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Fabienne Baas : « On rêve de retirer l’Unité de Valorisation énergétique, mais on en a besoin »

Vice-présidente en charge de la gestion des déchets pour l’Eurométropole de Strasbourg, Fabienne Baas se dit satisfaite du fonctionnement de l’Unité de Valorisation Énergétique depuis son redémarrage. La maire d’Ostwald décrit plutôt des leviers d’action en amont, entre collecte des biodéchets et tarification incitative.

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Fabienne Baas : « On rêve de retirer l’Unité de Valorisation énergétique, mais on en a besoin »

Stockage exceptionnel de déchets à l’extérieur, incendie sur la plateforme en question, crise sociale sur fond d’exposition à des cendres hautement toxiques… L’incinérateur Sénerval a connu de nombreuses difficultés depuis son redémarrage en septembre 2019. Mais pour la vice-présidente en charge des déchets à l’Eurométropole de Strasbourg (EMS) et maire d’Ostwald, l’Unité de Valorisation Énergétique (UVE) fonctionne correctement aujourd’hui. Selon Fabienne Baas, la véritable problématique des déchets se trouvent en amont. D’où les politiques de collecte des biodéchets et la tarification incitative sur les ordures ménagères voulues par l’EMS.

Fabienne Baas, vice-présidente en charge des déchets à l’Eurométropole de Strasbourg (EMS) et maire d’Ostwald. Photo : Document remis

Rue89 Strasbourg : Quel est le montant et la durée de la Délégation de Service Public (DSP) auprès du groupe Séché concernant l’incinérateur de l’Eurométropole ? 

La délégation de service public a commencé en 2010, et court jusqu’en 2030. Je n’ai pas de chiffre global mais depuis la reprise de l’installation, le coût de la redevance payée par l’Eurométropole de Strasbourg à Sénerval par tonne de déchets livrés est de l’ordre de 70 euros hors-taxe par tonne (le montant exact de la Rpp est encore en cours de consolidation). À cela s’ajoute la TVA de 10%.

Combien de tonnes d’ordures ménagères l’incinérateur doit-il brûler chaque semaine pour traiter toutes les ordures ménagères de l’Eurométropole ? 

L’arrêté préfectoral concernant l’UVE autorise le traitement de 270 000 tonnes par an. Mais ce seuil n’est pas atteint. Au niveau du tonnage d’ordures produits par l’Eurométropole de Strasbourg, on est plutôt à 155 000 tonnes par an, soit 3 000 tonnes par semaine. Le tonnage incinéré actuellement est de 208 000 tonnes par an, car l’installation traite aussi les déchets des collectivités voisines, comme le Select’om de Molsheim ou le Smictom d’Alsace Centrale.

Comment décririez-vous le redémarrage de l’usine ? Son fonctionnement vous semble-t-il satisfaisant un an après travaux ? 

Pour l’instant, les informations que j’ai sont très positives. Ça a été un chantier colossal et l’usine fonctionne plutôt bien depuis un an. À ce jour 180 000 tonnes de déchets ont été incinérés depuis le début de l’année. Tout le monde a l’air satisfait.

Selon plusieurs témoignages de salariés, des cendres CMR (cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques) se retrouvent régulièrement dans l’usine. Dans un fonctionnement normal de l’installation, ces dernières devraient rester en circuit fermé. Cette problématique vous a-t-elle été remontée ?

Ça c’est vraiment une problématique dont le délégataire Sénerval est chargé. La récupération des cendres est contrôlée par les services de l’État. L’exploitant a mis en place des équipements et des procédures qui permettent d’améliorer la protection des salariés. Sénerval réfléchit à l’installation d’un système de captage des poussières pour limiter le plus possible la dispersion. Nous avons à cœur la qualité du travail et la santé des salariés.

La municipalité compte-t-elle adopter une nouvelle politique à l’égard de l’incinérateur ?

Je ne vous cache pas que pour l’instant, il y a malheureusement beaucoup de déchets à traiter, même s’il y a une politique de réduction de déchets tout au long du mandat.

Donc nous allons, de notre côté, réduire notre bac d’ordures ménagères de 50%, au plus tard en 2030, en développant le recyclage et l’économie circulaire. Ainsi, avant le 1er janvier 2024, les habitants pourront trier leurs biodéchets et plus d’emballages en plastique. Nous allons aussi déployer un territoire pilote pour la tarification incitative.

Concernant l’UVE, pour moi c’est un vrai sujet. On rêve de pouvoir s’en passer, mais si on n’avait pas cette UVE à proximité, il faudrait faire des millions de kilomètres pour traiter nos déchets. Je vous rappelle que lorsque l’usine était à l’arrêt, il a fallu transporter les déchets sur 17 sites de traitement en France.

L’objectif final est de réduire au maximum la part de l’incinération en sortant les biodéchets de la poubelle bleue et tout ce qui peut être recyclé ou bien sûr réutilisé.


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