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« Les enseignants nous appellent en pleurs » : les écoles du Bas-Rhin sous-équipées face à la pandémie

Les syndicats des enseignants du Bas-Rhin ont communiqué, le 6 janvier, les résultats d’une enquête sur 160 établissements du département. Elle dévoile un déficit de masques, de capteurs de CO2, ou encore d’autotests dans de nombreuses écoles.

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« Les enseignants nous appellent en pleurs » : les écoles du Bas-Rhin sous-équipées face à la pandémie

Dimanche 2 janvier, le ministre de l’Éducation nationale a dévoilé dans les colonnes du Parisien le protocole à tenir à la rentrée du 3 janvier pour faire face à la pandémie de Covid-19 et la propagation du variant Omicron dans les écoles. Jeudi 6 janvier, les représentants du personnel de l’Unsa Education, de la FSU, de la FNEC FP-FO et du Sgen-CFDT ont tenu une conférence de presse visant à « rétablir la vérité » sur l’organisation de la rentrée, et plus généralement, sur la gestion de la crise sanitaire par le ministère de Jean-Michel Blanquer.

« 127 des 160 établissements ne disposent d’aucun capteur »

L’intersyndicale a mené une enquête sur 160 écoles maternelles, primaires, collèges et lycées du département, pour faire le point sur les moyens matériels effectifs et le mal-être du personnel éducatif. Dans chaque établissement, le 5 janvier et dans la matinée du 6 janvier, une personne était chargée de collecter les informations. Myriam Brandt, syndiquée FSU et secrétaire du Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail  (CHSCT) de l’Education Nationale du Bas-Rhin, explique :

« Le ministre estime être au rendez-vous de la crise et de ses responsabilités. Par exemple, il prône les capteurs de CO2, pour savoir s’il est nécessaire d’aérer. Dans notre enquête, on observe que 127 des 160 établissements ne disposent d’aucun capteur. 25% des enseignants ne peuvent ouvrir leurs fenêtres qu’en oscillo battant. En plus, avec des classes de 30 élèves, ils sont forcément les uns sur les autres. Le brassage est impossible à empêcher. »

Les membres du CHSCT dénoncent le sous-équipement des établissements scolaires du Bas-Rhin, chiffres à l’appui. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

Aucun personnel médical dans 60% des établissements sondés

Selon l’enquête, les masques ne sont pas fournis en nombre suffisant dans 67% des établissements. « Ce sont des masques en tissu, ils n’ont pas de barre nasale. Les collègues achètent eux-mêmes des masques chirurgicaux ou FFP2 pour avoir une vraie protection », dit Jacques Pousse, trésorier adjoint du syndicat Force Ouvrière. François Friedelmeyer, représentant du personnel Sgen-CFDT, poursuit : « Après quasiment deux ans, le ministère n’a pas réussi à nous fournir des masques chirurgicaux. C’est scandaleux. » Aussi, dans 60% des établissements sondés, il n’y a aucun personnel médical.

Les représentants syndicaux insistent également sur les consignes lorsqu’un cas covid est détecté chez un élève. Dans cette situation, tous ses camarades de classe et l’enseignant doivent présenter un test négatif avant de revenir. Deux et quatre jours plus tard, ils doivent réaliser des autotests. 70% des enseignants indiquent que la gestion de ce protocole les empêche de réaliser leurs missions. Dans 35% des écoles, collèges ou lycées, les personnels ne disposent pas d’autotests. Pour ceux qui en disposent, leur nombre est insuffisant dans 72% des établissements.

Un nombre de démissions « sans précédent »

Laure Trémolières, secrétaire départemental du syndicat enseignants Unsa 67, insiste :

« Ces chiffres ont des conséquences. Dans le Bas-Rhin, entre 10 et 20% des enseignants sont malades début janvier. Les enseignants nous appellent en pleurs. Les protocoles successifs sont jugés absurdes et inapplicables. Dans notre enquête, 85% des enseignants disent avoir le sentiment d’être exploités. »

Myriam Brandt (à gauche), de la FSU, et Laure Trémolières (à droite), de l’Unsa, disent recueillir de nombreux témoignages d’enseignants en détresse. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

En 2021, l’intersyndicale compte 18 démissions et cinq ruptures conventionnelles chez les enseignants dans le Bas-Rhin. « C’est sans précédent », s’accordent les délégués syndicaux. La même année, ils dénombrent aussi 150 démissions d’accompagnants d’élèves en situation de handicap, « contre 50 habituellement ». Myriam Brandt conclut :

« Les personnels de l’éducation sont mis en danger par le ministère. Une ligne rouge a été franchie. D’urgence, l’Éducation nationale doit nous fournir les moyens matériels pour poursuivre les cours : des masques fonctionnels, des capteurs de CO2, des autotests. Comme en Italie, elle doit aussi augmenter le nombre de professeurs pour qu’il y ait moins d’élèves par classe. »


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