mettait l’administration, la Ville et les entreprises devant leurs responsabilités, et se traduisait par l’expropriation de 9 entreprises, le déplacement de la déchetterie, du stade et d’une partie des jardins familiaux. La voirie de lisière Est qui devait desservir de nouvelles urbanisations, ne pouvait être réalisée. Des travaux de confortement étaient nécessaires pour diverses habitations privées. Le coût financier et politique de ces conséquences était trop lourd pour ces partenaires. »

L’ADIR demande également des études indépendantes, une demande restée sans réponse pour l’instant.

Les conséquences annoncées seront particulièrement lourdes pour la Robertsau :

  • fermeture du quai Jacoutot et un accès aux zones de loisirs impossible (promenades, étang de pèche, zone naturiste…)
  • fermeture d’une partie de la digue aux vélos et aux piétons
  • interdiction des rassemblements de plus de 100 personnes au Pourtalès
  • 10 habitations devront réaliser des travaux (subventionnés à 80 %)

Les opposants pointent également les nombreuses contradictions :

  • Les bateaux pourront toujours circuler sur le Rhin, comme à l’écluse
  • les construction seront toujours possible quartier Mélanie Pourtalès
  • le PPRT s’arrête au milieu du Rhin… oubliant la zone industrielle allemande.
Le zonage du PPRT (doc remis)

Semblant prendre la mesure de la fronde, la ville de Strasbourg votera demain un avis dans lequel elle exprime ses réserves sur le PPRT, où elle conteste les « modes d’application des interdictions de circulation » mais, ménageant la chèvre et le choux déplore également les restrictions au développement des entreprises.

Et dans 20 ans ? 

Y’a t-il un pilote dans ce dossier où ce PPRT est-il l’addition d’intérêts particuliers ? Le fait-on uniquement dans le but de se « couvrir » en cas d’accident ?

Car à vouloir ménager tout de monde, personne n’est satisfait. Y’a-t-il quelqu’un pour dire ce que sera ce site dans 5, 10 ou 20 ans ? Le débat serait beaucoup plus simple. Car le constat est limpide :  la cohabitation d’activités dangereuses et des habitations est impossible à terme. Particulièrement dans un quartier qui est appelé à se densifier, avec le développement du projet deux rives, la question de la présence d’activités dangereuses au cœur d’une ville se pose plus jamais.

Une enquête publique devrait avoir lieu en février 2013 avant une éventuelle approbation du PPRT au printemps 2013.


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