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À Altorf, des locataires d’une résidence sociale passent une semaine sans chauffage 

La dizaine de locataires de l’ancien presbytère d’Altorf est privée de chauffage depuis le 25 décembre. Malgré les courriers répétés au bailleur social du Foyer de la Basse Bruche, le froid et les coupures persistent dans les logements.

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Le bayeur social du Foyer de la Basse Bruche gère les 11 logements de l’ancien presbytère d’Altorf.

Depuis son arrivée au presbytère d’Altorf, près de Molsheim, une routine fastidieuse s’est peu à peu installée. « Je regarde mon téléphone pour voir si on n’a plus de chauffage ou d’eau chaude », soupire Magalie, régulièrement alertée des coupures par ses voisins.

Depuis le 25 décembre, les onze logements gérés par le bailleur social du Foyer de la Basse Bruche sont privés de chauffage et d’eau chaude. Face à « la fréquence et la durée cumulées des interruptions », plusieurs locataires ont déposé des mises en demeure et signalé ces dysfonctionnements à la direction départementale des territoires et à l’Agence régionale de santé.

À l’extérieur, les températures de la fin décembre sont négatives. « Il fait près de -6 degrés (Celsius, °C) ici, et cet après-midi, on ne dépassera pas 1 °C », ajoute l’une des locataires, qui accepte de témoigner sous couvert d’anonymat. Celle qui se dit « la moins à plaindre » en raison de la petitesse de son appartement confie « laisser tourner en permanence » le vieux radiateur qu’elle conservait à la cave, en dépit d’une possible augmentation de sa facture d’électricité. Suite à un appel aux dons lancé par Magalie sur les réseaux sociaux, les locataires de l’ancien presbytère ont reçu plusieurs radiateurs d’appoint d’habitants des communes alentours. C’est le cas de Marie : « je préfère les éteindre la nuit, de peur qu’ils prennent feu », raconte la mère de famille.

Une trentaine de coupures et deux départs

Si la maintenance du chauffage collectif est assurée, les interruptions persistent. « Sur l’année, on a recensé près d’une trentaine de coupures », poursuit Magalie,« épuisée par cette situation ». « C’est insupportable pour ces habitants », reconnaît Laurent Furst, le maire (Les Républicains) de Molsheim, qui a exposé la situation au bailleur. 

Les logements de l’ancien presbytère sont gérés par le Foyer de la Basse Bruche, société d’économie mixte (SEM) qui gère près de 550 logements et dont le capital est réparti entre les communes de Molsheim, Mutzig, Dorlisheim, Dinsheim-sur-Bruche et le bailleur social Domial. En 2017, la Caisse des dépôts avait accordé un prêt de 4,4 millions d’euros à la SEM. Une partie des fonds avait permis de financer la création des logements de la résidence.

Martine Zerringer, la gérante du bailleur social assure que la situation est « en cours de résolution », en restant vague sur les délais. « Les locataires souhaitent un remplacement de chaudière : ce n’est pas à l’ordre du jour. Elle n’a que 13 ans, ce qui est jeune pour une chaudière collective. Laissons notre mainteneur KRESS de Rosheim apprécier ce point. S’il nous dit : la chaudière est hors service, il faut la remplacer, nous la remplacerons. » Et de préciser : « En dédommagement, le Foyer de la Basse Bruche a offert aux locataires le loyer de décembre.« 

En attendant, Marie « se débrouille ». « Je fais chauffer des casseroles d’eau pour le bain de ma fille de 6 ans, raconte-t-elle. Moi, je me douche sur mon lieu de travail. » Elle ajoute :

« Mon mari est en situation de handicap. On lui dit de bien se couvrir, mais sa maladie l’en empêche et le froid majore ses douleurs. On ne sait pas comment s’en sortir. Tout ce qu’on veut, c’est un logement décent. »

En 2022, « on n’avait pas eu de chauffage ni d’eau chaude pendant deux semaines », se souvient un locataire. « À cette époque, on n’avait entrepris aucune démarche vis-à-vis du bailleur », retrace Marie. De guerre lasse, Marie-Sophie a quant à elle décidé de quitter le presbytère pour un logement privé. À 67 ans, cette retraitée parcourt régulièrement les 30 kilomètres qui la séparent du logement de sa fille pour se réchauffer et prendre une douche. Le 28 décembre, le thermomètre placé dans sa chambre affichait 13 °C. « Une température pareille, ce n’est pas humain », s’émeut l’une de ses voisines. Un autre locataire du logement social est en passe de quitter son logement pour des raisons similaires. « C’est peine perdue », répète cet habitant, qui « ne sait plus à qui s’adresser ».


#mal logement

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