Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

La SNCF établit que le TGV d’essai a déraillé parce qu’il allait trop vite

Les résultats de l’enquête interne de la SNCF ont été communiqués ce jeudi : l’accident du TGV d’essai à Eckwersheim provient bien d’une vitesse excessive au moment d’aborder le virage. Le rapport technique exclut toute autre défaillance.

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Une vue aérienne de l'accident (Photo F3 Alsace / Twitter)

Une vue aérienne de l'accident (Photo F3 Alsace / Twitter)
Une vue aérienne de l’accident (Photo F3 Alsace / Twitter)

La rame d’essai du TGV a abordé le virage d’Eckwersheim au nord de Strasbourg samedi un peu après 15h à 265 km/h alors qu’il était prévu qu’elle roule à cet endroit à 176 km/h. Cette constatation a été tirée des enregistreurs (boites noires) et des appareils de mesure présents dans le train par la SNCF dans le cadre de son « enquête immédiate » et communiquée jeudi midi lors d’une conférence de presse à Paris.

Le TGV d’essai en provenance de Meuse-TGV a amorcé sa décélération un kilomètre trop tard à l’approche de Strasbourg. Il évoluait encore à 243 km/h au moment où la motrice a quitté les rails, juste avant le pont qui enjambe le canal de la Marne au Rhin. La motrice a alors percuté le pont, ce qui l’a cassée en deux mais n’a que légèrement blessé les occupants. Le train s’est alors déporté sur la gauche, a basculé et s’est disloqué. C’est lorsque l’avant-dernier wagon a percuté à son tour le pont que la majorité des victimes a trouvé la mort.

Sept personnes dans la cabine

Onze personnes sont décédées lors de cet accident, dont le directeur de la LGV-Est et le directeur des essais de la SNCF. Selon les conclusions des experts de la SNCF, c’est bien la vitesse excessive à l’approche de la courbe qui a fait dérailler le train. Les enquêteurs du transporteur excluent toute autre possibilité car ils n’ont pas relevé d’anomalie dans les infrastructures, ni dans la rame TGV ni dans la gestion du trafic sur cette voie encore fermée à la circulation. La rame accidentée effectuait le dernier voyage de validation de la seconde phase de la ligne à grande vitesse Est.

Elle contenait 53 personnes à bord, des techniciens de la SNCF ou affiliés mais aussi des accompagnants, proches des familles des agents mais qui n’étaient pas liés au protocole de test. L’accident a fait en outre 42 blessés. Seize personnes sont encore hospitalisées à Strasbourg, dont deux en réanimation.

L’enquête a également mis en évidence que sept personnes étaient présentes dans la cabine au moment de l’accident. Il reste à établir si l’attention du conducteur ou sa vigilance a pu être perturbée par ces personnes. Sur les causes de la vitesse excessive, le parquet de Strasbourg n’indique aucune hypothèse.

Dans ses premières déclarations, le conducteur de la rame avait nié être en excès de vitesse au moment d’aborder la courbe d’Eckwersheim.

Un report de la LGV Est complète à prévoir

Le président de la SNCF, Guillaume Pépy, a détaillé une série de mesures pour éviter qu’un tel accident ne se reproduise. Il a rappelé que cette vitesse excessive avait été rendue possible car les protocoles de test désactivent une série de systèmes de sécurité qui sont en vigueur sur les trajets en exploitation commerciale. Quant à la date de livraison de la seconde phase de la LGV Est, Guillaume Pépy a indiqué qu’il fallait « se préparer » à un report de la date d’avril 2016, initialement prévue. La SNCF n’est pas en mesure à l’heure actuelle de fournir une nouvelle date.

Dans l’après-midi, procureur de la République adjoint de Strasbourg, Alexandre Chevrier, a indiqué se déssaisir du dossier au profit du parquet de Paris, en raison du grand nombre de victimes et de la complexité du dossier. La suite de l’enquête sera confiée à deux magistrats instructeurs du pôle des accidents collectifs et à l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN).

Ils devront établir, outre l’enchaînement des faits, l’expertise des freins, boîtiers de vitesses, données, la raison de la présence de chacune personnes à bord, leur emplacement au moment de l’accident et la chaîne de responsabilités.

(Mis à jour à 15h30 pour inclure les éléments des parquets de Paris et Strasbourg)


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