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Concerts : Hip hop premier choix avec DJ Premier et Homeboy Sandman

S’il faut bloquer deux soirées, cette semaine, pour s’abreuver de bon hip hop, autant réserver le mardi 12 pour la venue à la Laiterie de DJ Premier, parrain vieillissant mais non moins affûté du rap East Coast qu’il dominait dans les années 90 avec feu Guru dans leur excellente association Gang Starr. Et, tant qu’à faire, autant poser une autre option sur le lundi 18, pour une relève new-yorkaise déjà bien cotée issue du Queens, Homeboy Sandman.

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Concerts : Hip hop premier choix avec DJ Premier et Homeboy Sandman

DJ Premier
DJ Premier (Doc. remis)

Avec Gang Starr, le rap faisait office de grande famille accueillante. Personne ne restait sur la brèche tant Premier et Guru aimaient explorer à tout-va, invitant l’univers tout entier à les suivre dans leurs pérégrinations sonores. Pionniers du rap East Coast durant la décennie 90, orfèvres d’un son incessamment rénové et revisité, Premier et Guru figurent aujourd’hui au panthéon du rap, au même titre que Public Enemy, Notorious BIG, Wu-Tang Clan, Jay-Z ou encore 50 Cent. Leur collaboration a donné naissance à sept albums, dont une compilation en guise de coup d’oeil rétrospectif sur dix ans de carrière, Full Clip : A Decade of Gang Starr.

Et l’un des standards du combo en est issu, titre inédit à l’époque, référence aujourd’hui : Full Clip.

A Guru le micro et le flow, à Premier les platines, les beats et les samples. Et Gang Starr voyait large, en précurseur de la mondialisation et de la mutualisation des rythmes jazzy, funk et soul que le tandem affectionnait. Très old school, sobre, incisif et claquant, le rap de Gang Starr atteint son apogée au printemps 1998 avec son cinquième disque, Moment of Truth, porté, entre autres, par cette pépite :

Paradoxalement, Moment of Truth marque aussi la fin progressive d’une époque commune à Premier et Guru. Tous deux travaillent encore à un ultime album, The Ownerz, gros échec commercial malgré quelques morceaux de bravoure tel ce Who Got Gunz tapageur avec Fat Joe et MOP :

The Ownerz referme quasiment quinze années d’aventure de Gang Starr qui ne se remettra plus jamais à l’ouvrage jusqu’à la disparition de Guru en 2010. Gang Starr reste ainsi à jamais une pointure et une signature notables du hip hop East Coast et DJ Premier en est aujourd’hui l’héritier, avec ses beats toujours aussi exigeants et acérés et son sens du rythme ultra-pointu et d’autant plus connaisseur que le quadragénaire évite soigneusement d’emprunter les chemins battus et rebattus d’un rap marketing. Signe d’intégrité, d’humilité et de passion propice aux innombrables collaborations qu’affiche aujourd’hui le CV de Premier.

Homeboy Sandman, touche-à-tout de talent

Homeboy Sandman
Homeboy Sandman (Doc. remis)

Lui aussi vient de New-York et il s’est nourri du hip hop de Gang Starr durant son adolescence alors même que Gang Starr avait déjà rendu l’âme. Homeboy Sandman a bien évidemment élargi son spectre musical pour assimiler et digérer les influences. Le grand trentenaire musclé au physique de playboy compte aujourd’hui quatre albums à son actif et s’est petit à petit construit une réputation de touche-à-tout de talent qui l’a logiquement mené aux côtés de quelques gros producteurs comme Spinna ou Ski Beatz pour des collaborations ponctuelles mais fructueuses.

L’an dernier, il a publié First of a Living Breed, sur le label californien Stones Throw Records du producteur Peanut Butter Wolf, qui peut se targuer de quelques prestigieuses signatures comme Aloe Blacc, Jay Dee ou Madlib. Et pour ce quatrième disque de Homeboy Sandman, Stones Throw a mis les moyens pour assurer promo et visibilité, misant donc sur son poulain new-yorkais.

A l’écoute, grande cohérence d’ensemble puisque des textes quelque peu mollassons sont largement compensés par des compositions plus musclées et surtout des flows très variés adaptés aux productions des DJ’s associés aux quatorze titres de l’album. Si Couple Bars ou Sputnik, par exemple, ne méritent pas de s’attarder très longtemps à cause d’une linéarité très (trop) répétitive, Rain met immédiatement la pêche, dès l’ouverture, et Watchu Want From Me entretient cet état d’esprit, agrémenté d’une touche festive, légère et colorée :

En somme, un flow maîtrisé et adaptable et aussi une plume qui ravira tant les anglophones endurcis que les plus hésitants puisque la musicalité des rimes et des mots rivalise d’égal à égal avec la substantifique moelle des textes.

Y aller

DJ Premier (avec Freestyle et DJ Swa en première partie) sera sur la scène de la Laiterie, 13 rue du Hohwald, le mardi 12 février à partir de 20h. Tarif : 12 euros en prévente, 15 euros en caisse du soir.
Homeboy Sandman en concert lundi 18 février au Mudd Club, 7, rue de l’Arc-en-Ciel (coproduction Pelpass, Flegme, Hiéro et Mudd). Entrée : 5 euros.


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