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« Tout perd forme » au 12e Festival des arts mutants du Port du Rhin

L’art peut-il naître dans un lieu qui n’a pas été créé pour ? Peut-il surgir d’une action quotidienne ? Cette année, l’association Inact choisit de questionner les conditions d’émergence d’une œuvre en investissant, du jeudi 9 au dimanche 12 juin le Port du Rhin avec une trentaine de spectacles pluridisciplinaires. 

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« Tout perd forme » au 12e Festival des arts mutants du Port du Rhin

Fidèle à sa volonté de proposer un art libre et original, le Festival des arts mutants s’installe au Port du Rhin pour quatre jours de festivités et un thème central : « Tout perd forme ». Musique, littérature, danse, expression corporelle… Les performances proposées pour cette douzième édition combinent les disciplines pour ouvrir l’imaginaire et questionner le réel. Les Strasbourgeois sont invités à venir assister à la mutation d’un art qui refuse toutes formes traditionnelles.

L’Inact organise cette année la 12e édition du Festival des Arts Mutants. Photo : Christophe De Barry / doc remis

Conçu par l’Inact, le festival s’organise en six temps forts répartis sur quatre jours autour d’événements payants et gratuits. La programmation fait la part belle aux femmes et aux jeunes artistes locaux, dont certains sont passés par la Haute école des arts du Rhin de Strasbourg (Hear), tout en proposant également des artistes nationaux ou internationaux plus expérimentés (Victor Artiga, Sergio Patricio ou Hortense Gauthier). Leurs créations transdisciplinaires aborderont différents sujets, tels que les « rapports coloniaux », la sexualité, les trans-identités ou les handicaps.

Un appel au voyage

Chacun des six temps est constitué de plusieurs performances réunies par thème. Les deux premières soirées, qui se tiendront au garage Coop jeudi 9 juin, de 19h à 1h, et vendredi de 19h à 2h invitent toutes deux au voyage et à la découverte de l’inconnu. Intitulées respectivement Locomotion et Sortilège et apparition, elles comprennent chacune cinq spectacles. 

Tremendo Parche Latino viennent de Brême et montreront vendredi soir leur prerformance intitulée The Paradoxical Myth of the Crazed Jaguar and Nene del Solar Photo : DR

Les artistes Cynthia Montier et Abdul-Hadi Yasuev ouvriront les festivités avec « Karma », une performance qui, expliquent-ils, questionne « la passation de récits et de cultures immatérielles en contexte d’exil ». À la lisière entre le droit, l’art conceptuel et la croyance, ils se servent de leur expérience pour entrer en discussion puisque l’un est demandeur d’asile alors que l’autre est citoyenne française.

L’artiste multimédia strasbourgeois Paul Gosset, passé par la Hear et habitué à se nourrir des lieux où il se produit pour ses créations reviendra sur la notion de distance dans « Il y a tant de mètres entre toi et moi ». Mélodie Blaison, de son côté, essaie plutôt de réduire la distance entre son public et ses paysages sonores méditatifs intitulés « Murmure des mutations ». À la manière d’une guide sonore, elle entraîne les spectateurs à la découverte de fréquences sombres chargées d’émotions et de poésie.

Le festival se joint à la fête de quartier du Port du Rhin

Avec un cycle de quatre spectacles, intitulé Cyclade, le Festival des arts mutants se glisse au milieu de la fête de quartier, prévue samedi 11 juin place de l’Hippodrome. Les participants pourront participer à une œuvre collaborative proposée par Renata Andrade. Spécialisée dans la sculpture d’argile, elle invitera le public à mettre la main à la pâte pour questionner la place de la communication non-verbale dans nos sociétés.

Renata Andrade a étudié les arts scéniques à l’école des acteurs (Indac) de São Paulo au Brésil, puis s’est intéressée à l’art plastique en intégrant la faculté des Beaux-arts (FPA) de São Paulo. Photo : remise

La journée se prolongera par un second cycle, Chimère. De 19h à 3h, six spectacles plongeront les spectateurs dans un monde peuplé de cyborgs, monstres ou autres survivants post-apocalyptiques. Tournés vers le futur, les artistes mettront leur art au service de la construction d’une nouvelle mythologie.

Comme tous les soirs, un DJset de Shönagon, la « Poétesse Techno Pop » viendra clore cette journée de samedi. 

Performance « les peurs qui nous tiennent captif.ve.s  » de Rose-Mahé Cabel, Inact Festival, 2021 Photo : C. De Barry

Flânerie au Jardin des Deux-Rives

Les spectacles du dimanche après-midi auront lieu au Jardin des Deux-Rives. D’un pays à l’autre, les artistes inviteront les promeneurs à les suivre dans leurs performances, d’une entraînante lecture d’ANa Anaa, originaire de République Tchèque, aux étonnantes chorégraphies du duo Nino André et Vinciane Mandrin. Dans leur spectacle Camouflage, ils croisent leurs inspirations issues de la danse classique, des parades militaires et des surprenants gestes de maquillage au réveil.

Le festival se clôturera par une soirée musicale sur le site du collectif Cric. Formée aux chants de gorges, à l’art du conte et à divers chants traditionnels, la Strasbourgeoise Nadège Adam viendra présenter sa Chamallangue, une création entre musique expérimentale et poésie sonore. Le célèbre duo de DJ Les Mutants ont des oreilles invitera les derniers participants à rêver jusqu’au bout de la nuit au rythme de leur son électronique post punk. 

Tous les spectacles du dimanche sont accessibles gratuitement. Photo : Christophe De Barry / doc remis


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