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Premier week-end et nouveau souffle à Django Reinhardt

Aujourd’hui et demain, l’espace culturel Django Reinhardt ouvre ses portes pour son week-end inaugural. Avec une programmation laissant entrevoir ce que deviendra ce lieu nouvellement géré par l’association BeCoze.

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Premier week-end et nouveau souffle à Django Reinhardt

L'espace culturel Django Reinhardt
L’espace culturel Django Reinhardt au Neuhof (photo Ville de Strasbourg)

« De l’art, du lien, du sens ». Tel est le mantra de la nouvelle équipe de direction de l’espace culturel Django Reinhardt ancré dans le quartier du Neuhof depuis de nombreuses années. Une équipe nouvelle et jeune dont le projet avait été validé par la Ville de Strasbourg parmi plusieurs autres dossiers présentés. À sa tête, on trouve Pierre Chaput, que Rue89 Strasbourg avait interviewé au mois de décembre 2015. Le directeur de Django Reinhardt depuis le 1er janvier détaille ses ambitions à travers l’offre proposée en ce week-end inaugural :

« Ce samedi et ce dimanche, c’est en quelque sorte la vitrine de ce qu’on va mettre en place durant les six prochains mois. On met en valeur la scène locale via des groupes émergents mais aussi des groupes confirmés car c’est potentiellement leur lieu d’investissement et d’expression. Et puis on a la volonté d’ancrer ce lieu dans le quartier du Neuhof, avec ses acteurs. Cela passe par des concerts mais également par de la médiation, en amont et en aval, un travail avec des partenaires locaux. Par exemple, on ira encore à la rencontre de l’ensemble des acteurs associatifs, scolaires, éducatifs, sociaux, médicaux pour comprendre ce qu’ils font, comment ils interviennent dans la vie du quartier et pour savoir quelles pourraient être leurs attentes vis à vis de cet espace Django Reinhardt et bien sûr par rapport à notre projet. Nous sommes donc au début de six mois qui ont valeur de test. »

Pierre Chaput : "Il y a un besoin de structuration de la filière des musiques actuelles à Strasbourg" (Photo PF / Rue89 Strasbourg / cc)
Pierre Chaput, le nouveau directeur de l’espace Django Reinhardt (Photo PF / Rue89 Strasbourg / cc)

« Le samedi reflète tout le panel de la scène locale »

La programmation de Django Reinhardt, elle, est désormais assurée par Benoît Van Kote, qui officie notamment au Camionneur. C’est lui qui a monté l’affiche (programme complet à retrouver sur la page Facebook du week-end inaugural) de ce samedi 6 février, avec, entre 16h et 18h sur le parvis de la salle, la création d’une fresque de graff avec Stom500 doublée d’une déambulation sonore de percussions africaines avec la compagnie Sokan. Viendront, à partir de 18h30, une battle de danse hip hop organisée par Illusion Crew puis le concert de jazz manouche avec Dino Mehrstein et, à 20h45, Jamylla et les Bi-Bouches dont on a pu découvrir le clip sur le quartier du Neuhof il y a quelques semaines :

Également au programme, pour poursuivre la soirée, le hip hop de Mess Bass, un concert du groupe Weepers Circus et le blues-rock de Dirty Deep. Benoît Van Kote livre les clés de son choix :

« On veut vraiment montrer tout le panel de la scène locale qui est riche et foisonnante. Dino Mehrstein, c’est du jazz manouche, c’est l’ADN même de cette salle qui s’appelle Django Reinhardt. Avec Mess Bass, il y a une grosse actu, une sortie d’album, un rayonnement local et régional, et le but, c’est de faire encore progresser cet artiste, lui faire passer ce cap et l’emmener au-delà. Quant aux Weepers Circus et Dirty Deep, leur renommée est bien plus importante et ce qu’ils font reflète aussi très bien ce qu’est Strasbourg. Enfin, Jamylla a sorti un clip qui a de la gueule et le but, c’est de casser les clichés du quartier, de faire bouger le Neuhof. Et aussi titiller le chaland pour qu’il vienne pousser la porte de la salle et passe le seuil de cet espace. »

Un dimanche plus familial

La Truite à Fourrures
La Truite à Fourrures et ses contes afro-américains (Doc. remis)

Le dimanche 7 février, lui, sera plus familial avec, dès 14h, un atelier de jeux monté en partenariat avec la médiathèque du Neuhof, qui se trouve dans les mêmes locaux. Puis, à 15h30, place à des contes afro-américains intitulés « Frère Lapin et autres histoires » par le duo La Truite à Fourrures et enfin, à 16h30, ce sera la projection du documentaire « Patshiva Cie sur la route » tourné lors de la venue de la compagnie l’an dernier.

