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SOS Fantômes et le vernis de la nostalgie

La nouvelle version de SOS Fantômes, classique de la comédie fantastique des années 80, a déchaîné les passions plusieurs mois avant sa sortie. Les fans hargneux de la première heure ont d’emblée déversé leur bile à l’idée. Le casting est venu s’écharper sur Twitter. À présent, le résultat définitif parvient sur nos écrans. Peut-être pourrons-nous donc enfin parler du film ?

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SOS Fantômes et le vernis de la nostalgie

Une équipe de spécialistes du paranormal, ramassis de bras cassés, scientifiques excentriques et désargentés, se réunissent pour chasser le fantôme à New-York. Le postulat de Ghostbusters, SOS Fantômes en français, version 2016 est donc exactement similaire à celui du film de 1984.

Personne ne s'inquiète de ne pas croiser les faisceaux (Copyright Sony Pictures Releasing GmbH)
Personne ne s’inquiète de ne pas croiser les faisceaux (Photo Sony Pictures Releasing)

Who you gonna call ? (again)

Le changement principal, celui sur lequel la presse s’est si longuement attardé, c’est l’inversion des sexes. Les chasseurs sont à présent des chasseuses. Kirsten Wiig, Melissa McCarthy et Kate McKinnon viennent remplacer le trio Bill Murray, Dan Aykroyd et Harold Ramis. Ce changement, qui pourrait paraître fondamental, ne l’est en rien. Aucun ressort comique du film ne se fonde sur le sexe des personnages. Plus important, ces nouveaux visages sont issus du même terreau que les anciens.

Wiig et McKinnon sont aujourd’hui les nouveaux visages du Saturday Night Live, succession de sketchs hebdomadaires, émission comique absolument culte de la télévision américaine. Ce programme existait déjà au début des années 80. Et avant de révéler Mike Myers et Eddie Murphy, il était le terrain d’expérimentation de Bill Murray et de ses futurs Ghostbusters. À cette époque, la grande star du show n’est autre que Jim Belushi, auquel le rôle principal du film de 1984 était initialement promis.

Un vrai bon reboot, remake, reload…

SOS Fantômes 2016 se nourrit donc du même vivier comique que son prédécesseur. Il partage un même humour. On ne peut même pas dire que son ton ait été édulcoré, puisque les répliques libidineuses autrefois réservées à Murray reviennent lors des apparitions de l’éphèbe blond joué par Chris Hemsworth.

Ce remake (reboot, au choix, puisqu’il convient d’utiliser le nouveau vocable des studios de cinéma) dispose des mêmes armes, des mêmes atouts que son illustre prédécesseur. Le résultat est une oeuvre efficace qui souffre de son label, de son sigle, de son thème musical. Débarrassé de la marque, ce nouveau Ghostbusters est un film drôle, rythmé et attachant, une comédie qui remplit aisément son office.

S’agit-il d’un chef-d’oeuvre, ou même d’un grand film ? Assurément, non. Mais il en va de même pour le film initial, signé Ivan Reitman.

(Copyright Sony Pictures Releasing GmbH)
Les spectres ont un peu plus de lustre quand même… (Copyright Sony Pictures Releasing GmbH)

Ivan qui ?

SOS Fantômes est un produit des années 80, un long-métrage porté par le charisme de ses interprètes, par un scénario définitivement drôle et original. La nostalgie n’en fait pas une oeuvre indispensable ou un chef-d’oeuvre indéboulonnable au panthéon cinématographique. C’était, à sa sortie, un film génial pour les mômes que nous étions, au même titre que les Goonies ou Buckaroo Bonzai.

La dimension référentielle de la culture pop gêne aujourd’hui l’analyse d’un grand nombre de films et de séries. Ce vague à l’âme, cette sacralisation perpétuelle des années 80, de l’avènement du mercantilisme corrélé au 7ème art vient empuantir bon nombre d’arguments.

Ainsi, la série Stranger Things, qui triomphe actuellement sur Netflix, n’est appréhendée qu’à l’aune de ses modèles. Beaucoup adorent parce qu’ils retrouvent la parfum d’E.T. quand d’autres détestent parce qu’ils n’y voient qu’un shoot mélancolique.

SOS Fantômes, dans sa version 2016, a été vilipendé avant même d’être vu par les gardiens du temple d’une culture de masse. Quand il n’est ni pire, ni meilleur que son modèle. Pour apprécier le film de Paul Feig, il convient simplement de faire descendre celui d’Ivan Reitman d’un piédestal usurpé.

La bande annonce

 


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