
Alors que le conseil de l’Eurométropole a repoussé à 2026 la mise en place d’une taxe incitative sur les ordures ménagères, cette dernière est déjà en place chez sa voisine, la communauté de commune de Kochersberg. Mais elle ne fait pas encore l’unanimité : certains habitants évitent la taxe en déposant leurs poubelles ailleurs, jusqu’à Hautepierre.
C’est à l’occasion d’une conférence de rédaction publique à Hautepierre qu’une habitante du quartier a attiré notre attention sur une pratique étonnante. Des particuliers ou entreprises extérieurs au quartier viendraient en voiture y déposer leurs ordures dans les poubelles semi-enterrées sur les trottoirs. Elle-même avait entendu et vu depuis sa fenêtre un déchargement de déchets à 3 heures du matin.

La CoCoKo et sa taxe incitative sur les déchets est en bleu clair, l’Eurométropole, sa taxe fixe et ses containers sur la voie publique dans les quartiers ouest de Strasbourg est en violet (carte wikipedia)
La situation géographique de Hautepierre est importante pour comprendre l’origine de ces dépôts dits « sauvages » : le quartier de l’Ouest strasbourgeois est délimité par des axes routiers, la D41 au nord et l’A351 – N4 au sud, qui le relient directement à la communauté de commune du Kochersberg (la CoCoKo), voisine de l’Eurométropole.
À Truchtersheim et dans les 22 villages aux alentours, l’enlèvement des ordures ménagères est tarifiée sur une base fixe, à laquelle s’ajoute un supplément par ramassage du bac au delà du huitième par période de six mois (1,5€ par ramassage supplémentaire), et par kilo de déchet au delà du 10ème (15 centimes par kilo). Cette redevance incitative est appliquée depuis 2017.
Article connecté
Cet article a directement été suggéré à la rédaction par les participants aux conférences de rédaction publiques du quartier de Hautepierre, dans le cadre de l’opération « Quartiers connectés ».
Du côté de l’Eurométropole de Strasbourg, c’est une TEOM (Taxe d’enlèvement des ordures ménagères) qui s’applique. Un taux fixe s’applique à chaque logement sur la base de sa valeur locative, à l’instar de la taxe d’habitation. L’idée d’une taxe au poids ou au volume a aussi tenté le conseil de l’Eurométropole. Mais son application aux particuliers a été écartée pour ce mandat, renvoyée à un lointain « horizon 2026 ».
Un effet de frontière entre collectivités
Taxer la quantité de déchets incite à les réduire ou pour quelques uns… à les jeter ailleurs. D’abord dans son village, en se promenant dans les rues d’Ittenheim, une commune de la CoCoKo à 10 minutes de Strasbourg, on peut voir des sacs poubelles domestiques déposées dans les rares poubelles publiques de la ville.

Des sacs poubelles noirs d’ordures ménagères sont parfois déposés dans les poubelles publiques. (photo PP / Rue89 Strasbourg / CC)
Suzanne Weber, gérante du Restaurant de la gare, l’a constaté :
« J’ai vu des gens déposer leurs poubelles dans celles ouvertes à la mairie et au cimetière. Pour ceux qui travaillent ou vont faire leurs courses à Strasbourg, c’est possible qu’ils en profitent pour y déposer leurs poubelles. »
Elle estime que la redevance incitative a fait baisser la facture de « certains », mais « pas tout le monde » selon les habitudes et le stade de la vie :
« En été, j’aime manger des fruits de mer, mais avec ça dans mes poubelles je suis obligé de les sortir chaque semaine. Pareil quand on a des enfants avec des couches : on sort plus souvent ses poubelles et ça fait grimper la facture. »
Plusieurs de ses clients confirment le développement récent de combines pour ne pas faire comptabiliser ses propres déchets. Sur l’écrasante majorité des bacs noirs, des cadenas rouges vendus 30 euros par le CoCoKo ont proliféré, afin de s’assurer que le voisin n’en profite.
Une pratique marginale
L’étendue du dépôt d’ordures ménagères par des habitants extérieurs à l’Eurométropole dans les bacs d’Hautepierre est difficile à mesurer. Une fois dans les conteneurs, l’origine des sacs poubelles est complexe à identifier. Pour autant, les institutions ne nient pas l’existence du phénomène.
« Nos services sur le terrain nous rapportent que des gens viendraient déposer des poubelles dans les containers de nos parcs locatifs », explique-t-on du côté du bailleur social Habitation Moderne. Même son de cloche du côté de la direction de proximité, même si la situation serait plus caractérisée au Hohberg à Kœnigshoffen, également accessible par l’ouest et la Nationale 4.
Pour autant, la pratique reste « marginale » et la combattre n’est pas la priorité. « C’est trop peu pour que l’on constate une augmentation globale de la quantité de déchets », ajoute Habitation Moderne.