Et la suite du projet ?

L’association BeCoze a reçu les clés de l’espace culturel Django Reinhardt le 1er janvier dernier et sa mission court désormais jusqu’en août 2019. Un bail de trois ans et demi qui doit tout d’abord se concentrer sur la fin de la saison en cours, jusqu’à l’été 2016. Pierre Chaput précise le détail du calendrier :

« On profite pour le moment d’une demi-saison test avec une dizaine de dates à caler d’ici au mois de juin. On travaille donc au coup par coup. Il y aura ensuite une saison intermédiaire (2016-2017) avec environ 25 dates et par la suite, on essaiera de trouver un rythme de croisière avec 30 à 35 dates sur une saison. »

Et Benoît Van Kote d’ajouter :

« On n’a pas vraiment de genre prédéfini ni de ligne artistique particulière. L’idée, c’est de partir de ce que l’on appelle les musiques du monde pour aller vers les musiques actuelles au sens large, sachant que ces étiquettes peuvent être dangereuses. Car aujourd’hui, les musiques du moment sont actuelles et elles sont toutes des musiques du monde. On veut surtout favoriser le plus possible les innovations et les mixités, culturelles et géographiques. »

C’est ainsi que la première date de concert, le 20 février prochain, verra monter sur scène l’African Salsa Orchestra, orchestre né en 2014 de la volonté du chanteur tromboniste béninois Michel Pinheiro pour une balade sonore et dansante de Cotonou à Cuba.

« Développer une pépinière musicale pour groupes locaux »

Avec ses 350 places en configuration debout et ses 160 sièges en version assise, l’espace culturel Django Reinhardt se veut un équipement complémentaire de ce qui existe déjà à Strasbourg et dans l’Eurométropole. Et pour réellement marquer l’ancrage dans le quartier du Neuhof, Pierre Chaput et son équipe veulent dépasser le cadre des concerts :

« Il faut donner du sens à cette expression : un espace culturel. On envisage par exemple des moments d’échange informels dans le quartier, autour de petits-déjeuners ou des apéros, et des moments plus formels, avec des tables rondes. Musicalement, on veut axer le travail sur la diffusion, la création, la structuration avec la mise sur pied d’une pépinière, a priori pour quatre groupes, afin de cibler les manques, les lacunes de ces formations, de partir de leurs besoins en matière de booking, de cadre juridique, de travail de scène, de coaching, pour ensuite éventuellement mutualiser les forces. On sera dans l’accompagnement (ndlr, les dossiers de candidature seront mis en ligne au printemps, au plus tard fin mai, pour ensuite lancer la sélection). Et l’idéal, en la matière, serait d’avoir un turn-over sur la saison, sur une période de 12 à 18 mois avec des « grands frères » qui seraient présents aux côtés de ces artistes. »

Evidemment, on pense à Abd al Malik, l’enfant du Neuhof. Selon Benoît Van Kote, il fait partie des noms, mais avec ses multiples projets et sollicitations artistiques, il reste compliqué à joindre et il est bien difficile d’avoir des retours de sa part.

Ciné-club, expositions, conférences

Autres projets de l’équipe de Django Reinhardt : des résidences d’avant-scène ou de création pour les groupes locaux. Et d’autres formats qui dépassent le cadre musical.

« Des rendez-vous du cinéma, sous la forme d’un ciné-club, avec un rythme mensuel dans l’idéal. On espère pouvoir lancer ça correctement dès le mois de septembre. Il y aura aussi des conférences, sur les esthétiques musicales ou des problématiques citoyennes. Ainsi que des expositions, sans doute autour du Lego, a priori au mois de mai. »

Y aller

Week-end inaugural de l’espace Django Reinhardt, ce samedi 6 février et ce dimanche 7 février à l’espace culturel Django Reinhardt, 4 impasse Kiefer à Strasbourg. Entrée libre.


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