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« Infiniment petits et infiniment dangereux » : l’Eurométropole débute sa lutte contre les micropolluants

Difficilement détectables et dangereux pour la santé, les micropolluants commencent à intéresser l’Eurométropole de Strasbourg. Un colloque national à Strasbourg doit trouver les moyens pour réduire cette pollution des eaux urbaines, difficile à traiter.

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« Infiniment petits et infiniment dangereux » : l’Eurométropole débute sa lutte contre les micropolluants

Les micropolluants rejetés dans les eaux par les activités humaines, industrielles et agricoles sont un danger de plus en plus manifeste pour la santé publique et l’environnement. L’Eurométropole de Strasbourg se penche sur le problème avec le programme Lumieau, en partenariat avec l’Agence de l’eau Rhin-Meuse et l’Agence française pour la biodiversité. Un colloque national à Strasbourg a fait le point sur ces questions jeudi 3 et vendredi 4 octobre.

Les micropolluants sont partout

D’après la définition du ministère de l’Ecologie, « les micropolluants de l’eau sont des substances minérales ou organiques qui, même à très faibles concentrations, peuvent être toxiques pour l’homme et/ou les écosystèmes. »

Marc Hoeltzel, directeur de l’Agence de l’eau Rhin-Meuse, met en garde contre ce qu’il qualifie « d’infiniment petit et infiniment dangereux. » Le problème principal étant qu’on ne connaît pas encore bien toutes ces substances et que très peu de stations d’épuration françaises sont équipées pour les traiter. À Strasbourg, la station d’épuration gérée par Suez à La Wantzenau, où partent 98% des effluents de la collectivité, ne traite que l’azote et le carbone. Bien que ces procédés éliminent aussi certains micropolluants, une grande partie traverse la station et se disperse dans les rivières, les sols et les nappes phréatiques.

La station d’épuration de la Wantzenau (photo : Airshoot)

Traiter le problème à la source par la prévention

Les pesticides et les produits ménagers font partie des micropolluants les plus connus, mais bien d’autres encore menacent la santé publique et l’environnement. À Strasbourg, les analyses sont encore en cours pour rechercher une centaine de substances nocives dans les eaux usées et cartographier leurs origines.

Maxime Pomies, responsable du projet Lumieau, estime que le plus important est de réduire la production des micropolluants, chez les industriels et les particuliers. Des normes de taux de pollution sont inscrites dans la réglementation, mais seules les grandes entreprises sont régulièrement contrôlées, et l’Agence de l’eau déplore qu’un taux 0 ne soit pas imposé. Quant aux particuliers, la Ville de Strasbourg a édité un guide pour réaliser le ménage domestique à l’aide de produits naturels.

Des solutions restent à trouver

Lancé en 2015, le programme Lumieau a pour objectif d’établir un diagnostic précis des micropolluants et de tester des outils qui permettront de réduire leur présence.

Béatrice Bulou, maire de Mundolsheim et vice-présidente de l’Eurométropole en charge de l’assainissement, se réjouit de deux initiatives locales. La première, le système de nettoyage de camion de Rhénus Logistics, au Port-du-Rhin, économise 600 litres d’eau par lavage grâce au recyclage d’eau de pluie et au remplacement des produits chimiques par du sable. Le système est mis à disposition d’autres entreprises. La deuxième : une machine à nettoyer les pinceaux qui récupère tous les résidus toxiques pour les traiter et recycle son eau, utilisée par des peintres ou des menuisiers.

La pollution des milieux aquatiques (schéma Bordeaux Métropole)
La pollution des milieux aquatiques (schéma Bordeaux Métropole)

Sans aller jusqu’à l’acquisition de machines, des produits de substitutions naturels permettent souvent d’éviter les produits chimiques dans les industries. On peut citer par exemple, dans la coiffure ou les teintures végétales.

Pour faire connaître l’existence et les avantages de ces solutions, l’Eurométropole aimerait s’associer aux principaux organismes de formation de la région et toucher ainsi un public plus large. Des subventions seront proposées par l’Agence de l’eau aux professionnels pour les accompagner dans leurs démarches d’amélioration de leurs pratiques, une partie du coût restant à leur charge.

Le programme Lumieau, dont la phase opérationnelle termine à la fin de 2018, a bénéficié de trois millions d’euros de la part de l’Eurométropole, de l’Agence de l’eau Rhin-Meuse et d’autres partenaires. À l’heure actuelle, aucun budget n’est fixé pour la suite. L’Agence de l’eau a cependant promis de financer une partie des actions prévues.


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