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Bienvenue chez mon caviste

Solitude des rayons « alcools » du supermarché. Tristesse des montagnes de bouteilles aux étiquettes criardes dans certains magasins franchisés. Pour s’informer et acheter la bonne bouteille au bon moment, une seule solution, le caviste. Près de 30 boutiques spécialisées dans le vin ont pignon sur rue à Strasbourg. La sélection de la rédaction, augmentée de celle de nos lecteurs.

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Bienvenue chez mon caviste

Un fond de verre à déguster, l’un des plus du caviste de quartier. Ici, Au Fil du vin libre chez Jean Walch (Photo David Rodrigues)

Le caviste, une institution…

C’est souvent l’image du caviste. Une institution où les produits sont souvent trop chers, chez qui l’on ne va qu’en prévision des grandes occasions… ou jamais. Or aujourd’hui, face à la concurrence effrénée des « foires aux vins » de supermarchés et des magasins franchisés, les cavistes indépendants élargissent leur gamme de prix (le ticket moyen se situe entre 10 et 20€ pour une bouteille) et parient sur la qualité et l’accessibilité. Avec un message : on peut boire moins et mieux.

Alors bien sûr, certains cavistes très installés parient sur une clientèle acquise depuis de longues années et une bonne image de marque. Dans cette catégorie, Au Millésime est la véritable institution au centre-ville, installée rue du Temple-Neuf depuis 1975. L’actuel propriétaire, Michel Falk, propose quelque 1400 références (de 3€ à plusieurs milliers d’euros) de vins et alcools dans ses deux magasins du centre-ville et de Vendenheim. Jean-Frédéric Eckert, gérant de la boutique de la rue du Temple-Neuf et œnologue de formation, s’est entouré de vendeurs sommeliers à l’origine. Car pour conseiller une clientèle qui cherche avant tout la bonne bouteille pour accompagner un repas, ceux-ci sont « dix fois plus pointus » qu’un œnologue, spécialiste ès production viticole, explique-t-il.

Aiguillés entre les rayons par Jean-Frédéric Eckert, il est probable que vous repartiez avec une bouteille de riesling. C’est le péché mignon du jeune homme. En ce moment, il recommande le grand cru Altenberg de Bergbietten de 2008 du domaine de Frédéric Mochel. Vendu 16,90€, il « donne l’impression de sucer un caillou », un atout pour un cépage alsacien né d’une terre calcaire et dont on recherche précisément le goût minéral. Ici, les clients peuvent demander la carte de fidélité « Cœur gourmand », qui s’utilise dans 25 autres commerces alimentaires et restaurants du centre-ville.
• Au Millésime, 7 rue du Temple-Neuf (station de tram Place Broglie), 03 88 22 30 20 ou via le formulaire de contact

Deux autres cavistes au positionnement plutôt traditionnel sont bien connus des habitants de la Neustadt : La Cave du Sommelier et Vinum. Situés pas très loin l’un de l’autre, le premier est établi rue du Maréchal-Foch, le second avenue des Vosges. Ces cavistes proposent un choix de vins plutôt haut de gamme et sont « de bon conseil », jugent plusieurs lecteurs de Rue89 Strasbourg. Selon Le Petit Futé, le premier se démarque par une belle sélection « de vins australiens haut de gamme, de whiskies, de liqueurs et d’alcools blancs de qualité, et quelques terroirs méconnus alsaciens ». Le second, également présent à Colmar et Mulhouse est bien connu des clients de spiritueux.
• La cave du sommelier, 28 rue du Maréchal-Foch, 03 88 36 57 71 ; Vinum, 62 avenue des Vosges (bus 10, arrêt Palais des fêtes), 03 88 35 06 89 ou vinum.pro@gmail.com

Pour les amoureux de vin naturel…

Un caviste indépendant qui ouvre aujourd’hui est souvent un sommelier, un œnologue, un ancien cuisinier engagé, qui veut promouvoir une certaine idée du vin. Très différents dans leur fonctionnement des magasins franchisés – comme les Nicolas – ou des supermarchés du vin comme le Savour club (quai Kœnig), ils choisissent souvent seuls les vins qu’ils commercialisent et aucun contrat ne les lient à des vignerons, des coopératives, des distributeurs – c’est ce que certains revendiquent à tout le moins. Nous en avons rencontré quelques-uns, recommandés par nos lecteurs.

