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Départementales à Strasbourg : les écolos bousculent les Socialistes, pas la droite

Droite classique, majorité présidentielle, socialistes et les écologistes – qui font leur entrée à la Collectivité européenne d’Alsace – se partagent équitablement les six cantons strasbourgeois. Ailleurs en Alsace, la droite et le centre renouvelle sa majorité et le RN échoue à entrer à la CEA.

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Personne ne peut clamer sa suprématie à Strasbourg après ces élections départementales marquées par l’abstention de deux électeurs sur trois. À gauche, les écologistes remportent deux cantons, soit quatre élus, contre un seul binôme pour le Parti socialiste. La droite traditionnelle (LR et UDI) envoie trois élus à la Collectivité européenne d’Alsace (CEA), tout comme la majorité présidentielle (LREM et Agir).

Le canton 2 bascule pour moins de 100 voix

Comme attendu, le duel le plus serré a eu lieu dans le canton de Strasbourg-2 (Koenigshoffen, Montagne Verte, Elsau et Gare) au sud-ouest de Strasbourg. Lors du dépouillement, le tandem d’élus PS sortants Éric Elkouby et Martine Jung avait une centaine de voix d’avance… jusqu’à que le vingtième et dernier bureau de vote du canton soit comptabilisé. Au gymnase Saint-Aurélie, où la participation a été plus forte, les écologistes l’ont emporté par 299 voix contre 99. De quoi inverser le résultat. Dans ce canton, les écologistes ont remporté moins de bureaux de vote que leurs concurrents, mais avec des marges plus nettes. Un grand soulagement a traversé les rangs des écologistes strasbourgeois lors de l’annonce de ce résultat.

Jeanne Barseghian, maire de Strasbourg, félicite Damien Frémont, nouvel élu écologiste du canton-2 Photo : Lola Manecy / Rue89 Strasbourg / cc

Car cette victoire à l’arrachée de Damien Frémont (EELV) et Fleur Laronze (PCF) permet aux écologistes de d’empocher la victoire dans deux cantons de Strasbourg, contre un seul pour leurs rivaux socialistes à gauche. Âgés respectivement de 35 et 40 ans, Damien Frémont et Fleur Laronze exerceront leur premier mandat. Les succès strasbourgeois des écolos leur permettent d’intégrer la CEA, alors qu’ils avaient été éjectés des deux conseils départementaux d’Alsace en 2015.

Adjoint au maire de 2008 à 2016, puis devenu député en 2016 en plus de conseiller départemental, Éric Elkouby, 48 ans, se retrouve désormais sans mandat, après avoir longtemps travaillé dans l’ombre de l’ancien député Armand Jung (PS).

Canton 1 : écart resserré mais victoire écologiste

De manière plus attendue, les écologistes Ludivine Quintallet (EELV) et Florian Kobryn (Assemblée écologiste citoyenne, une association de soutien à la liste écolo des municipales) ont remporté le canton de Strasbourg-1 par un peu plus de 900 voix d’avance. Comme pour les écolos du canton 2, ce sera le premier mandat de ces deux trentenaires. En face, le tandem LREM a néanmoins un peu resserré l’écart du premier tour (près de 1 500 voix), tandis que 507 votes blancs ont été enregistrés, le plus fort total à Strasbourg.

Canton 3 : seule victoire socialiste chez les champions de l’abstention

Le Parti socialiste sauve l’honneur grâce à Hautepierre et Cronenbourg. Ainsi, il ne remplit pas son objectif de conserver ses six sièges, mais il ne disparaît pas de la CEA. Élus sortants, Serge Oehler et Françoise Bey ont bien accru leur très légère avance du premier tour. En une semaine, l’écart passe de 3 à 510 voix. La participation a été très légèrement supérieure par rapport au premier tour, mais reste nettement la plus faible des six cantons de la ville (21,37%). À noter qu’environ 10% des bulletins ont été blancs (402) ou nuls (152), soit plus que l’écart entre les deux binômes.

