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À Strasbourg, un nouveau féminicide relance la question de l’inaction face aux alertes

Yasemin ne donnait plus de signe de vie depuis le 23 décembre. Le corps de la mère de quatre enfants a été retrouvé, enterré dans la forêt de Vendenheim. L’ex-conjoint a été mis en examen pour meurtre.

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À Strasbourg, un nouveau féminicide relance la question de l’inaction face aux alertes

Lundi 28 décembre, les proches de Yasemin espéraient encore la retrouver. Sur un groupe Facebook dédiée à la disparition de la mère de quatre enfants, plusieurs centaines de personnes s’organisaient, entre recherches sur le terrain et appels à témoignages. Cela faisait alors cinq jours que cette habitante du quartier de la Montagne-Verte ne donnait plus aucun signe de vie. Puis la terrible nouvelle est tombée dans les Dernières Nouvelles d’Alsace : le corps de cette femme de 25 ans a été retrouvé dans la forêt de Vendenheim. Yasemin a été la 97e femme à mourir sous les coups de son conjoint ou de son ex-conjoint en 2020.

Le visage de Yasemin sur les réseaux sociaux, alors qu’une campagne se mettait en place pour la retrouver (capture d’écran)

Mis en examen pour meurtre

Savas O. a été interpellé trois jours après la disparition de Yasemin. L’homme de 42 ans aurait avoué son crime en garde à vue. Il a été mis en examen pour « meurtre sur conjoint ou ex-conjoint ». Un second homme âgé de 48 ans, qui l’aurait assisté dans le transport du corps, est poursuivi pour « dissimulation de cadavre et modification de scène de crime ». Ils ont été tous les deux placés en détention provisoire.

Samedi 2 janvier, plus de 300 personnes se sont retrouvées place Kléber pour dire stop aux féminicides (Photo PF / Rue89 Strasbourg / cc)

L’un des enfants de Yasemin a rapporté aux enquêteurs une dispute entre sa mère et son ex-conjoint au soir du samedi 23 décembre. Savas O. n’aurait pas supporté de voir son ex discuter avec un autre homme. Selon le rapport d’autopsie pratiquée à l’institut de médecine légale de Strasbourg, Yasemin est morte étouffée des suites d’un étranglement, mais son corps portait également plusieurs plaies à l’arme blanche. Les enfants, de 1 à 8 ans, ont déclaré aux enquêteurs qu’ils avaient vu leur père porter les coups puis s’enfermer avec leur mère dans la salle de bains. Il en est ressorti seul avant de les emmener chez sa soeur.

Dans l’entourage de la jeune femme, Savas O. est décrit comme violent et colérique. Au journal Le Monde, Leyla, la sœur de Yasemin rapporte des coups, un coquard à l’oeil et que la jeune femme avait signalé sa situation auprès de la police nationale avec des mains courantes et au moins une plainte.

Pourquoi les alertes ont-elles été ignorées ? (Photo PF / Rue89 Strasbourg / cc)

« Ma sœur avait peur et finalement c’est arrivé »

« Je ne comprends pas pourquoi ce n’est pas allé plus loin », dit-elle. Au micro de France Bleu Alsace lors d’un rassemblement qui s’est tenu mercredi 30 décembre devant le domicile de Yasemin, Leyla ajoute : « Ma sœur avait peur et finalement c’est arrivé. » Une centaine de personnes ont alors rendu hommage à la jeune mère.

Un deuxième rassemblement a été organisé samedi 2 janvier place Kléber. Plus de 300 personnes s’y sont sont rendues, dont des représentantes d’associations féministes, et pour dénoncer cette nouvelle disparition, qui doit également à l’incapacité de la « société patriarcale » de protéger les femmes victimes de violences.


#violences conjugales

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