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Au Bout de la Rue, un éphémère lieu de vie artistique enchante la Meinau

C’est dans une ancienne école maternelle de la Meinau qu’un conglomérat de bonnes volontés fait vivre un nouveau lieu culturel. Au bout de la rue accueille des initiatives hétéroclites, toutes destinées à rassembler et enrichir les rapports entre les arts, les savoir-faire et les individus. Conçu par la compagnie Lu², ce lieu a été aménagé avec la complicité de nombreux bénévoles et oxygène le quartier.

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Au Bout de la Rue, un éphémère lieu de vie artistique enchante la Meinau

Il est facile de le manquer. Niché derrière un linéaire commercial dont ne subsistent que deux enseignes, l’ancienne école maternelle du 14, rue de Champagne à la Meinau présente une façade claire derrière un portail de métal bleu. Avec ses grandes vitres, le lieu laisse facilement entrer le soleil aussi bien que les habitants. Et si la cour de pavés noircis par le temps et l’enduit marqué de la façade donnent un aspect endormi à l’ensemble, l’activité qui règne en ces murs a de quoi réjouir et surprendre.

Dans l’entrée, une fresque réalisée par Mathias Graff et Julie Stoeh encadre le mur des anciens sanitaires pour enfants, reconvertis pour la plupart en jardinières Photo : TK / Rue89 Strasbourg / cc

Construire avec la Meinau

Depuis le printemps 2020, une compagnie artistique, Lu², s’est installée dans un local situé à l’angle de la rue de Champagne et de la rue de Franche-Comté, judicieusement nommé Au Coin de la rue. Les membres de cette compagnie ont demandé et obtenu de pouvoir occuper les 230 m² de l’ancienne école située quelques numéros plus loin, afin d’y héberger des activités, avant sa démolition. Nommé Au bout de la rue, c’est ce bâtiment qui héberge les initiatives d’habitants et d’associations.

« Ce sont des locaux qui sont bien connus dans le quartier, car c’était un jardin d’enfants franco-anglais auparavant, » raconte Vincent Leport, un riverain de la Meinau engagé dans plusieurs associations locales. Ainsi, quand la compagnie Lu² sollicite les habitants pour rénover le lieu, ceux-ci avancent en terrain connu. L’agencement et la destination des différentes salles a fait l’objet d’une discussion en avril. Cet échange a permis de voir émerger les usages et les moyens à mobiliser pour faire du Bout de la rue une place à l’image du quartier.

La cour de l’ancienne école maternelle trouve un second souffle Photo : Célia Van Haaren / doc remis

Bien que l’école, désaffectée, était encore en bon état, il a fallu organiser une rénovation avec l’aide de riverains. Certains sont venus peindre les murs, d’autres ont donné du mobilier pour agencer les grandes salles vides. La version finale du lieu prévoit un atelier de bricolage, une petite médiathèque, un grand salon, un espace de création sonore et même une pièce à sieste. Plus qu’un simple lieu d’accueil, dont les ouvertures seraient strictement limitées par des événements, l’espace se pense comme un véritable lieu de vie, et de rencontres, un « tiers-lieu » comme disent les urbanistes.

Des artistes, des associations et des habitants se sont mobilisés pour mettre leurs talents au service du groupe. Des cours de langues, de cuisine, une chorale et un studio photographique côtoient des activités de couture et de mécanique. L’initiative allie aux pratiques artistiques des initiations à l’artisanat et aux travaux manuels.

Un atelier de réparation de vélos prend parfois place dans la cour Photo : Célia Van Haaren / doc remis

Cette liste a vocation a évoluer, en fonction des forces vives et des associations qui voudront se rajouter à cet éventail. « On a pu démarrer un atelier d’allemand, avec l’association MeinGarten » se réjouit Vincent Leport, « et j’ai pu redémarrer la chorale “Oasis de la rencontre”, qui ne pouvait plus répéter, faute de locaux. » Des pots de peinture sont rangés sur le sol d’un local. « On a aussi démarré des ateliers artistiques pour la préparation de la prochaine Fête des peuples », un rendez-vous de l’été emblématique de la Meinau, qui met à l’honneur la richesse des cultures qui composent le quartier. En conviant les habitants à l’occasion de festivités, mais aussi durant leur préparation, Au bout de la rue ne désemplit pas.

Des décorations réalisées pour le Comité des peuples Photo : Ondine Policand / doc remis

Au-delà du lieu, faire rayonner le quartier

La compagnie Lu² imagine des initiatives originales à destination du quartier. Déjà en janvier 2020, le Streetalbum avait poussé à la découverte. Sur le modèle d’un album Panini, cette collection de photos réalisées par Paola Guigou gardait cependant des cases blanches, qu’il fallait combler en se rendant sur place récupérer des vignettes. Une façon de valoriser à la fois l’ensemble du quartier et d’inviter les possesseurs de l’album à s’y aventurer.

Plus récemment, la compagnie a inauguré un jeu de cartes : Légendes urbaines La Meinau, où sont repris des lieux et des événements marquants du quartier, pour imaginer des histoires, à improviser au fur et à mesure des cartes tirées. Ces initiatives trouvent dans le Bout de la rue un cocon où s’élaborer.

Le jeu parle aux habitants en mobilisant l’histoire de leur quartier Photo : Célia Van Haaren / doc remis

Un tel panorama laisse apercevoir la véritable substance du Bout de la rue : le collectif. Le lieu en lui-même ne doit qu’accueillir les volontés et les initiatives des artistes et des habitants. Au Bout de la rue finira par disparaitre, dans la démolition qui accompagnera la rénovation du quartier. La Meinau est concernée par un nouveau plan de rénovation urbaine, qui impliquera la destruction du 14 rue de Champagne. La dynamique initiée par la compagnie Lu² et les habitants pourrait y survivre.


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