Jean Walch, 50 ans, connait personnellement la quasi-totalité des producteurs dont il vend les bouteilles (Photo David Rodrigues)

Ouverte il y a deux ans tout juste, la boutique Au Fil du vin libre n’a qu’un seul crédo : le vin bio ou biodynamique. Là, les nectars se font appeler Mer & Coquillage (Julien Meyer, Alsace), On s’en bat les couilles (Pascal Simonetti, Loir-et-Cher), Veau qu’a bu l’air (Cyril Alonso, Beaujolais) ou Le Verre est dans le fruit (Bruno Schuller, Alsace)… Le propriétaire des lieux, Jean Walch, est un ancien cuisinier, converti au vin « naturel » ou « libre » par des amis vignerons. Ses régions viticoles préférées : la Bourgogne et le Beaujolais, la Loire et l’Alsace. Les producteurs régionaux dont le travail tient une place prépondérante chez lui : Patrick Meyer (domaine Julien Meyer à Nothalten), Audrey et Christian Binner (Ammerschwihr) ou Jean-Pierre Frick (domaine Pierre Frick, Pfaffenheim). « Sans compromis », ce caviste est un militant qui « ne vend pas le vin comme on vend des bagnoles ou des barres chocolatées »…
• Au Fil du vin libre, 26 quai des Bateliers (bus 10, arrêt Bateliers), 03 88 35 12 09, jean.aufilduvinlibre@orange.fr

« Si je devais acheter du vin ailleurs que chez moi, confie Jean Walch, j’irais chez… Michel Legris ». Au Vinophile, rue d’Obernai dans le quartier gare, donc. Là, l’ambiance est bien différente de chez les autres cavistes. Et pour cause, les 1000 bouteilles exposées… sont vides ! « Le vin a besoin d’être à l’abri, j’ai du mal à comprendre qu’ailleurs, on l’expose en vitrine », note tout de go Michel Legris. Cet homme de lettres, ancien prof de philo et auteur d’un essai sur le vin, se définit comme un « sélectionneur, mais aussi comme un éleveur » de ce précieux breuvage. La gamme de prix, de 5€ à 500€ (comme chez beaucoup de cavistes…), et une sélection « arrivée à maturité ». Il explique :

« J’achète du vin et je le garde plusieurs années en cave. Quand il est prêt à boire, je le mets à la vente. Mes choix ? Plutôt des vins artisanaux, naturels. Jusqu’en 1995, j’avais un peu de difficulté à trouver des vins intéressants. Alors qu’aujourd’hui, je trouve largement de quoi satisfaire mes propres critères. Car il y a dans le monde du vin une montée des extrêmes : plus de production industrielle, mais aussi plus de petits producteurs en résistance. »

« Eleveur de vin depuis 40 ans », Michel Legris est aussi un homme de lettres (Photo David Rodrigues)

Chez Michel Legris, on peut aussi acheter des vins à faire vieillir dans sa propre cave. Pour savoir quand les boire, il faut s’abonner à La Lettre du Vinophile. Une bible envoyée par courrier quatre fois par an.
• Le Vinophile, 10 rue d’Obernai (station de tram Musée d’art moderne), 03 88 22 14 06

Dans la même mouvance du vin naturel, ce vin « qui ne donne pas mal à la tête » entend-on souvent, une autre enseigne se démarque, à Neudorf cette fois. Il s’agit d’Entre deux verres, rue de Rathsamhausen, tenue depuis trois ans par Alexis Quelqueger. Là, on trouve des « vins bio français et des vins bio du monde », de 4€ à une centaine d’euros. Gros plus : le site internet de la boutique est très complet, avec des descriptifs sur les différentes régions et divers pays viticoles représentés dans la sélection du caviste. Ce dernier organise pour les plus curieux des dégustations une fois par mois « sur des thèmes originaux ». Une bonne adresse à découvrir donc.
• Entre deux verres, 9 rue de Rathsamhausen (station de tram Landsberg), 03 88 66 11 89

Où l’on vient déguster et apprendre

L’Œnosphère est une petite boutique, située quai Finkwiller en face de la caserne des pompiers, qui donne envie. A l’intérieur, l’ambiance est cosy, l’accueil amical. Le jeune patron, Benoît Hecker, se définit comme un caviste « alternatif ». Ses choix se portent sur des domaines viticoles « hors des sentiers battus », des « cépages méconnus » et des vins naturels (70 à 80% environ). Il note :

« Mon but est de rendre le vin ludique et accessible. Je ne veux pas être un caviste élitiste, mais donner envie de boire du vin à des gens qui ne sont pas forcément des connaisseurs. »

Pour ce faire, et pour aider les clients à se repérer dans les rayonnages de son magasin, Benoît Hecker accroche une petite étiquette à chaque bouteille indiquant par des pictogrammes avec quels types de plat s’accorderait le vin. Dans la même démarche, le jeune sommelier propose des cours d’œnologie dont une lectrice nous a fait l’éloge : « Quand on en sort, on sait quel vin on aime et pourquoi on l’aime ». L’Oenosphère a déménagé et s’installe désormais dans un espace plus grand afin d’innover avec un nouveau bar à vin.
• Œnosphère, 35 rue de Zurich (Bus 30 arrêt Wattwiller) 03 88 36 10 87 ou info@oenosphere.com

C’est une adresse un peu confidentielle, un lieu à l’abri des regards. Situé rue du Miroir, à deux pas de la place Gutenberg en plein centre-ville, Terres à vin est à la fois une cave où l’on trouve les grands noms de la viticulture naturelle (une fois de plus…), et un bar à vin où s’attabler autour d’une bonne bouteille. Inclassable, cet endroit propose de faire découvrir aux fins gourmets des vins dont le prix moyen à la bouteille varie entre 7 et 20€, accompagnés d’assiettes « de grignotage » (cochon noir de Bigorre, beurres au sel fumé ou aux algues de chez Bordier à Saint-Malo…). A noter que Terres à vin a deux autres antennes, à Ittenheim (table et vins) et Westhoffen (locaux à louer « au milieu des vignes »).
• Terres à vin, 1 rue du Miroir (station de tram Langstrosse Grand’rue), 03 88 51 37 20 ou via le formulaire de contact