Une sortie poubelle qui peut vous coûter votre voiture
En théorie, ceux qui viendraient déposer leurs poubelles à Strasbourg en voiture risquent gros, rappelle Aurore Bellouet, directrice de la proximité des quartiers d’Hautepierre et des Poteries :
« Aller déposer ses ordures ménagères dans d’autres poubelles que la sienne, dans sa commune, est illégal. C’est du dépôt sauvage, même dans les containers communs. Mais à moins de prendre les contrevenants sur le fait l’infraction est difficile à constater. »
Le dépôt de déchets en dehors des containers de sa commune est passible d’une contravention de 3ème classe, soit 68 euros. Mais si les déchets ont été transporté à l’aide d’une voiture, la contravention s’élève alors à 1 500 euros en plus de la confiscation du véhicule. Les services de la propreté ont même développé des techniques permettant de retrouver l’adresse des contrevenants à partir des sacs poubelles douteux, mais les amendes restent rares si les contrevenants ne sont pas pris sur le fait.
Plus sérieusement, entre le Kochersberg et Hautepierre les conteneurs à recyclables et déchets seraient-ils mieux surveillés que dans le quartier Politique de la ville ? Qu'attendons-nous pour équiper nos conteneurs strasbourgeois des caméras pour traquer les indélicats du fin fond des vallées ?
Plus sérieusement encore, la redevance incitative est difficile à faire fonctionner dans les collectifs d'habitats. Sensibiliser nécessite plus que quelques emplois aidés envoyés presque au hasard avec une brochure qui ne donne rien à connaître des pratiques diverses des populations en termes de consommation et de relation à ce qui pourrait constituer un "trésor" pour la collectivité. Admettons aussi que le partage de la valeur ajoutée qu'il pourrait générer n'est pas du tout d'actualité. Alors à quoi bon ?!
Par contre à hautepierre la ou il faudrait agir c est sur les habitants qui jettent leurs meubles genre dechetteries devant les poubelles et les sacs poubelles que les personnes ne sont pas fichues de glisser dans les bacs mais qu ils laissent trainer juste devant parterre......
Bref en tant que maman je dois sortir mes poubelles toutes les semaines pour éviter les mauvaises odeurs et chaque sortie se paie.... voilà ça coûte cher d avoir des enfants dans la CoCoKo . Après je ne dis ça , c est une belle initiative mais très inégalitaire .
À l' heure où la tendance est de réduire la quantité de déchets,
(en se rappelant que ce terme de "déchets" est complètement
absurde, puisque la plupart des affaires dont nous n'avons plus
besoin peuvent, et doivent, être recyclés) et de tendre vers l'objectif 0 % de déchets, certaines personnes dont l' incivilité est flagrante se débarrassent ailleurs des affaires qui les encombrent !
Je veux bien admettre que la grande distribution a multiplié les suremballages, et il y a des objets dont les emballages successifs valent plus cher que le produit une fois déballé.
Est-ce que ces gens là ne seraient pas choqués si quelqu'un venait faire ces besoins dans leur jardin ?
Allez, les gros dégueu' , faites un petit effort pour vos "déchets", et n'allez pas les refourguer ailleurs, et pourquoi pas
sur le bord des routes !
Si le but poursuivi est noble, les résultats de la taxation vont bien à son encontre !
Un peu comme la taxe carbone d'ailleurs : un objectif louable mais des conséquences désastreuses, sur le pouvoir d'achat des plus modestes (ce sont bien les cadres qui habitent en ville qui utilisent vélo et transports en commun...) mais aussi le pays avec le déchaînement désormais hebdomadaire de hordes de casseurs.
Du coup les gens ne s'emmerdent pas et foutent tout dans la même poubelle. Dommage lorsqu'on connaît les frasques et le coût exorbitant de l’incinérateur de Strasbourg.
Lorsque les habitants en font part à l'eurométropole, celle-ci le rétorque sèchement que c'est comme ça et que ça ne changera pas (pas en ces termes bien sur).
Déchetterie pour les déchets particuliers tels que tontes et objets encombrants, conteneurs à verre réparti dans le village.
Le pris de l'enlèvement des ordure est à la baisse depuis des années.
Levé de poubelle jaune 1 semaine sur 2 sans coût supplémentaire.
Les déchets traînant dans les bois et la nature provient principalement des communes d'a côté (com/com Haguenau/Bischwiller) ou la levée se fait au poids.
2 choses à prendre en compte :
- Le civisme, ce qui est primordiale.
- le côté financier. Pour certaines familles, tout en sachant que ce sont souvent des gens aisés qui foutent leurs merdes dans la nature et qui par ailleurs font la morale aux autres….