
Trois mois à la rencontre des « agitateurs » des Balkans : le grand saut
Trois strasbourgeoises partent trois mois, de la Grèce à la Slovénie, à la rencontre de personnes et d’initiatives engagées, dans le but de les faire connaitre. Premier billet, juste avant le départ.
Nous sommes Ludmilla, Victoria et Lucile, trois jeunes femmes dont les parcours d’études respectifs nous ont conduit à emménager dans la capitale européenne il y a bientôt trois ans.
Un soir d’été 2018, nous « refaisons le monde » comme cela était devenu une habitude dans notre colocation strasbourgeoise. Au détour d’une de nos énièmes conversations à imaginer un monde plus juste et positif, l’une d’entre nous présente l’appel à voyageurs lancé par l’association française The Local Shakers qu’elle vient de découvrir par une amie. Elle nous explique que cette association propose à chacun de mener des voyages engagés pour rencontrer et valoriser des personnes qui portent des initiatives locales et positives. L’idée de participer à un tel projet génère immédiatement un engouement général. Dans la foulée, nous candidatons !
Mettre en lumière des initiatives
Pour être sélectionnées, il fallait mettre en lumière un « agitateur local » de notre ville. Caméra en main et pleines de motivation, nous nous prenons au jeu et réalisons en juillet 2018 une interview filmée de Cécile, fondatrice du restaurant-épicerie Krüt’Herbes. C’est l’occasion pour nous de tester notre capacité à travailler ensemble. Après plusieurs soirées de montage intenses mais conviviales, nous finalisons notre envoi.
Nos efforts sont récompensés puisque quelques semaines plus tard, nous apprenons la bonne nouvelle : nous sommes sélectionnées pour mener le deuxième voyage engagé de l’association. Les trois fondatrices avaient effectué le premier en Amérique du Sud en 2016. Nous décidons de partir sillonner la péninsule balkanique de mars à juin 2019. Pourquoi cette région du monde ? Peu connue et touchée par des crises récentes, cette région recèle – nous le pensons – d’initiatives locales originales et inspirantes. Les huit pays sur notre parcours (la Grèce, l’Albanie, la Macédoine, le Kosovo, le Monténégro, la Bosnie-Herzégovine, la Croatie et la Slovénie) promettent aussi une belle diversité culturelle et de paysages.
En plus des rencontres qu’il va nous amener à vivre, ce projet – dans lequel nous nous lançons sur un coup de cœur et de tête – est surtout une occasion de passer à l’action, à notre niveau. ! Chacune à la fin d’un contrat ou d’un parcours d’étude, nous souhaitons nous accorder cette parenthèse avant de retrouver une activité professionnelle en accord avec nos valeurs. Nous partons donc avec nos économies personnelles. L’association met à disposition du matériel (caméra, trépied, micro-cravate) et Chapka, l’un de nos partenaires, prend en charge nos assurances.
Notre coloc strasbourgeoise en ébullition lors des préparatifs
Qui dit voyage engagé, dit préparatifs et logistique. À Strasbourg avant le départ, le temps est rythmé par des séances d’accompagnement et de formation avec les fondatrices de l’association. Notre salon se voit devenir le théâtre de séances pour organiser ce dernier. L’un des enjeux étant que chacune trouve son équilibre dans cette nouvelle expérience.
Pour gagner en efficacité dans les recherches d’acteurs locaux mais aussi de lieux touristiques, nous nous sommes réparti les pays. Il est aussi primordial de communiquer entre nous. C’est pourquoi, chaque séance de travail commence par une « météo intérieure » au cours de laquelle chacune exprime son ressenti personnel.

Les trois explor’actrices se sont lancées avec leurs économies, alors qu’elles étaient en fin d’études ou de contrat.
La préparation consiste aussi à démarcher de nouveaux partenaires et sponsors pour faire grandir le projet. Avant le départ, certains partenaires strasbourgeois rejoignent ce dernier. Les Défricheurs parlent de nous sur leur site et leur émission radio, et la savonnerie locale L’Esperluète nous donne des produits cosmétiques. Tenir un blog sur Rue89 Strasbourg permet d’apporter un éclairage régulier sur ce projet et de le rendre visible dans notre ville pour tenter de toucher les personnes qui nous sont proches.
Le départ approche et le projet se concrétise, faisant apparaître quelques appréhensions : quitter sa zone de confort et ses proches, s’exprimer dans une langue étrangère, appréhender les différences culturelles. Un challenge, donc, mais dont les côtés stimulant l’emportent.
De « simples voyageuses » à « explor’actrices »
« Explor’actrices », c’est le nom que donne l’association à celles et ceux qui s’engagent dans cette aventure de trois mois. Nous allions ainsi un voyage à un projet engagé.
Entre recherche d’acteurs locaux, tournage d’interviews, réalisation de vidéos, rédaction d’articles et animation de nos différents réseaux sociaux, ce projet s’annonce intense. Nous allons nous appuyer sur la complémentarité de nos compétences en journalisme scientifique, relations internationales et ressources humaines. Par exemple, nos connaissances en anglais, allemand, espagnol ou polonais, et en création de supports audio-visuels seront les bienvenues.
Aux côtés de ces aspects plutôt « techniques », ce voyage représente avant tout une manière de réfléchir, au fil des rencontres, sur nos propres rôles et actions dans la société. Puisque nous faisons partie d’une « génération en quête de sens », cette aventure est une manière intéressante de poursuivre l’aiguillage de la suite de nos vies.
L’envie de partager notre expérience et d’inspirer à notre tour
Au fil des trois prochains mois, nous partagerons les projets locaux des Balkans sur notre site internet et notre page Facebook, en soulignant les motivations des personnes rencontrées. Nous nous placerons alors en simples « témoins ». Au travers des billets que nous posterons ici, nous souhaitons apporter un contenu complémentaire et plus personnel, en revenant sur notre expérience, nos réflexions et sur ce que notre rôle implique.
Nous imaginons en effet ne pas être les seules à voir le voyage engagé comme un challenge. Nous partons en espérant être inspirées par les futures rencontres, et rêvons de pouvoir, à notre tour, vous inspirer à vous lancer dans une telle aventure. Et peut-être faire des émules.