Au nord de l’agglomération, nos lecteurs apprécient Art, délices et vins, caviste qui propose des dégustations avenue de l’Energie à Hoenheim. La page Facebook de cette enseigne est bien renseignée.
• Art, délices et vins, 2 avenue de l’Energie (zone industrielle de Hœnheim-Bischheim), 03 88 49 25 16

Viens dans « mon » bar à vins

Cela fait 18 ans qu’lsabelle Kremer et son compagnon Stephan Maure font partager leur passion du vin aux Strasbourgeois. La marque Vino Strada, ce sont trois caves à Sélestat, Strasbourg, Colmar, un bar à vin flottant sur l’Ill et un restaurant inauguré en avril 2012. L’idée de ce nouveau lieu : des plats (de 9,90€ à 18,90€) présentés avec une suggestion de verres de vin pour les accompagner (entre 5 et 6€). La carte, de produits frais exclusivement, est renouvelée tous les 20 (sic) du mois. Une assonance qui n’est pas forcément le fruit du hasard. Le vin, Isabelle Kremer s’y consacre entièrement depuis 20 ans. La Stub, c’est son endroit à elle. Ouvrir un lieu de restauration « où les grandes tables se partagent comme la boisson » était une évidence pour Isabelle qui ressent « le besoin tous les trois-quatre ans de se lancer dans un nouveau projet d’entreprise ».

Le Bacchus, la péniche de Vino Strada quai des Pêcheurs (Photo David Rodrigues)
Au Bacchus, ambiance « after work » pour cadres dynamiques… (Photo D. Rodigues)

Stephan Maure est lui tous les soirs présent à la péniche Le Bacchus, amarée le long des berges du quai des Pécheurs. Ouverte en 2006, elle dispose d’une carte riche de 1020 références d’alcools et de vins. Les verres, dont le premier prix est de quelques euros, ne coûtent pas plus cher que l’achat d’une bouteille : le concept commercial du Bacchus, c’est de diviser le prix de la bouteille (75 cl) par six, pour définir le prix d’un verre (12 cl). Le couple a deux petites filles. D’après leur mère, elles savent reconnaître le cépage d’un vin rien qu’en humant le verre. Déjà tombées dans le tonneau…
• Wine Stub Vino Strada, 8 rue du Temple-Neuf Strasbourg, 03 88 16 96 21 (Ouvert du lundi au samedi le midi et du jeudi au samedi le soir) ; Le Bacchus, quai des pécheurs, 03 88 36 65 78 (Ouvert tous les jours de 17h à minuit et jusqu’à 1h le week-end) ; Vino Strada (caviste), 20 rue des Bouchers, 03 88 36 87 17

C’est le bar à vins chic et branché de la ville. Pas de tenue correcte exigée mais presque. Le Hannong bar, au rez-de-chaussée de l’Hôtel Hannong rue du 22-Novembre, est ouvert du mardi au samedi, de 18h à 1h du matin. En vedette : les « coups de cœur viticoles de Christophe (Soudant), sommelier passionné toujours prêt à partager sa connaissance des vins d’Alsace et d’ailleurs, mais aussi de savoureuses préparations maison ». Alléchant programme.
• Le Hannong bar, 15 rue du 22-Novembre (station de tram Alt Winmärick), 03 88 32 16 22 ou info@hotel-hannong.com

Une autre adresse est aussi voire plus connue pour sa carte des vins que pour sa cuisine – sans offense de la part de nos témoins – c’est Le Pont du Corbeau, qu’on pourrait prendre de prime abord pour une winstub classique. Mais la carte est résolument au service de ce qui est versé dans les verres… Tenu depuis 30 ans par Christophe Andt, l’endroit enthousiasme les amateurs de tables chaleureuses, tel Gilles Pudlowski, qui loue sur son blog ce « lieu antédiluvien, avec son ambiance chaleureuse, (…) sa carte des vins incroyable, digne d’un grand restaurant, sa théorie de jolis sylvaners, de francs rieslings, de gouleyant pinots blancs, de beaux pinots noirs, mais pas seulement, avec ses clins d’œil côté Bourgogne, Bordelais, vallée du Rhône ou Languedoc, on se dit qu’elle joue jeu à part… » Située en face de l’Ancienne douane, à un numéro du Musée alsacien, cette adresse semble être une heureuse entrée en matière pour qui veut découvrir le Strasbourg traditionnel… et boire un bon vin.
• Le Pont du Corbeau, 21 quai Saint-Nicolas (bus 10, arrêt Corbeau), 03 88 35 60 68

Avec la collaboration d’Anna Cuxac. Et sur les bons conseils des lecteurs de Rue89 Strasbourg.

(Article mis à jour le 12 septembre 2013)


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