Canton 4 : la plus nette victoire pour LR et Agir

Sans surprise, le tandem de droite remporte largement le canton Strasbourg-4, Contades – Wacken – Robertsau, face aux écologistes. L’ancien candidat aux élections municipales Jean-Philippe Vetter (LR) et Anne Tennebaum (Agir, majorité présidentielle) amassent environ 2 300 suffrages de plus et débuteront à la CEA. Ce canton, où la participation a été la plus « forte » de Strasbourg (36,42%), est le seul où un binôme gagne avec plus de 60% des voix. Les écologistes ont néanmoins remporté quatre bureaux de vote vers les Halles.

Canton 5 : LREM inverse la tendance

Le canton 5, qui va du Port-du-Rhin à l’Orangerie en passant par l’Esplanade et la Krutenau, était plus indécis. C’est le seul où la tendance a été inversée par rapport au premier tour. Clairement soutenu dès le départ par le président de la CEA Frédéric Bierry (LR, en dépit de la présence d’un binôme LR), le conseiller départemental sortant Nicolas Matt (LREM) et sa binôme Anne Reymann (Agir) ont bénéficié de bons reports de voix pour plus que doubler leur score et ainsi l’emporter avec un peu plus de 1 000 votes d’avance. Cette victoire permet à « La République en Marche » de clamer une victoire sous ses couleurs à Strasbourg, sans passer par une large alliance.

Canton 6 : toujours un bastion de la droite

Au sud, dans le canton de Strasbourg-6, l’indéboulonnable duo Jean-Philippe Maurer (LR) et Pascale Jurdant-Pfeiffer (UDI) repart pour un nouveau mandat, en l’emportant d’un millier de voix face aux écologistes à la Meinau, Neudorf-Est et au Neuhof. Les Strasbourgeois étaient tous deux vice-présidents de Frédéric Bierry au conseil départemental du Bas-Rhin, puis à la CEA. Le seront-ils encore la semaine prochaine ?

Strasbourg et l’Alsace, les cartes de l’abstention

En Alsace, environ 70 sièges sur 80 pour la droite

Sans surprise, le deuxième tour a permis à la droite et au centre de confirmer sa large majorité avec environ 70 sièges sur 80. Le Rassemblement national n’intègre toujours pas l’assemblée locale. Il n’a même pas approché les 45% dans les cantons où il était en lice. Les régionalistes d’Unser Land ont aussi été largement battus dans le canton de Saint Louis où ils étaient qualifiés (33,72%).

L’union de la gauche et des écologistes enregistre une petite déception en ne faisant pas basculer le canton de Schiltigheim-Bischheim pour 258 voix (48,09%). En revanche, le binôme élu étiqueté « divers centre » à Bischwiller était soutenu par les écologistes alsaciens. Siègera-t-il avec les Strasbourgeois ? Le canton vainqueur à Wittenheim dans l’ancien bassin minier d’Alsace (où se trouve Stocamine) est listé « divers gauche », mais les deux élus Pierre Vogt et Marie-France Vallat avaient à tour de rôle rejoint la majorité alsacienne en 2015, puis en 2021.

Lourdement battue aux élections régionales, Brigitte Klinkert l’a néanmoins largement remporté (74,99%) à Colmar en équipe avec le maire Éric Straumann (LR). Elle devrait siéger dans les deux assemblées, en plus d’être ministre déléguée à l’Insertion. Le président actuel Frédéric Bierry a été réélu dans les mêmes proportions (78,49%).

La nouvelle répartition des sièges

La mise en place des nouveaux élus, et l’élection du président et de ses 15 vice-président devrait se dérouler le jeudi 1er juillet.

Jeanne Barseghian « c’était un scrutin de reconquête pour les écologistes »

La maire de Strasbourg réagit aux résultats des élections départementales à Strasbourg. (vidéo JFG / Rue89 Strasbourg)

#élections départementales 2021

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