Pour la majorité écologiste, le débat d’orientations budgétaires est l’occasion de défendre son bilan avant les municipales. Lors de ce conseil municipal du lundi 3 novembre, Jeanne Barseghian (Les Écologistes) met en avant un mandat marqué par de « multiples crises » : pandémie, guerre en Ukraine, explosion des coûts énergétiques. En préambule, la maire pose le cadre : le débat est avancé pour tenir compte de l’échéance électorale, alors même que la municipalité ne dispose pas encore de loi de finances. « C’est un contexte difficile », précise-t-elle, avant de détailler les priorités guidant le budget 2026 : répondre à l’urgence sociale et climatique, garantir le service public – notamment la petite enfance – et adapter les écoles aux épisodes de canicule.
Son premier adjoint, Syamak Agha Babaei, défend un budget qu’il qualifie de « soutenable », malgré un emprunt de 75 millions d’euros prévu en 2025, et souligne la nécessité d’investir pour transformer la ville. Face à lui, les oppositions ne retiennent pas leurs critiques. Jean-Philippe Maurer (Les Républicains) juge cette politique budgétaire irresponsable : « Maîtriser, pour vous, c’est amplifier les endettements. (…) Avec un désendettement de 12 années, vous flirtez avec les lignes rouges budgétaires. »
L’opposition dénonce des « gaspillages »
Pierre Jakubowicz (Horizons), candidat aux municipales, dénonce « des millions d’euros gâchés dans [les études pour le] tram Nord » et qualifie la dette de « brutalité » : « Strasbourg n’aura jamais autant manqué de cap, de vision et d’ambition. » Caroline Barrière (PS) évoque « un gaspillage de l’argent public » et « la disparition du bouclier écologique et social », tandis que Jean-Philippe Vetter (LR), lui aussi candidat aux prochaines élections, pointe une augmentation de 87 % de la dette strasbourgeoise, quand d’autres communes voient la leur diminuer.
Après près de quatre heures de débats, le conseil prend toutefois acte du débat d’orientations budgétaires. Les discussions se poursuivront le 8 décembre, lors du prochain conseil, où le budget final du mandat sera présenté et soumis au vote.
Renforcer la petite enfance
Au-delà du débat budgétaire, la petite enfance occupe une place importante dans la séance. La Ville et la Collectivité européenne d’Alsace (CeA) déploient le nouveau contrat départemental 2025-2027, qui prévoit le financement de postes de sages-femmes et de puéricultrices, ainsi qu’une rallonge municipale de 183 000 euros par an pour créer un second poste d’éducateur à la parentalité.
Le conseil valide également la création d’une micro-crèche privée, la Maison Verte, à Strasbourg. Face aux interrogations de l’opposition sur la montée de l’offre privée, la maire rappelle que l’objectif premier reste de « renforcer le service public de la petite enfance ». Sur le mandat, 200 nouvelles places sont prévues dans le public, dont la moitié déjà opérationnelle, selon elle. Le vote se solde par 48 voix pour et 6 abstentions.
Dans la même veine, l’attribution de subventions supplémentaires pour la petite enfance, suscite, elle, un débat un peu plus animé. Céline Geissmann (PS) interroge : « Que faisons-nous au-delà du conjoncturel pour traiter durablement le problème ? » Marina Lafay défend l’action de la Ville : « Jamais un effort aussi conséquent n’a été réalisé sur ce mandat, notamment en termes financiers », et détaille les leviers mis en place, des discussions avec la Caf pour organiser au mieux le système, à l’audit du modèle économique, en passant par le diagnostic à l’échelle de l’Eurométropole et l’amélioration du remplissage des crèches.
Syamak Agha Babaei, premier adjoint, poursuit et rappelle que le système de la petite enfance a volé en éclat avec l’évolution des modes de vie et qu’il a fallu réévaluer les besoins, d’où les ajustements financiers en cours. Comme partout, les parents gardent de moins en moins leurs enfants. La demande a donc beaucoup augmenté. Jeanne Barseghian conclut : « Le système est à bout de souffle. Nous demandons à l’État d’ouvrir un grand débat national sur la petite enfance. » Le point est adopté à l’unanimité.
Projets urbains et partenariats
Plusieurs délibérations portent sur l’urbanisme et les politiques sociales. La reconversion de la Plaine Élan au Neuhof est par exemple validée, avec la création d’un parc urbain et l’ouverture d’un accès à la réserve naturelle, tandis que le partenariat avec « Réhabiter » pour l’habitat participatif est renouvelé.
Une convention de partenariat avec la ville ukrainienne de Kharkiv pour accompagner la reconstruction de la ville après la guerre est également votée. L’accord prévoit un soutien à l’éducation, à la culture et à l’économie locale, avec une attention particulière portée aux jeunes et aux projets culturels. Le conseil approuve ensuite un projet de coopération féministe avec Vanadzor, en Arménie, pour promouvoir l’égalité femmes-hommes dans la diplomatie et la médiation.
Enfin, trois candidats aux élections municipales de 2026 posent des questions d’actualité. Pierre Jakubowicz (Horizons) défend son projet de résolution pour soutenir artisans et commerçants, Jean-Philippe Vetter (LR) s’inquiète de la sécurité dans les musées après le vol spectaculaire au Louvre et du sort des étudiants, tandis que Catherine Trautmann (PS) s’intéresse au projet immobilier de l’ancien hôtel Mercure, place de Bordeaux. Une manière, pour chacun, de marquer sa présence dans la course à la mairie.
Chargement des commentaires…