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117 migrants mis à l’abri dans un gymnase pour l’hiver

Les 117 personnes, principalement en demande d’asile, installées quai de Malte et parc de la Bergerie à Strasbourg ont été mises à l’abri mercredi 9 janvier. Direction un gymnase où ils devraient être accueillis par les services de l’État.

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Les familles et les personnes isolées sont restées plusieurs semaines dans le froid (Photo Gérard Baumgart / doc remis)

Comme annoncé en début de semaine, la Ville de Strasbourg est venue pallier les carences de l’État quant à son obligation de loger les personnes relevant du droit d’asile. Car malgré 414 places supplémentaires ouvertes dans le cadre du plan hiver, l’État n’a eu en 2018 que 3 520 places disponibles pour 4 051 demandeurs d’asile enregistrés, un chiffre en hausse de 11%.

Originaires des pays de l'est de l'Europe, plusieurs migrants s'étaient installés quai de Malte (Photo Gérard Baumgart / doc remis)
Originaires des pays de l’est de l’Europe, plusieurs migrants s’étaient installés quai de Malte (Photo Gérard Baumgart / doc remis)

Cette situation a provoqué l’installation de campements sauvages dans les parcs et espaces verts strasbourgeois, les plus récents étant depuis mi-novembre au parc de la Bergerie et quai de Malte. Évacués mercredi matin, 117 personnes y vivaient, 15 familles et 45 personnes isolées, des demandeurs d’asile en provenance de l’est de l’Europe et d’Albanie pour la plupart. Toutes ont été mis à l’abri dans un gymnase de la Ville de Strasbourg.

L'installation au parc de la Bergerie prenait des allures de bidonville (Photo Gérard Baumgart / doc remis)
L’installation au parc de la Bergerie prenait des allures de bidonville (Photo Gérard Baumgart / doc remis)
La Ville de Strasbourg s'est elle-même chargée de l'évacuation et du démantèlement des camps (Photo Gérard Baumgart / doc remis)
La Ville de Strasbourg s’est elle-même chargée de l’évacuation et du démantèlement des camps (Photo Gérard Baumgart / doc remis)

La pression des températures

Face à la baisse des températures et à la perspective d’un décès ou d’une aggravation de la santé des jeunes enfants, la mairie de Strasbourg a proposé à la préfecture du Bas-Rhin l’appui de ses services. L’hébergement d’urgence est une compétence de l’État mais la répartition des places est assurée par le 115, lequel est géré par le Centre Communal d’Action Social (CCAS)… par délégation de l’État. Marie-Dominique Dreyssé, adjointe au maire de Strasbourg en charge des solidarités, résume ainsi l’accord entre la Ville et l’Etat :

« Les demandeurs d’asile à la rue, c’est de la compétence de l’Etat. La mairie offre son aide en ouvrant un gymnase et en proposant des hébergements supplémentaires pour permettre la fermeture du camp. À charge pour l’État de trouver une solution pérenne pour ces personnes. »

Dans un communiqué commun publié mercredi, l’État et la Ville assurent qu’aucune personne ne sera remise dehors, même après la fin de l’occupation du gymnase. Les services de la Préfecture, de la direction départementale de la cohésion sociale (DDCS) et de la direction territoriale de l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration (OFII) doivent désormais préciser les situations administratives de ces personnes, afin de les orienter auprès de services d’hébergement moins sollicités ailleurs en France.

Les familles et les personnes isolées sont restées plusieurs semaines dans le froid (Photo Gérard Baumgart / doc remis)
Les familles et les personnes isolées sont restées plusieurs semaines dans le froid (Photo Gérard Baumgart / doc remis)

Un nouveau centre d’accueil au printemps 2019

Pour pérenniser le logement des personnes en cours de demande d’asile, l’État n’a pour l’instant que deux perspectives. La première est leur déplacement dans un autre lieu du département voir de la région si des places y sont disponibles dans les Centres d’Accueils et d’Orientation (CAO) ou dans les Centres d’Accueil pour Demandeurs d’Asile (CADA).

La seconde est la construction de nouveaux sites pour augmenter la capacité d’hébergement de demandeurs d’asile à Strasbourg. Marie-Dominique Dreyssé qu’un nouveau lieu est en projet : « il permettra d’accueillir environ 80 personnes et devrait ouvrir au printemps, et sera cofinancé par la Ville et l’État ». Celui-ci devrait accueillir pour moitié des demandeurs d’asile et des personnes sans-abris de manière inconditionnelle.

Une attention auprès des familles avant l’évacuation

Les agents de la Ville ont suivi la situation des migrants installés dans les campements et ont cherché à mettre à l’abri les enfants les plus jeunes, ainsi qu’à assurer la scolarisation des autres, dès leur installation.

L’ouverture en urgence d’un gymnase pour accueillir les personnes sans-abri est aussi demandée par le collectif SDF Alsace pour éviter les tensions. Monique Maitte, porte-parole de ce collectif, craint qu’une différence d’accueil avec les demandeurs d’asile ne crée un sentiment d’injustice :

« Il n’y a pas de registre des personnes dans la rue, on estime qu’elles sont entre 600 et 800 cet hiver. Et elles aussi ont toutes besoin d’un gymnase pour être au chaud avant de trouver un hébergement. »

Du côté de la Ville, Marie-Dominique Dreyssé assure que le relogement des demandeurs d’asile permettra de soulager le dispositif d’hébergement d’urgence :

« Nous savons qu’il y a beaucoup de personnes à la rue, demandeurs d’asile ou droit commun. Avec la fermeture des sites (les campements de demandeurs d’asile), nous allons répondre à une partie des besoins. Mais nous savons que 600 personnes ne trouvent pas de réponse pour leur hébergement par le 115. »


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